1
Rejouer Duras sur les traces de l’Amant
Passer devant le lycée Chasseloup-Laubat où le riche Chinois venait attendre la jeune Marguerite Donnadieu. Comme elle, se fondre dans Saigon (aujourd’hui Hô Chi Minh-Ville) à vélo. Se glisser dans le flot ininterrompu de deux-roues déboulant comme une armée de sauterelles dans un tumulte permanent. Enfourcher la liberté pour remonter l’avenue Nguyen Hue, Champs Elysées locaux, faire le tour des temples ou parcourir nez au vent Cholon, le quartier chinois grouillant de vie. Quel frisson… Si l’expérience est réservée aux plus intrépides (ici, la priorité est à tout le monde !), le cyclo-pousse, en version moins trompe-la-mort, est une excellente alternative.
2
A Hanoï, visiter l’Opéra
Réplique du Palais Garnier et symbole de l’ère coloniale française, avant d’aller lorgner la dépouille embaumée de l’Oncle Hô dans son mausolée… Longer le Fleuve Rouge en regardant les pêcheurs à la silhouette triangulaire si caractéristique donnée par leur chapeau conique sur la tête. Puis filer jusqu’à la Baie d’Along. Embarquer sur une jonque aux voiles en ailes de papillon et glisser sur une mer de satin dans le chaos fantasmagorique des 3000 rochers éparpillés dans la mer de Chine. Entrer dans un banc de brume avec la sensation de passer de l’autre côté du miroir…
3
Retrouver le parfum des anciens palaces d’avant-guerre
A Saigon, goûter la nostalgie coloniale du Continental où Lucien Bodard écrivait ses chroniques de guerre, boire un verre à la terrasse du Majestic qui domine la rivière, admirer la façade Art déco du Rex. A Dalat, station thermale où les riches colons tentaient d’échapper aux chaleurs de la mousson (le « Petit Paris » de l’Extrême-Orient), faire un bond en arrière dans le temps en buvant un pastis au bar du Palace qui diffuse toujours les chansons de Frehel et de Dranem « mon Annana, mon Annana, mon Annamite… » . A Hanoï, dormir dans la suite « Chaplin » du Métropole, sol d’acajou et rideaux de soie, où Charlie et Oona fêtèrent leur voyage de noces, puis prendre son petit-déjeuner sous les grands ventilateurs à la table de Graham Greene.
4
Manger un vrai Phò
Bouillon clair, viande de bœuf en lamelles, vermicelles et liserons d’eau. Cette soupe aux mille parfums incarne le Vietnam à elle toute seule. Elle s’avale à longueur de journée au bord du trottoir, sur le coin de toile cirée d’un restaurant de rue. Une fois trouvé sa « c?m bìnhdân » (petite cantine) préférée, on testera d’autres soupes : la Mien luon aux anguilles, la Bún thang aux morceaux de poulet, omelette et crevettes, la Mì avec ses nouilles jaunes…… La cuisine vietnamienne n’est que finesse et légèreté, légumes croquants et sauces salées-sucrées. Elle n’a rien à voir avec ce que nous servent en France certains restaurants « vietnamiens ».
5
Faire une razzia chez les artisans de Hoi Han
A 35 km de Da Nang, la petite ville classée au patrimoine de l’humanité est restée intacte, épargnée par les ans et les guerres. On se croirait entré dans une gravure ancienne. Tomber sous le charme de cette cité asiatique aux tuiles vernissées, aux bâtisses du XVIIe siècle, aux ruelles pavées, ponts japonais et demeures des marchands Chinois. Dans la rue Tran Phu, regarder les ouvriers caresser la laque de leur paume, les brodeuses faire courir à toute allure leur aiguille sur le coton fin. Faire provision de pantalons de mousseline, de céramiques et de ces lanternes de soie multicolores qui, la nuit, illuminent toutes les façades de la ville. Sans oublier les liasses de faux billets à semer sur le chemin pour tromper les mauvais esprits.