Population
4 971 331, en 2024.
Langues officielles
Irlandais (d’abord, aux termes de la Constitution) et anglais.
Langues parlées
90% des Irlandais ont l’anglais pour langue maternelle. Le gaélique irlandais (surtout dans le Gaeltacht, la frange ouest du pays) ne l’étant plus que pour 3,5% d’entre eux. Cet idiome n’en conserve pas moins une valeur culturelle et identitaire importante. Il est notable à cet égard que l’irlandais soit pour pas mal de gens une langue seconde. Néanmoins, on peut considérer que, dans l’ensemble, les Irlandais tiennent à une langue qu’ils ne parlent plus. Et l’écossais d’Ulster concerne moins de monde que le polonais, ou même le philippin. L’Irish English de Dublin est la langue de l’école et des médias.
Peuples
La mythologie, la linguistique et la génétique suggèrent une lointaine origine ibérique des Irlandais. À l’époque historique, des Normands, Gallois, Bretons, Écossais, Flamands, Norvégiens, Danois, Anglais, Français sont venus épicer ce fonds. L’immigration contemporaine fournit des Polonais en nombre significatif – 2,6% des habitants. Lituaniens, Indiens ou Arabes, qui viennent ensuite, ont des effectifs bien moindres. On relève par ailleurs que les États-Unis ont dix fois plus de citoyens d’origine irlandaise que n’en compte l’Irlande-même.
Religions
En République d’Irlande, le catholicisme est un fait religieux et culturel massif. 77% des citoyens s’en réclament. Néanmoins, la pratique s’érode. Et, comme ailleurs, le siècle y introduit un esprit à la carte. Comparée à celle d’autres pays européens, elle reste forte néanmoins. Le catholicisme romain demeure en tout état de cause un repère identitaire fort. On peut relever un schéma un peu similaire à celui qui sous-tend le statut du gaélique : attachement et fléchissement de l’usage. L’agnosticisme se développe et les autres confessions chrétiennes ont des effectifs limités. L’immigration introduit dans ce contexte des doses encore modestes de fois nouvelles ; islam ou hindouisme, par exemple.
En Irlande du Nord, le conflit a identifié adhésion religieuse et option politique, modelant une situation de départ moins tranchée. Quoi qu’il en soit de l’idéologie, catholiques et protestants (anglicans, presbytériens, méthodistes) représenteraient, les uns et les autres, autour de 40% de la population.
Fête nationale
17 mars : saint Patrick.
Calendrier des fêtes
1er janvier : jour de l’an.
17 mars : saint Patrick.
Mars / avril : Pâques – de vendredi saint à lundi.
Premier lundi de mai : May Day.
Dernier lundi de mai : Spring Bank Holiday (Irlande du Nord).
Premier lundi de juin : June Holiday (République d’Irlande).
12 juillet : anniversaire de la bataille de la Boyne (Irlande du Nord).
Premier lundi d’août : August Holiday / August Bank Holiday.
Dernier lundi d’août : Summer Bank Holiday (Irlande du Nord).
Dernier lundi d’octobre : October Holiday (République d’Irlande).
25 décembre : Noël.
26 décembre : saint Etienne.
Politique
La constitution d’inspiration libérale qui règle la vie politique et institutionnelle de la République d’Irlande date de 1937. Le président est élu au suffrage universel pour un septennat renouvelable une fois. Sa fonction est essentiellement représentative. Le pouvoir législatif est détenu par un parlement à deux chambres, l’assemblée, Dail Éireann (160 députés, élus pour un mandat de cinq ans) et le sénat, Seanad Éireann (60 sénateurs, nommés ou élus pour un mandat de cinq ans). Si le rôle du second est surtout consultatif, l’assemblée a une capacité législative forte. Elle élit le Taoiseach, le premier ministre. Lequel est dès lors nommé par le président et forme le gouvernement – qui doit être approuvé par le Dail. Le pouvoir judiciaire (common law) est composé, au titre de la constitution, de la High Court, de la Court of Appeal et de la Supreme Court (contrôle juridictionnel et contrôle de constitutionnalité). Sous celles-ci se trouvent les Circuit et District Courts.
