Egypte

Le Caire, confidences

Le Caire, confidences

Anne, Mamdouh, Isabelle : trois spécialistes vous soumettent leur visite cairote préférée. Suivez le guide !

 

Un peuple de défunts arraché aux sables

Les portraits du Fayoum par Anne Dumesnil

Sous les premiers Ptolémées, les migrants venus de toutes les régions du monde grec s’installent au Fayoum dans l’Egypte conquise, les Grecs puis les Romains empruntent à l’art funéraire égyptien et momifient leurs morts pour leur permettre d’accéder à la vie éternelle. Au cours du premier siècle et jusqu’au IVe après J.-C., se développe au Fayoum l’usage de peindre des portraits funéraires sur des planchettes de bois ou sur des toiles de lin. Les colons et administrateurs romains, membres des classes moyennes urbaines - prêtres, soldats, athlètes, etc. –  se font portraitiser, visage de face et regard fixant le peintre. A la mort du modèle, le portrait est disposé dans la tombe, à l’emplacement du visage, entouré des bandelettes de la momie. Le portrait se substitue au masque tridimensionnel égyptien, pour permettre l’identification du défunt par les dieux. 

Oasis du Fayoum

Fotolia

Exhumés en 1888 par l’archéologue anglais W.M. Flinders Petrie, les portraits du Fayoum, qui constituent une synthèse originale d’éléments égyptiens, grecs et romains, sont également les plus anciens portraits peints qui subsistent. Ces images peintes, objets sacrés d’un rite funéraire, n’étaient pas destinées à être vues. Deux mille ans après leur réalisation, on est profondément troublé par ces portraits qui nous donnent le sentiment d’un face-à-face physique avec leurs modèles.On peut découvrir certains de ces portraits au Musée du Caire, et également à Paris, au Département des Antiquités égyptiennes du Musée du Louvre.

 

Un chef d’œuvre de sobriété

La mosquée Ibn Touloum par Isabelle Blardat

Au cœur du Caire islamique, la mosquée édifiée au IXe siècle par le souverain Ibn Touloun est la plus majestueuse de la ville, par ses proportions et sa sobriété : l’harmonie de ses volumes en fait l’un des chef d’œuvre de l’architecture musulmane. Elle est construite autour d’une cour centrale au milieu de laquelle s’élève la fontaine destinée aux ablutions rituelles. Son minaret de pierre est doté d’un escalier hélicoïdal. C’est le seul minaret du Caire qui présente cette forme particulière, évoquant celui de la mosquée irakienne de Samarra. Une double muraille massive la préserve de l’agitation de la ville. Le silence qui y règne et l’élégance presque austère de son architecture en font un espace de recueillement exceptionnel. Que l’on soit croyant, de religion juive, chrétienne, musulmane, agnostique ou athée, on ne peut qu’être saisi par l’atmosphère contemplative des lieux. Vous pouvez aller y passer l’après-midi, pour bouquiner, ou pour simplement profiter de la quiétude de ce lieu hors du temps.

 

 

Des demeures privées devenues musées

Les maisons du Caire islamique par Mamdouh El Tahawy

 

Jouxtant la mosquée Ibn Touloun, le musée Gayer-Anderson, est composé de deux maisons, qui, avec leurs moucharabieh, leurs fontaines et leurs terrasses, constituent des superbes exemples de l’architecture ottomane. L’ancien propriétaire, John Gayer-Anderson, a meublé les lieux d’une belle collection de mobilier islamique, acquise lors de ses voyages dans tout le Moyen-Orient. Dans la rue El-Moezz-Li Din-Allah, la visite de Beit El Sehemy, édifiée en 1689 puis agrandie en  1796, avec ses espaces publics et privés, permet de mieux comprendre les façons de vivre à la période ottomane. Située en face de la mosquée Al Azhar, Beit El Harawy  est une belle maison bourgeoise de style mamelouk bordée d’un jardin paisible, qui a été réhabilitée en centre culturel. Elle diffuse des concerts de musique populaire ou sacrée égyptienne, et accueille des musiciens de l’ensemble du monde arabe.