Les Cotswolds, avec leurs collines verdoyantes et vallonnées, incarnent la quintessence de la campagne anglaise. Propice à l’imaginaire, cette région bordant les comtés de l’Oxfordshire et du Gloucestershire, parsemée de villages bucoliques, a inspiré les plus grands écrivains, de Jane Austen à Lewis Carroll, de Beatrix Potter à J. R. R. Tolkien. À moins de deux heures de Londres, elle est aujourd’hui le refuge chic de la gentry anglaise, Kate Moss ou Stella McCartney en tête. Au Moyen Âge, les Cotswolds ont prospéré grâce au commerce de la laine, et les marchands médiévaux ont édifié ici des manoirs majestueux, des abbayes et des églises. Lorsque les guerres et la révolution industrielle ont fait péricliter leur commerce, les villages ont dépéri, devenus trop pauvres pour se moderniser. Redécouverts au XXe siècle, les Cotswolds protègent aujourd'hui leur anachronisme : aucune construction n’est autorisée sans l'approbation d'un comité d'urbanisme strict et rien ne vient abîmer ni le cachet des villages, ni les paysages étonnamment préservés. À soixante-dix kilomètres de la capitale, on a le sentiment d’un voyage dans le temps, il y a trois ou quatre siècles. On fait halte à Cirencester et à Gloucester – où l’on voit la cathédrale gothique et son cloître aux voûtes à éventail, cher au Poudlard de Harry Potter. Mais le plus grand charme des Cotswolds réside dans sa campagne – la région a été classée, dès 1966, pour sa beauté exceptionnelle : Area of Outstanding Natural Beauty (AONB) – et dans ses villages enchanteurs. Tour d’horizon.
Bibury
Situé dans la vallée de la rivière Coln, blotti entre deux collines, Bibury est l’un des villages les plus renommés des Cotswolds, considéré parmi les plus beaux de tout le pays. Ses maisons aux toits d'ardoise se dressent les unes à côté des autres, fleuries de rosiers anciens. Des murs de pierres sèches bordent ses rues sinueuses, cernées de jardins et de pâturages à l’herbe grasse : Bibury semble tout droit sorti d’un conte de fées. Son nom dérive du mot saxon « bibb » (ruisseau) et « bury » (lieu). Ancien centre important de filature de laine, il conserve la trace de ce passé prospère : le Arlington Row, peut-être le site le plus emblématique des Cotswolds, est un ensemble de cottages qui furent les habitations des tisserands. Avec leurs façades caractéristiques en pierre calcaire, leurs toits de chaume et leurs fenêtres à petits carreaux, ils sont l’incarnation même du charme pittoresque des Cotswolds.
Carole Sachs
Bourton-on-the-Water
Traversé de rivières et ruisseaux, Bourton-on-the-Water est un village de carte postale, surnommé « la Venise des Cotswolds ». Ses maisons de pierre ambrée et ses jardins fleuris, ses ponts de pierre, ses rives bordées d’arbres et ses paysages enchâssés en font l’endroit parfait pour une promenade tranquille – avant une pause thé-scones-confiture.
The Slaughters (Upper and Lower Slaughter)
Ces deux petits villages jumeaux, moins fréquentés que d’autres, sont pourtant d'une beauté incroyable. À Upper Slaughter, on visite la belle église qui date du XIIe siècle. On adore l’ambiance enchanteresse de Lower Slaughter, traversé par la rivière Eye, avec ses ponts de pierre et ses jolis cottages.
Castle Combe
Niché dans une vallée boisée, ce village en pente, scindé en deux parties par un ruisseau, est l’un des plus authentiques des Cotswolds, avec ses maisons en pierre et ses jardins fleuris d’euchères, d’hostas, de roses et de glycines. S’y promener est un véritable voyage dans le temps. Avec son pont en pierre et ses paysages enchâssés, il a d’ailleurs servi de décor à de nombreux films et séries dont la cultissime Downton Abbey.
Carole Sachs
Stow-on-the-Wold
Situé sur une colline, à la jonction de plusieurs routes principales (dont une voie romaine qui atteste de son âge ancien), c’est l’un des plus grands villages des Cotswolds. Le bourg est réputé pour sa place du marché, qui date de 1107 : à son apogée, plus de 20 000 moutons y étaient vendus – c’était alors l’épicentre du commerce de la laine. Aujourd'hui, la place est cernée de bâtiments en pierre dorée datant du XVIe siècle, qui abritent des magasins d'antiquités, des galeries d'art et des pubs.
Painswick
Parfois appelé « la Perle des Cotswolds », Painswick est un beau village, entre ruelles pavées et façades calcaires. Il faut aller voir l’église Saint-Mary et ses allées bordées d’ifs. Mais si l’on se rend à Painswick, c’est surtout pour visiter le jardin rococo – unique en Grande-Bretagne – situé en contrebas du manoir, demeure de style géorgien construite en 1730 par Charles Hyett pour échapper au smog. Parsemé de folies, le jardin est parcouru de sentiers sinueux et de pièces d’eau. Il est fleuri d’un désordre de centaurées, ancolies, cosmos, verveines de Buenos Aires... magique ! On aime aussi le jardin potager, dominé par un bâtiment circulaire en bois blanc, tout en arcs gothiques, créneaux et pinacles, planté de variétés potagères anciennes, de pommiers et poiriers en espaliers.
Matthew Williams-Ellis/Adobe Stock
The Cotswold Way
Il faut absolument emprunter le sentier de grande randonnée The Cotswold Way, un itinéraire de près de 200 km qui traverse du nord au sud le flanc ouest de la région, en passant par Chipping Campden, Broadway, Cheltenham et jusqu’à Bath. Son tracé permet de découvrir les plus beaux paysages de la région, entre prairies et forêt de hêtres. Il suit les crêtes et, depuis le sommet des collines, on profite de vues imprenables qui s'étendent sur des kilomètres : des pâturages verts, des chaumes fauves de foin coupé, des haies et des murs de pierre qui dessinent des motifs sur les collines ondulantes. Si les villages des Cotswolds sont tous plus charmants les uns que les autres, la campagne qui les entoure est, tout simplement, incroyablement belle – certains la considèrent comme la partie la plus anglaise de l'Angleterre.
Par
MARION OSMONT
Photographie de couverture : Alixe Lay