Irlande du Nord. Lorsque les choses fonctionnent convenablement, le Secretary of State for Northern Ireland – membre du gouvernement britannique – a pour fonction de représenter les intérêts de celle-ci dans le cabinet du Royaume-Uni. En cas de crise, il peut être appelé à administrer directement le pays constitutif. L’Assemblée d’Irlande du Nord est à 90 députés élus pour cinq ans. Ses domaines de compétence sont locaux et n’empiètent pas sur ceux du Parlement du Royaume-Uni : constitution, défense nationale, relations internationales, etc. En outre, l’Irlande du Nord envoie 18 députés à la Chambre des communes du Royaume-Uni. Le premier ministre et son vice-ministre doivent recueillir ensemble la confiance de l’Assemblée (dont le gouvernement reflète les tendances). Le système judiciaire est celui du royaume.
Histoire
Du VIIe siècle avant J.-C. au Ve après, l’Irlande est un poste avancé de l’importante civilisation celtique. La société est divisée en clans et présente la tripartition identifiée par G. Dumézil : sacerdotes (druides, bardes filid, devins guérisseurs) ; guerriers ; paysans. Un Haut Roi finira par coiffer tout cela. Au 1er siècle de notre ère, les Romains entrent en Grande-Bretagne, mais pas en Hibernie, ainsi qu’ils appelaient l’actuelle Irlande. Pour les Romains, les Gaëls hiberniens sont des artistes : orfèvres, émailleurs, joaillers, etc. Et des commerçants.
La christianisation de l’Irlande commence au Ve siècle. Et saint Patrick / Padraig en est le héros. Un halo légendaire entoure cette période, mais il semble que l’adoption de la religion nouvelle se soit faite sans violence. Le christianisme irlandais adapte des éléments celtes et s’ajuste aux formes sociales reçues. Il prend aussi une forme monachique – fondation des monastères de Clonard et Bangor au VIe siècle – et missionnaire. De ce mouvement qui ira jusqu’en Franconie, saint Colomba, VIe siècle, l’évangélisateur de l’Écosse, est une figure remarquable. En retour, sous l’impulsion du pape Grégoire le Grand, la hiérarchie à la romaine est progressivement introduite en Irlande. Le Livre de Kells, manuscrit enluminé du IXe siècle, montre une culture chrétienne héritière des traditions artistiques celtes. L’Église a offert à la virtuosité celtique l’occasion d’une conversion et un nouvel espace d’expression. C’est alors que les drakkars apparaissent. Les Vikings pillent puis s’assimilent. Ils créent quelques principautés durables : Dublin, Limerick. Les monastères irlandais, ébranlés, n’en continuent pas moins à former des intellectuels de haut vol, comme Jean Scot Érigène, philosophe de Charles le Chauve. Portés par leur dynamisme paneuropéen, les cisterciens s’installent en Irlande. Au XIIe siècle, Rome souhaite imposer la réforme grégorienne au particularisme irlandais.
Un pape anglais, Adrien V, autorise Henri II d’Angleterre et les Normands à mener des opérations en Irlande. Actions et réactions se succèdent à partir de 1169. Divisés, surclassés par les armes normandes, les Irlandais perdent pied. Le Plantagenêt se substitue au Haut Roi traditionnel ; les anciens royaumes entrent dans l’ordre anglais. Un parlement d’Irlande est mis en place. Qui peine à faire respecter la suzeraineté et le droit du vainqueur. Les Irlandais sont battus, mais ils ne suivent pas. Pire, les anglo-irlandais rejoignent les Gaëls dans la contestation. Les XIVe et XVe siècles voient l’Irlande résister avec succès aux mesures répressives et assimilatrices anglaises. Avec Edouard Bruce, la guerre entre l’Écosse et l’Angleterre s’invite en Irlande. Au cours de la seconde décennie du XIVe siècle, son équipée dévaste le pays autant que la grande famine. La peste noire frappe à son tour. Le XVe siècle est à l’avenant.
