Turquie

La Turquie, entre Hommes et Dieux

La Turquie, entre Hommes et Dieux

Europe et Asie, culture et nature, histoire et histoires, mer et ville, campagne et montagne, parfois dans la même journée, à quelques heures de vol à peine, c’est la magie de la Turquie.


Un pays où les légendes prennent corps. Elle commence tout au bout de l’Europe – on en a bien entendu parler. Toute considération politique mise à part, c’est vrai qu’elle n’est pas européenne. Elle n’est pas asiatique non plus : les racines de notre monde, les histoires qui ont baigné nos rêves d’enfants ponctuent notre voyage dans ce pays. On pourra visiter les ruines de Troie, au centre d’une foultitude de légendes de la mythologie grecque, et dont on ne sait pas trop ce qui fut du vrai, ce qui fut du rêve. Nous reviennent l’immense cheval, et Hésione abandonnée par son père, vêtue de ses seuls bijoux, sur le rivage de la Troade, pour être dévorée par le monstre marin, et recueillie par Héraclès, qui passait par là, à la recherche de la toison d’or, bref, on est tout ébaudi de pouvoir se balader le long des illustres remparts de la ville, et on s’attend presque à voir débarquer un géant ou un demi-dieu.

Avant, il y en eut d’autres : la péninsule anatolienne est l’une des rares régions du globe qui a été continuellement habitées tout au long de l'histoire de l'humanité. Les sites les plus anciens – Çatalhöyük, Mersin ou Göbekli Tepe, «la colline au nombril », où fut érigée, il y a plus de 12 000 ans,  le plus ancien temple de pierre jamais découvert – figurent parmi les plus anciennes implantations du monde. Se succèdent l'Empire hittite, les Phrygiens, les Cimmérien, les Lydiens et les Lyciens, puis les Grecs, qui s’installent pour un moment. On ira voir, entre autres, l’imposante cité d’Ephèse. Son temple à Artémis faisait partie des sept merveilles du monde, et la visite de ses ruines, aujourd’hui surtout romaines, et au premier rang desquelles figurent la grande Bibliothèque de Celsus, et le grand théâtre, furent un beau moment de mes voyages en Turquie.

Car les Romains prirent le relais. Ils construisirent leurs villes ça et là (Antioche, Kusadasi et tant encore), tant et si bien que Constantin 1er voulut y laisser ses marques à jamais, débaptisant la Belle Byzance pour la renommer de son nom. Constantinople, la nouvelle Rome, règnera ainsi sur ce qui reste de l’empire jusqu’à la fin des fins, en 1453 (et zou ! avec l’arrivée des musulmans, exit Constantinople, bonjour Istanbul !). S’édifient alors peu à peu les perles ottomanes qui ponctuent le pays, dans cet entrecroisement de cultures si fascinant lorsqu’on voyage en Turquie. 

Antalya en Turquie

Malte Jaeger/LAIF-REA

Un pays où la nature se fait décor de rêve. En Cappadoce, les cheminées de fées portent bien leur nom. Leurs volumes fluides donnent l’impression que la pierre s’est ramollie sous le feu du soleil ; elles ont quelque chose du rêve de Dali dans le Fantasia de Walt Disney. Et les églises rupestres et les demeures troglodytiques nichées dans les replis de cette pierre fantasque me ramenaient dans la maison de Blanche Neige et les 7 nains (passée la porte des chapelles, les fresques murales byzantines nous basculent d’un coup dans un autre monde encore).

A Pamukkale, les sources d’eaux chaudes venues de la montagne charrient du carbonate de calcium d’un blanc pur. Ici, sur la falaise, elles le déposent en coulées pétrifiées, là, elles tapissent les parois des terrasses des bassins, créent des miroirs parfaits où se reflète le bleu du ciel. Pamukkale veut dire en turc « la forteresse de coton », jolie appellation pour entrevoir à la fois les délires poétiques dont est capable la nature quand elle s’y met, et la fragilité du lieu : gravement mis en péril par le tourisme depuis des années – les hôtels autour du site pompaient leur eaux dans les sources chaudes, asséchant les piscines en cascades, stoppant les dépôts continus de pierre blanche –  le site devenait sec et gris. Pratique interdite, et la forteresse immaculée retrouve maintenant sa blancheur immaculée…

Pour finir le voyage en douceur, le décor devient polychrome, autour d’une mer bleu cristal (vert des pins, roches ocre, sable doré ou blanc). On pourra choisir des criques isolées, ou une résidence de charme dans la baie de Bodrum, la Saint-Tropez de la Turquie à la vie animée, ou vers Dalyan et sa somptueuse plage de sable blanc, classée au patrimoine mondial de l’humanité UNESCO. Là, prendre un bateau à travers les roseaux, et explorer l'île des tortues qui ne sortent que la nuit. La mer couronnera ce voyage entre rêve et réel.