L’archipel des sept sœurs espagnoles a autant à voir avec la mère patrie qu’avec l’Afrique du Nord, toute proche. Et si la question de la saisonnalité se pose peu – il y fait bon toute l’année – reste à répondre à ce difficile dilemme : quelle île des Canaries choisir ? Aussi distinctes que familières, les îles présentent chacune des atouts que l’on couplera volontiers d’un coup de bateau. Selon que vos centres d’intérêts vous poussent vers la plongée, la randonnée, le farniente, l’observation des étoiles ou l’exploration géologique, tout vous sera possible lors d’un voyage aux Canaries.
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Lanzarote
Il n’y a guère que le Roque del Este, caillou inhabité et inhospitalier, pour contester à Lanzarote son statut de territoire canarien le plus oriental de l’archipel. Moins de 130 km séparent l’île du sud du Maroc. Un saut de puce, même 2 000 ans en arrière, à l’époque du premier peuplement par les Guanche, des Berbères venus d’Afrique du Nord. Les origines géologiques de Lanzarote sont bien plus anciennes, comme l’atteste aujourd’hui encore l’activité volcanique de l’île. De ces mouvements magmatiques est né un paysage martien d’une grande beauté minérale, qui se découvre notamment en parcourant le Parque Nacional de Timanfaya. Si les volcans fascinent géologues et néophytes, Lanzarote a plus d’un tour dans son sac pour captiver le voyageur. Prenez La Geria par exemple, ses cônes artificiels de pierre volcanique où poussent une vigne devenant un excellent vin. Rendez-vous côté plages aussi – Papagayo, las Conchas, Quemada – pour profiter en famille d’un climat doux et de courants faibles. Ne passez pas non plus à côté du patrimoine hérité de César Manrique, artiste local et visionnaire qui consacra son œuvre de génie à sauvegarder la culture de l’île tout en la magnifiant par une architecture qui fait encore référence.
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Tenerife
Quelle île des Canaries choisir quand on veut facilement et rapidement en capter l’essence ? Tenerife, lovée entre Gran Canaria et La Gomera, semble toute désignée. La plus vaste île de l’archipel est aussi la plus haute, et toise toute l’Espagne du haut des 3 715 mètres du Teide, un stratovolcan encore actif malgré son siècle de silence. Il est d’ailleurs protégé par un parc national élevé au rang de patrimoine mondial. Une vraie célébrité. Épicentre économique et touristique des Canaries, Tenerife accueille la majorité de ses visiteurs le long d’un littoral parfois quelque peu congestionné. Comme souvent, un pas de côté permet de s’écarter de la foule et de profiter au mieux des attraits locaux. Les plages, par exemple, sont autant animées et vivantes qu’elles peuvent être calmes et esseulées. Il n’y a qu’à choisir son camp, selon son humeur. Le mieux est encore de s’éloigner du rivage. Par la mer d’abord, en embarquant à la journée pour voir l’île depuis le large et côtoyer les dauphins qui peuplent ses eaux. Par la terre ensuite, le long des sentiers qui ont de quoi séduire tous les randonneurs, des plus téméraires sur les pentes du Teide aux moins sportifs au fil des villages typiques ou des plantations de bananes.
Alex Salcedo / Adobe Stock
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Fuerteventura
Incarnée par une langue de terre qui s’étire du nord au sud sur la partie est de l’archipel, Fuerteventura est l’île la plus proche du continent africain. Elle est aussi et surtout la terre promise du tourisme balnéaire qui trouve ici un écrin de plages fantastiques. 150 km, pour être précis. Et, côté température, 22°C en moyenne à l’année pour en profiter. Autant de sable pour simplement profiter du soleil, pour s’adonner à la baignade en des eaux limpides ou préférer la plongée, le snorkeling comme le kite-surf. Du sable, il en est pas mal question le long des dunes de Corralejo, petit Sahara atlantique de 2 600 hectares et d’un impressionnant esthétisme courbé. Des mots qui collent parfaitement à la péninsule de Jandia, classée parc naturel, où règne sa majesté la playa de Cofete. Vététistes, votre royaume sera celui des chemins et sentiers menant aux villages blancs et pittoresques de l’arrière-pays, comme Betancuria.