À la suite de la révolte manquée de Silken Thomas FitzGerald, comte de Kildare, Lord Deputy d’Irlande, contre Henri VIII Tudor, le parlement proclame celui-ci roi d’Irlande en 1541. La deuxième conquête de l’Irlande commence. Elle va durer soixante ans – en 1607, la fuite des comtes prive les Irlandais de leurs principaux chefs – introduire la réforme anglicane dans le pays (en dépit des efforts espagnols), le système colonial des plantations et détruire en partie la vieille société. Les monastères sont expropriés et démantelés. Les plantations, attribution de terres irlandaises à des colons de Grande-Bretagne par la couronne, ont leur maximum en 1641 : plus de 120 000 colons débarquent en Irlande. Ce qui déclenche une révolte nobiliaire, bientôt mutée en affrontements communautaires. Il en résulte la formation d’une Confédération irlandaise, rassemblement de réalistes insulaires. Le XVIIe siècle est tumultueux en Grande-Bretagne : période des guerres des Trois Royaumes. Pendant la 1ère Révolution anglaise, la Confédération penche pour le roi Stuart, Charles 1er d’Angleterre. Lequel est battu par son Parlement. Et décapité. Ce qui vaut à l’Irlande en 1649 le débarquement d’Olivier Cromwell et des Ironsides. Ils font place nette en massacrant à tour de bras. En 1653, l’Irlande est incluse au régime de Protectorat. Nouvelles vexations pour les rescapés catholiques. Émigration importante. Immigration britannique, spécialement dans le nord-est. 1688, le roi Stuart catholique Jacques II est détrôné par la Glorieuse Révolution anglaise. Il trouve des partisans en Irlande, mais il est battu à la bataille de la Boyne. Les Jacobites irlandais émigrent nombreux, en France notamment : cour jacobite de Saint Germain en Laye, Irlandais de Nantes.
Pendant le premier XVIIIe siècle, l’Angleterre utilise tous les moyens en son pouvoir pour assujettir les Irlandais catholiques. En 1740-41, la première grande famine a pour origine un hiver particulièrement rigoureux. Le Petit Age glaciaire lui-même se met contre les Gaëls. Les radicaux s’organisent en sociétés secrètes. Les indépendantistes en appellent à la France. La fin du siècle est marquée par plusieurs interventions de celle-ci. Les rebelles connaissent quelques succès et fondent en 1798 une République de Connaught, qui dure huit jours, entre la bataille de Castlebar et celle de Ballinamuck. Néanmoins, en 1800, les actes d’Union donnent naissance au Royaume-Uni de Grande-Bretagne et d’Irlande. Les société secrètes poursuivent leurs activités sur fond de conflit agraire. Le XIXe siècle est marqué par une diminution de la population de près de moitié : grande famine, de 1846 à 1848, et émigration massive. Daniel O’Connell, qui promeut un patriotisme non violent et moins ajusté au clivage confessionnel (abrogation de la législation anticatholique et protestantisme irlandais), est la personnalité politique dominant cette époque. Les membres de Jeune Irlande marchent à sa suite, d’un pas un peu plus raide. Élisabeth d’Autriche vient chasser le renard. Après un épisode d’atonie lié à la saignée démographique, l’indépendantisme reprend des forces. À la suite de troubles prolongés, des réformes agraires rendent une marge de manœuvre aux campagnes catholiques. En 1905, le parti nationaliste Sinn Féin est fondé à Dublin. En 1912, le Home Rule, qui envisage une autonomie Irlandaise dans le cadre du Royaume-Uni est une occasion manquée. La 1ère Guerre mondiale se met en travers et, au fond, il ne satisfait ni les nationalistes, ni les unionistes.
C’est aussi qu’en 1916 le Sinn Féin, l’Irish Republican Bortherhood et l’Irish Citizen Army mènent l’insurrection dublinoise de Pâques. La République est proclamée et canonnée. Les leaders insurgés sont exécutés. Deux ans plus tard, le Sinn Féin remporte les élections et convoque un parlement, le Dail Eireann, qui proclame derechef l’indépendance. Peine perdue. Et guerre d’indépendance dont l’IRA, Irish Republican Army, est le fer de lance. En décembre 1921, des négociations aboutissent au traité de Londres, qui crée l’Irish Free State mais conserve à la Grande-Bretagne six comtés d’Ulster. Guerre civile entre partisans de et opposants à ce compromis. En 1923, les premiers l’emportent dans la douleur. La guerre fratricide laisse une longue trace dans la vie politique du pays. 1933, l’opposant Éamon de Valera devient président du conseil. Il formalise l’indépendance – traité de 1938 avec le Royaume-Uni – et tient le pays à l’écart de la 2nde Guerre mondiale.
