Iles

Les Caraïbes d’île en île

Les Caraïbes d’île en île

Repaires de pirates ou derniers bastions coloniaux, confettis de terre ou île-pays, parler « des » Caraïbes n’a pas trop de sens. Car sous ce nom générique coexistent une multitude de territoires aux histoires et atmosphères singulières. Certes, la plage et les plaisirs balnéaires y occupent toujours une place de choix – on est tout de même à la croisée de la mer des Caraïbes et de l’Atlantique – mais le verso de la carte postale peut s’écrire de mille manières…

 

  1. Iles Vierges Britanniques
  2. Sainte-Lucie
  3. Antigua
  4. Saint-Martin
  5. Jamaïque
  6. Martinique
  7. Turks-et-Caïcos
  8. Bahamas
  9. Cuba

1

Iles Vierges Britanniques

Exubérantes

La virginité des Iles Vierges Britanniques est toute relative. Nommées ainsi par un Christophe Colomb déçu de ne pas y avoir trouvé d’or, elles recèlent pourtant mille richesses qui valent bien quelques lingots. A l’instar des tribus, qui se trouvaient là avant l’arrivée des colons, d’une nature complètement intacte et d’une faune épanouie aux couleurs pastel : flamants roses et hérons bleus. Les pirates, eux, ne s’y sont pas trompés et venaient aux Iles Vierges trouver un peu de repos entre deux forfaits. On ne doute pas qu’ils profitaient alors, comme nous, des forêts labyrinthiques de Tortola, des mangroves de Beef Island ou des piscines naturelles de Virgin Gorda. Chanceux, nous avons aujourd’hui le matériel nécessaire pour observer les sublimes fonds marins d’Anegada, l’engloutie, île au ras de l’eau culminant à huit petits mètres. Un peu à l’écart, l’île-hôtel de Guana Island offre un refuge d’exclusivité, de quiétude et de luxe discret aux quelques privilégiés qui viennent fouler son sable.

Bateau dans les Iles Vierges Britanniques

Andreas HUB/LAIF-REA

2

Sainte-Lucie

Festive

A les regarder d’en haut, les Antilles semblent faire la queue leu leu entre mer des Caraïbes et océan Atlantique. Entre la Martinique et Saint-Vincent, Sainte-Lucie n’est jamais la dernière pour faire la fête. Au nord, surtout. A Gros Islet et Castries, dont les rues aux maisons coloniales colorées s’emplissent chaque année de notes de jazz à l’occasion du festival. Mêlant locaux et visiteurs en goguette, le marché de la capitale est un petit condensé d’île, une joyeuse pagaille faite d’épices, de rhums, de fruits et d’éclats de voix enjoués qui, le soir, résonnent autour d’un rituel barbecue de poisson. Le reste de l’île est une ode à la nature, nourricière. Manguiers, plantations de cacaotiers et forêt tropicale dense courent à perte de vue jusqu’aux Petit et Gros Piton, jumeaux emblématiques baignés par une eau turquoise.

 

plage à Sainte Lucie

rjlerich/Getty Images/iStockphoto

3

Antigua

Esthétique

La réputation d’Antigua lui colle à la peau, un peu comme les grains de sable que l’on garde sur soi plusieurs jours après un retour de voyage. On la dit hybride de culture, à cheval entre énergie créole et chic anglais. Cela s’exprime au quotidien par un savant mélange de carnaval de chars bigarrés, cases de bois aux couleurs douces, vieux pubs, régates enthousiastes et matchs de cricket. D’aucuns affirment qu’Antigua abrite certaines des plus belles plages du monde, et qu’elle en aurait une pour chaque jour de l’année. Peu adeptes des commérages, on vérifie tout cela sans trop de difficulté, au rythme des steel bands de Shirley Heights ou du bal sourd des tortues et requins qui nous accompagnent sous l’eau.

piloti à Antigua

Michael Utech/Getty Images/iStockphoto

4

Saint-Martin

Amicale

En plein cœur des Antilles, léchée par le tonique Atlantique et la paisible mer des Caraïbes, Saint-Martin joue la dualité. Mi-Française, mi-Hollandaise, la « friendly island » est aussi partagée entre collines et plages, entre transats et nature préservée. De cette nature, l’adorable île Tintamarre s’est faite l’ambassadrice. Ile inhabitée par l’Homme, elle partage avec le visiteur sa vie sous-marine foisonnante. Partout, de la grande plage de Happy Bay aux superbes fonds marins de Creole Rock, la magie insulaire opère, aidée des meilleurs ingrédients : un soleil toujours au rendez-vous, un sable d’une douceur rare et une atmosphère de détente permanente. On se régale à Grand-Case, capitale gastronomique inattendue, et l’on recharge les batteries, sous l’auspice des mornes, qui n’ont de morne que le nom.