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La Gomera
Plus confidentielle que ses voisines Fuerteventura et Tenerife, La Gomera joue la carte de la tranquillité. Peu de plages ici, ni foules balnéaires ni vendeurs ambulants. Aussi, quand vous trouvez du sable, il y règne une atmosphère de calme assez miraculeuse. Mais l’essentiel est ailleurs, dans l’arrière-pays. Le centre de La Gomera est consacré au parc national de Garajonay, lui-même consacré par l’Unesco depuis 1986. La reconnaissance d’un patrimoine naturel exceptionnel qui fait d’ailleurs de l’île une réserve de biosphère. L’autre patrimoine de l’île est immatériel. Le Silbo, un exotique langage sifflé, est encore enseigné sur les bancs de l’école insulaire. Pour une vue d’ensemble, grimpez au Mirador de los Roques d’où apercevoir aussi le grand Teide au loin.
Nuria Val & Coke Batrina
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El Hierro
Le charme discret d’El Hierro rappellera celui de La Gomera. Ici aussi, les plages ne sont pas légion et la baignade est affaire de piscines naturelles. Si l’arrière-pays dévoile de nombreux intérêts, les fonds marins attirent tout autant. Plus petite île de l’archipel, El Hierro est entièrement classée réserve de biosphère par l’Unesco. Les plongeurs avisés en connaissent chaque spot sur le bout des palmes. Visibilité parfaite, faune aquatique abondante et paysages volcaniques sous-marins sont là ses trois meilleurs atouts. L’île a aussi de quoi troquer ses palmes pour un sac à dos et fait le bonheur de randonneurs conquis. Le Camino de Jimana serpente à travers la forêt primaire quand les sentiers de la Dehesa se fraient un chemin à travers les genévriers de la forêt de Sabinar.
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La Palma
Après El Hierro, ne rangez pas vos baskets au fond de la valise. La Palma s’y connaît en sentiers de randonnée et en offre moult kilomètres ainsi qu’un cadre propice, salué par l’Unesco comme réserve de biosphère. Cet écrin naturel fait de l’île la plus sylvestre de l’archipel, bien aidé d’une bonne dose de soleil comme d’une belle rasade de précipitations. Sur l’Isla Bonita (la « belle île »), le regard se perd d’abord dans l‘immensité du ciel. Reconnue Réserve Starlight, La Palma dévoile une voute céleste densément étoilée à admirer de votre terrasse ou depuis l’observatoire astrophysique de Roque de los Muchachos. Le panorama s’étend ensuite jusqu’aux paysages volcaniques et aux forêts, de la spectaculaire Caldera de Taburiente à l’endémique laurisilva à Los Tiles. Enfin, masque collé au visage, on plonge son regard et son corps tout entier dans les piscines et lagons naturels, préservés des forts courants qui caractérisent les rives de l’île.
Nuria Val & Coke Batrina
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Grande Canarie
Gran Canaria, sa cohorte de touristes peu scrupuleux sur la notion de voyage, ses hôtels impersonnels et son littoral bétonné… Tout cela est vrai, tout cela existe, principalement au sud de l’île. Il suffit simplement de l’éviter et la Grande Canarie donnera sa vraie et pleine mesure. Et là, à vous la belle vie. Au grand air d’abord, d’une plage à l’autre, du sable doré aux petites criques solitaires. Au grand air toujours, sur les sites rocailleux de Roque Nublo et Roque Bentayga, ou les pieds dans le sable des dunes de Maspalomas aux courbes sahariennes. En arpentant Las Palmas, ses trésors coloniaux et la Casa de Colon – oui, le célèbre navigateur – qui y séjourna sur la route des Amériques. Dans quelques villages aussi, au fil des ruelles d’Artenara ou de Tejeda. Ou à la table d’un chiringuito, ces paillotes typiques, pour découvrir une franche gastronomie locale à base de poissons et fruits de mer.
Par
OLIVIER ESTEBAN
Photographie de couverture : Ferkelraggae / Adobe Stock