La moiteur de la Malaisie et le vert émeraude de sa jungle a fait tourner les têtes des aventuriers, romantiques et grands écrivains. Le monde fantastique de cette contrée tropicale nous est conté dans 5 livres ou respire une douce nostalgie.
1
Malaisie
de Henri Fauconnier
La frontière entre le roman et l’autobiographie est mince entre les pages du prix Goncourt 1930. Le personnage de Lescale débarquant en Malaisie suit les propres pas de l’auteur, rare écrivain français ayant connu le monde des planteurs. Il y retrouve son ami Rolain, rencontré dans les tranchées de la première Guerre Mondiale. Rolain y exploite une plantation, lovée au milieu de la jungle. À l’ombre de la forêt équatoriale, le chef d’œuvre d’Henri Fauconnier nous conte l’histoire unique des plantations. À travers les yeux de cet humaniste méconnu, nous sommes invités à percevoir un morceau de l’âme du pays. Entre les aléas de la vie de planteur, c’est surtout une fenêtre ouverte sur la culture locale qui nous est offerte. Les poèmes malais saupoudrent le récit de ces Français perdus dans leur chimère au cœur de la jungle. Les mots envoûtent et nous emportent dans une Malaisie tropicale éternelle, un coup de foudre de littérature où l’on s’abandonne volontairement. Une histoire d’amour avec la Malaisie.
2
Le sacrilège malais
de Pierre Boulle
S’inspirant de souvenirs personnels, l’auteur du « Pont de la rivière Kwai » nous offre un tableau saisissant du monde des plantations à l’époque coloniale anglaise. Nous y suivons les pas d’un jeune ingénieur fraîchement débarqué dans une plantation d’hévéas en Malaisie. Avec un certain humour, Pierre Boulle nous fait le portrait ironique d’une administration irrationnelle. Au fur et à mesure des pages, nous sommes bousculés avec le jeune héro par l’Asie coloniale, l’absurdité administrative de ses exploitations et le fossé immense qui sépare les locaux et les européens. Chronique journalière et désabusée d’une compagnie coloniale depuis sa création jusqu’à sa fin à l’éclosion de la seconde guerre mondiale. Récit méconnu et intime d’une époque, Pierre Boulle nous laisse pénétrer dans un monde oublié. La Malaise des plantations comme vous ne l’avez jamais lue.
3
Un Rajah blanc à Bornéo
de Nigel Barley
Bornéo, 19ème siècle. Voici la biographie d’un Anglais excentrique et voyageur : James Brooke. Anthropologue et ancien conservateur du British Museum, Nigel Barley nous fait le récit d’une vie d’aventures digne d’un roman de son compatriote Joseph Conrad. Né dans les indes britanniques, Brooke fera un passage par la Compagnie des Indes Orientales. Après l’achat d’une goélette, il quitte l’Angleterre et file vers les contrées reculées de l’Asie du sud. Arrivé sur l’île de Bornéo, il deviendra mercenaire au service du sultan de Brunei, combattant pirates et rebelles. Le territoire du Sarawak lui sera offert en cadeau pour son aide. Une terre où sévissent les redoutables Dayaks, coupeurs de têtes insoumis. Commence alors le règne de la dynastie des Brooke, mieux connu sous le nom des « Rajah blancs ». Le destin de ce personnage complexe reprend vie sous la plume de Barley. Une vie qui se terminera dans l’oubli en Angleterre, alors qu’il deviendra une légende à Bornéo. Rendez-vous à Kuching au Sarawak, pour suivre les pas de cet explorateur d’un autre temps.
4
Amok, ou le fou de Malaisie
de Stefan Zweig
Zweig incarne l’humanisme et le « Monde d’hier », un écrivain prolifique qui sut décrire les sentiments avec maestria. Dans « Amok », Zweig nous parle de la passion, celle qui peut nous mener jusqu’à la folie. Elle s’engouffre en nous, nous dévore et se transforme en rage irrationnelle. L’Amok, ce mot décrivant un subit accès de violence, nous vient de Malaisie. Le héro de cette nouvelle publiée en 1922, est atteint de ce syndrome aux consonances exotiques. Médecin en mission en Malaisie, il est soudainement épris d’une vive obsession pour une femme. Passion soudaine que la plume de Zweig nous insuffle, c’est lui qui rendra chaque lecteur « Amok » et le conduira à une folle aventure entre les pages de cette passionnante histoire. Quand la Malaisie rend fou.
5
Le sortilège malais
de Somerset Maugham
À l’ombre des frangipaniers de l’hôtel Raffles, Maugham a écrit des histoires surannées sur la Malaisie coloniale. Côtoyant la micro-société européenne de Singapour, il évoque avec malice et intelligence son époque et ses travers. Le temps de six nouvelles, ce conteur narquois nous transporte près d’un siècle en arrière. Dès les premiers mots, le monde des colons et des tropiques prend forme. Les méandres des divers protagonistes, emprisonnés dans la toile moite et périlleuse de l’Asie, nous emportent de la jungle du Sarawak aux pontons des bateaux quittant Singapour. Mariages arrangés, besoins de reconnaissance, racisme … les personnages sont analysés au microscope et nous offrent autant de portraits variés sur une époque fascinante. La Malaisie sert de toile de fond exotique et exaltante dans chacune de ces petites nouvelles. Un vrai bonbon à déguster avant votre départ en Malaisie.
Par
FRANCK LABOUE
Photographie de couverture : Getty Images