mer à Saint-Martin

Michael Amme/LAIF-REA

5

Jamaïque

Mélomane

Si l’on devait attribuer à chaque île des Caraïbes une muse, celle de la Jamaïque serait assurément Euterpe. Car il semble ardu, voire impossible, de dissocier ce grand pays insulaire de sa créativité musicale. Le visiter est d’ailleurs l’occasion rêvée de remonter aux sources du reggae, dans le quartier de Downtown à Kingston, ou sur Orange Street où s’égrènent les boutiques de vinyles. On trouve un autre rythme dans les Blue Mountains, celui des communautés rastas qui, au milieu des caféiers, appliquent encore les principes fondateurs du mouvement. Juché sur un radeau de bambou, on glisse pianissimo sur le Rio Grande jusqu’à l’ancien port bananier de Port Antonio. Pause sur les plages de Seven Mile et Treasure Beach, avant de repartir fortissimo jusqu’aux eaux translucides du Blue Lagoon, rendu célèbre par le film éponyme.

homme à la plage en Jamaïque

Yuan Zhang/Getty Images/iStockphoto

6

Martinique

Chaleureuse

Comme elle est loin l’époque où Fort-de-France jouait sur cette belle île un rôle purement défensif. Pas si lointaine en revanche, celle où Saint-Pierre était détruite par la terrible éruption de la montagne Pelée. Heureusement, certaines choses sont immuables : l’effet du zouk sur le moral, la douceur du sable sur les plages de Madame, Petit Macabou, Baie Coco ou Diamant, les arômes subtils du rhum d’ici, le vert des forêts denses qui montent jusqu’aux montagnes, le rouge vif des héliconias, l’arc-en-ciel des orchidées que l’on retrouve au jardin de Bonneville. Ici et là, on parle français ou créole ; quelle que soit la langue, la bonne humeur antillaise est la même sur les marchés où la tentation est forte – accras et chiquetaille de morue, poulet boucané, christophines et colombo... On y succombe pourtant, tout curieux que l’on est de goûter à cette culture ensoleillée.

 

Plage de Martinique

Jérôme Galland

7

Turks-et-Caïcos

Secrètes

Derrière ce diptyque aux sonorités lointaines se cachent des confettis de terre aux richesses étonnamment intactes, réparties en deux archipels : les Turks et les Caïcos, donc. Trente îles en tout se partagent sable blanc, cocotiers et eaux turquoise. Or, ces paysages de carte postale ne constituent que la partie immergée d’un iceberg de découvertes. Le reste se situe sous la surface de la mer : poissons multicolores, épaves de pirates, bateaux échoués… Des trésors insoupçonnés qui ne demandent qu’à être explorés, à l’image des Conch Bar Caves, de somptueuses cavernes formées par l’érosion de calcaire sur les Middle Caicos. Voir tout cela donne l’impression de détenir un secret.

plage de Turks-et-Caïcos

Peter Frank Edwards/REDUX-REA

8

Bahamas

Idylliques

Lorsque l’on se trouve face aux œuvres de la National Art Gallery, à Pompey Square ou devant le Palais du Gouverneur à Nassau, on peine à croire que les Bahamas étaient autrefois un repaire de pirates et autres flibustiers. Difficile également de comprendre qu’après sa traversée de l’Atlantique, Christophe Colomb jeta ici la première ancre, mais ne souhaita pas y rester. Car ces 700 îles entourées d’eaux basses – « baja mar » – ont tout de même un petit goût de bonheur. La mer y est transparente et bouleversante de vie, les paysages photogéniques à souhait et, alors que l’on croyait avoir tout vu, les Bahamas nous réservent des surprises. Des îles trop petites pour figurer sur les cartes, des plages de sable rose comme celle d’Harbour Island, des spots de plongée profonds de plusieurs centaines de mètres ressemblant à des cratères sous-marins, ou encore des cochons qui nagent avec les poissons, à Exuma. Avec, pour bande originale, le joyeux tohu-bohu d’une fanfare sonnant l’arrivée du ferry.

 

plage des Bahamas

Faustine Poidevin

9

Cuba

Légendaire

Mythique, envoûtante et déroutante à la fois, il n’y en a pas deux comme Cuba. Mue par la fougue unique de ses habitants, elle insuffle instantanément au voyageur une énergie positive dont il ne se défera jamais complètement. Certes, tout n’est pas rose, mais on trouve dans la décadence des façades de La Havane un charme sans pareil. C’est que la capitale confirme quelques clichés de carte postale : grosses voitures américaines aux moteurs ronflants, façades pastel dans la Habana Vieja, patinées par le temps, maisons baroques, immeubles Art déco, ruelles sinueuses, danseurs de salsas et mojitos bien frappés. Tentés de s’arrêter à ce musée à ciel ouvert, on va de surprise en surprise dans le reste de l’île. La secrète Baracoa et ses paysages verdoyants, les surprenants mogotes et les feuilles de tabac de la vallée de Viñales, les plages et les mangroves des cayos intimistes, Punta Jagua et ses pêcheurs, gardiens des traditions, les ruelles pittoresques de Trinidad... Déroutant, envoûtant, mythique.

Rues à la Havane

Olivier Romano

 

Par

ELEONORE DUBOIS

 

Photographie de couverture

OLIVIER ROMANO