Le 18 avril 1949, la République d’Irlande est proclamée. Elle quitte le Commonwealth. Son économie reste néanmoins arrimée à celle de la Grande-Bretagne. C’est à la remorque de celle-ci que l’Irlande intègrera la CEE. Laquelle lui permet un spectaculaire décollage dans les années 1980 et 90. Le Tigre celtique sert même de modèle aux pays d’Europe centrale tout juste sortis du socialisme soviétique. La société prend un tournant libéral.
L’Irlande du Nord – les comtés d’Antrim, Armagh, Derry, Down, Fermanagh et Tyrone – est donc demeurée dans le giron de la Grande-Bretagne. Une politique de ségrégation (confessionnelle à visée politique) est menée, au profit des unionistes. De 1966 à 1991, les Troubles, le conflit nord-irlandais, connaissent plusieurs phases. L’IRA provisoire, émanation de celle de la guerre d’indépendance, est le principal de la force de frappe des indépendantistes. L’Irish National Libération Army, par exemple, est un autre groupe armé républicain. Les loyalistes ne sont pas en reste de violence. Londres pilote l’armée et la police. Le Bloody Sunday de Londonderry, le 30 janvier 1972, ou le dirty protest des prisonniers de 1978, les grèves de la faim de 1980 et 81 ont attiré l’attention internationale sur l’Irlande du Nord. Nonobstant, en dépit de l’espèce d’identité de conflit qui s’installe, organisations et personnalités cherchent une porte de sortie. Un processus de paix s’enclenche. Qui aboutit à l’accord du Vendredi Saint du 10 avril 1998, signé par Tony Blair et Bertie Ahern, premier ministre d’Irlande, avalisé par le leader unioniste David Trimble, le social-démocrate John Hume et le président du Sinn Féin, Gerry Adams. Les catholiques sont associés au gouvernement de l’Irlande du Nord. Trimble et Hume y gagnent le prix Nobel de la paix.
Bien entendu, on ne sort pas comme ça d’une période aussi dure et il y a encore soubresauts violents et coups d’arrêt. Néanmoins, en 2007, Ian Paisley, du Democratic Unionist Party, est premier ministre d’Irlande du Nord. Et Martin McGuinness, du Sinn Féin, vice-premier ministre. Le Brexit va raviver les tensions pour des raisons non plus tant politico-confessionnelles qu’économiques. La situation n’est pas celle des années 1920, l’économie nord-irlandaise dépend désormais pour une part déterminante d’échanges avec la République d’Irlande. La majorité des suffrages est défavorable à la sortie de l’Union Européenne. En vain. Le Sinn Féin appelle alors à un référendum sur l’unification.
Personnalités
James Joyce, 1882-1941. On aurait pu choisir Jonathan Swift (Gulliver’s Travels), Oscar Wilde (The Picture of Dorian Gray), Bram Stoker (Dracula), William Butler Yeats (The Tower), Samuel Beckett (En attendant Godot), mais James Joyce (Dubliners, Ulysses, Finnegans Wake) a identifié sans retour Irlande et littérature.
Rory Gallagher, 1948-1995. Ce qui différencie Rory Gallagher de ses pairs guitaristes blues rock, c’est la précision mais, surtout, l’Irlande. Car à bien l’écouter, c’est de la musique traditionnelle irlandaise qu’on entend en filigrane de son jeu. L’album Irish Tour 74, enregistré à Cork, Dublin et Belfast, restitue la ferveur que suscitait alors ses concerts.
Jonathan Sexton, né en 1985. Le fighting spirit irlandais a bien des champs d’expression, mais sans doute il ne réalise pas ailleurs la charge épique que permet le terrain de rugby (spécialement celui de l’Aviva Stadium, héritier du légendaire Lansdowne Road Stadium). Et le demi d’ouverture et buteur du Leinster est un prince de la pelouse.
John Ford, 1894-1973. L’apport des Irlandais à la mythologie américaine est passé par (entre autres) un fils d’immigrants de Galway et Aran, les Feeney. Et par le cinéma. John Ford – de son nom de caméra – est un monument de la période classique d’Hollywood et nul n’a comme lui restitué la grandeur épique (et les travers) de la conquête de l’Ouest.
