Assouan. Haute Egypte
Arriver devant le Old Cataract, accueilli par les portiers nubiens en grand uniforme brodé et coiffés du traditionnel tarbouch. S’enfoncer dans la fraicheur parfumée de cèdre du hall. Laisser les canapés cosy, passer les moucharabiehs délicats, admirer les lustres colorés, ignorer les vénérables et victoriens ascenseurs en bois, hâter le pas, contourner les bow windows transpercés du soleil projetant des rayons diaphanes un peu surnaturels, pousser les portes de bois verni et se précipiter sur la terrasse. Ah cette terrasse ! Peut-être la plus belle du monde, surplombant le Nil et l’ile Eléphantine. Le soleil joue sur les pierres du temple de Khnoum, les voiles blanches des felouques faseyent sous le vent tiède du soleil couchant. Retenir son souffle et admirer. Arrivé, vous voilà arrivé. « Au-delà ce sont les terres sauvages d’Afrique » disait-on à l’époque de Champollion.
Fabrice Rambert / Accor
Evidemment vous ne quitterez plus cette vue pour la durée du séjour, vous la garderez en mémoire pour la vie. Pour autant comment oublier l’intérieur, l’hôtel lui-même ? Ces immenses couloirs aux voûtes en arabesques, les bien nommées. Décorés de photos sépia de têtes couronnées, ils sont le reflet d’un monde presque naïf où le progrès passait aussi par l’admiration du passé. Diner au 1902, cathédrale de marbre blanc et de boiseries brunes, dôme byzantin à 27m de haut, piano à queue en dessous. Déjeuner sur la terrasse bien sûr, y prendre le thé à l’anglaise au retour de Philae.
Depuis la dernière rénovation très réussie les chambres sont aux standards Sofitel (un bonheur de lits!). Le Palace accueille de merveilleuses suites de style classique néo-byzantin, la partie « récente » sur le côté (du haut de ces 8 étages le panorama est impérissable) offrant des suites modernes avec vue sur le Nil, une piscine et un spa de rêve. L’autrefois vieillissant vaisseau princier amarré sur les bords du Nil est redevenu un splendide hôtel de luxe sans perdre une once de son âme. C’est le mieux que l’on pouvait espérer pour ce monument de l’hôtellerie contemporain du Ritz.
« Il faut que tout change pour que rien ne change ». L’Old Cataract est la preuve bien vivante de cette jolie phrase du Guépard. Grâces soient rendues à l’excellente décoratrice et à Sofitel. La légende perdure. C’est parfait ainsi.