James Larkin, 1876-1947. Le leader du Dublin Lockout de 1913 est une figure encore chère aux habitants de la capitale irlandaise. Sans doute moins comme fondateur de l’Irish Transport and General Worker’s Union, de l’Irish Labour Party et de la Worker’s Union of Ireland, que comme défenseur d’un peuple de déshérités appelé à prendre son destin en main.
Constance Markievicz, 1868-1927. Comme toute fille de la haute société qui se respecte, la comtesse Markievicz, née Gore-Both, peignait joliment. Elle en avait un petit succès. Toutefois, en 1908, elle adhère au Sinn Féin, nourrit les enfants pauvres lors du lockout de 1913, prend les armes pendant l’insurrection de Pâques 1916, passe par la case prison, est élue députée du Dail Éireann, est nommée ministre du travail d’Éamon de Valera. Bref, la peintre était une héroïne.
Sinéad O’Connor, 1966-2023. Parfois, et ce fut assez le cas pour Sinéad O’Connor, il n’y a pas beaucoup d’espace entre la personne privée et le personnage public. Le yoyo entre les deux peut être électrique. En ceci, la musicienne était aux avant-postes d’une époque et de ses troubles. On n’oubliera pas pour cela l’auteur-compositeur qu’elle a été.
Anne Bonny, première moitié du XVIIIe siècle. On n’a pas un acte de naissance comme les autres quand on est pirate. Et Anne Bonny fut une pirate. Née à Cork dans des conditions obscures, elle est ensuite emmenée en Caroline du Sud. De mauvaise fréquentation en mauvaise fréquentation, elle se retrouve à marauder autour de la Jamaïque avec Calico Jack et Mary Read. Elle disparaît sans laisser de trace en 1721. Une légende.
Aoibhinn Ni Shuilleabhain, née en 1983, est une personne connue. Et pour de bonnes raisons. Elle a été la première Rose of Tralee originaire du comté de Mayo. Après une solide formation (docteur en physique théorique), elle anime des émissions télévisées de vulgarisation scientifique très suivies. Elle intervient aussi dans les domaines de la musique traditionnelle, du lifestyle et du tourisme. L’Irlande d’aujourd’hui.
Alice Reeves, 1874-1955. Undoubtedly one of the greatest nurses Ireland has ever produced, pour citer un chirurgien qui l’a connue. Alice Reeves fit l’essentiel de sa carrière au Dr Steevens’ Hospital de Dublin. Elle a activement contribué à la réforme et à la modernisation de la formation des infirmières. Le Covid ayant rappelé l’importance de cette profession, on ne s’étonnera pas de la voir figurer ici.
Savoir-vivre
Le pourboire est à l’appréciation des clients. Pour toute personne intervenant dans le cadre des prestations achetées par notre intermédiaire, il ne se substitue jamais à un salaire. Néanmoins, il est d’usage un peu partout dans le monde de verser un pourboire lorsqu’on a été satisfait du service.
Pour les chauffeurs, nous vous conseillons, au minimum, l’équivalent de 10 euros par jour et par personne. Le double pour les guides.
En ce qui concerne le personnel local – serveurs, porteurs, etc. – les usages varient. Le mieux est d’aligner votre pourboire sur le prix d’une bière, par exemple, ou d’un thé, d’un paquet de cigarettes. Il vous donne un aperçu du niveau de vie et vous permet, comme vous le faites naturellement chez vous, d’estimer un montant.
On dîne tôt, vers 19h. Après 20h30, il est difficile de trouver un restaurant ouvert. Au restaurant, on laisse un pourboire de l’ordre de 10 % du montant de l’addition, quand le service est de qualité. Le pub grub, petits plats servis dans les pubs, est en général d’un très bon rapport qualité / prix. À noter : au pub, on passe commande et on est servi au comptoir ; on paie à la commande.
Cuisine
Pour commencer la section (et la journée), composition du full Irish breakfast. On y trouve, pour accompagner le thé, rien moins que black et white pudding, bacon, saucisses de Clonakilty, œufs, haricots blancs à la sauce tomate, champignons, boxty (galette de pomme de terre). L’équivalent nord-irlandais, l’Ulster fry, ajoutant du soda farl, pain au bicarbonate. En tout cas, de quoi aller loin dans la journée.
Ensuite, la cuisine irlandaise classique est simple et roborative. L’Irish stew – agneau et pommes de terre – est emblématique. Le coddle l’est aussi, de la cuisine populaire dublinoise. On y trouve des pommes de terre, de la saucisse, des oignons et du bacon. Corned beef and cabbage, le corned-beef au chou, a quelque chose à voir avec les voyages transatlantiques. Le délicieux agneau du Kerry est volontiers braisé. La tourte au poulet et poireau se rencontre aussi bien sur les tables familiales qu’au pub. Tout aussi classique, colcannon est une purée au chou.
Les kippers et le saumon fumé sont deux spécialités irlandaises. Les fruits de mer sont excellents : oysters, moules, crabes, langoustines, etc. En général, ils se mangent cuisinés. Le brochet abonde, mais les Irlandais ne s’intéressent pas aux poissons d’eau douce.
Cashel blue, milleens, gubbeen, ballyoak, la fromagerie irlandaise est créative.
Quant aux pâtisseries, de la tarte à la myrtille au porter cake et de l’Irish tea brack au plum pudding, il y a de quoi faire !
Aujourd’hui, de nombreux chefs, formés au métier sur les meilleurs pianos, définissent une nouvelle gastronomie irlandaise. En partant d’ingrédients terre et mer de haute qualité. Il y a désormais d’excellentes tables à travers tout le pays. L’Irlande prend sa place au banquet des nations.
Street food et pub grub : en Irlande aujourd’hui, la cuisine de rue a un caractère international marqué. Stands, édicules, food trucks proposent des préparations inspirées par les quatre vents et réalisées à partir des disponibilités locales. Fish and chips ou seafood chowder semblent relever d’une logique de situation ; les produits frais de la mer n’ont cependant gagné que récemment les comptoirs irlandais. Les crubeens, pieds de cochon, ou bangers and mash, saucisses et purée, les pasties, chaussons, sont bien plus tradi.
Boissons
Revue de détail afin de n’être pas perdu au pied du comptoir. Pour le thé, les Irlandais l’aiment indien, nature et fort, accompagné d’un pot de lait, de biscuits ou de gâteaux, comme, par exemple, le très traditionnel tea brack. Quant à la bière, elle se consomme elle aussi en grande quantité. Les stouts sont des bières épaisses, sombres et crémeuses, à la bulle fine (qui, notons cette remarquable particularité, descend vers le fond du verre). Servir une stout est un métier. Un moyen de vérifier que la vôtre est bien tirée : inscrivez vos initiales sur la mousse quand on vous la donne, si elles sont toujours visibles lorsque vous avez terminé votre pinte, le serveur est un bon (s’il a dessiné lui-même un trèfle sur la mousse, c’est qu’il est sûr de lui). Les principales stouts sont Guinness, mais aussi Murphy’s et Beamish, toutes deux brassées à Cork. L’ale est une cousine rousse (et parfois blonde) de la stout, aux caractéristiques techniques similaires, mais moins dense et charnue, proche des bières anglaises. Dans cette catégorie, Smithwick’s, brassée à Dublin. Les lagers ou pils sont peu prisées. Ces blondes sont du ressort des Allemands et des Tchèques, pas vraiment la tasse de houblon des Irlandais (même si Guinness en brasse une, Harp). Quel que soit le type de bière auquel vous sacrifiez, la dose ordinaire est de 56,8 cl, soit une pinte. Pour revenir à des standards français, il faudrait demander half pint ou a glass. Ce qui suscitera sans doute un peu de commisération.
D’aucuns prétendent que le whiskey irlandais est supérieur au whisky écossais. On n’entrera pas dans un débat qu’alimentent chauvinisme et parts de marché. Par contre, puisqu’on y est, on essaie la version proposée par les Irlandais. Et on la trouve généralement flatteuse.
Enfin, le cidre a ici une longue histoire, qui a cependant connu des hauts et des bas. Aujourd’hui, la société Bulmers contrôle l’essentiel du marché. Ce qui n’empêche pas des cidreries indépendantes de produire du craft cider, comme d’autres font de la craft beer.