Grande Bretagne

Aventure en train sur la West Highland Line

Aventure en train sur la West Highland Line

Souvenirs d’aventures mystérieuses, les voyages en train fascinent à bien des égards… Et pour les amateurs de décors de légende, l’Écosse semble être la destination toute trouvée. Loin de la rumeur du monde, embarquons pour un voyage en train sur la West Highland Line, au cœur de l’Écosse sauvage.

 

Glasgow Queen Street Station. Sous le dôme en verre et en acier de la gare, le train s’anime gentiment. Sur les quais, des individus aux mille trajectoires quittent l’ancienne ville minière pour se mettre au vert. Car si la cité postindustrielle s’est muée en vibrant centre créatif, difficile de résister à l’appel du grand air. Direction Oban ou Fort William, pour un circuit de 150 kilomètres au rythme des sursauts de la nature.

 

Un voyage en train historique

Ouverte en 1894, la West Highland Line reliait à l’origine Craigendoran, au nord-ouest de Glasgow, à Fort William, dans l'ouest des Highlands. En 1901, un nouveau tronçon vient connecter la métropole culturelle au port de pêche de Mallaig, alangui sur la côte atlantique. Depuis, ces rails de légende ont vu passer bon nombre de locomotives, dont celles à vapeur du train des Jacobites. Celui-là même qui emmenait un certain Harry Potter en direction de Poudlard… Avec de nombreuses rotations durant l’été, le mythique Jacobite Steam Train, nourrit les fantasmes des amoureux du temps long. Car ici, la priorité n'est pas à la vitesse.

lac en Ecosse

Helin Loik-Tomson/Getty Images/iStockphoto

 

Plongée au cœur de l’Écosse sauvage 

Lors d’un voyage en train, l'aventure commence à bord. À peine hissé dans l’un des wagons, la magie opère et le temps se détend. Dans ce lieu clos, où se croisent des milliers de gens, chaque trajet devient prétexte à une aventure. Et alors que le train se dirige vers l’ouest, les immeubles et anciennes maisons d’ouvriers laissent place aux collines torturées et landes battues par le vent. Le nez collé à la vitre, on regarde alors somnoler cette vieille Écosse pittoresque. Celle des marécages ivres de pluie, des reliefs moussus et steppes constellées de lochs nacrés. Derrière les larges fenêtres du train, c’est toute la beauté brute des Highlands qui éclot. Photogénique, le mot est un euphémisme pour décrire le cadre de cette Écosse mythique. Pas l’ombre d’une construction ne vient gâcher le panorama. À mesure que l’on s’enfonce sur la West Highland Line, l’itinéraire bascule vite dans la poésie. La notion du temps se dissout lentement. La nature s’impose majestueusement. Et soudain, c’est tout l’âge du monde qui semble s’ériger autour du voyageur. Là, des étendues verdoyantes aux airs de pelouse de golf négligée. Ici, des golems minéraux dissimulés sous d’infinis draps gris, bruns ou verts. Et partout, des points laiteux qu’on devine être des moutons, pâturant paisiblement dans une symphonie de bruyères et de cailloux.

vue du train

CloudVisual/Getty Images/iStockphoto

 

Les Highlands, l’une des dernières grandes étendues sauvages d’Europe

Sous les chuintements saccadés des wagons, les paysages prennent alors une dimension presque symphonique. Après avoir serpenté le long de la Clyde River, le train s’élance sur les rives du Loch Lomond, le plus grand lac écossais. Plus de 71 km² de flots sombres et profonds, cernés de colosses majestueux cognant contre un ciel diaphane. Par la fenêtre, les paysages défilent comme d’immuables tableaux arasés de lumière. Le dôme érodé du Beinn Damh, sorte de grosse molaire plantée au milieu d’une steppe immense. Puis, les landes tourbeuses et les scarifications sombres du Rannoch Moor, l'une des dernières grandes étendues sauvages d’Europe. Nichée au centre du pays, c’est la plus solitaire des landes du Royaume-Uni. Il suffit de jeter un œil à sa carte : la West Highland Line entraîne le voyageur au cœur de l'Écosse profonde. Un territoire où la nature se dévoile dans ce qu’elle a de plus sauvage et fantastique.

vaches en Ecosse

Jérôme Galland

 

Oban, la porte d’entrée des îles 

Crianlarich, région de Stirling. Alors que le train s’ébroue en douceur, soudain les voies de la West Highland Line se séparent. Au nord, Fort William et Mallaig ; à l’ouest, Oban et les îles Hébrides. Situé dans le comté d’Argyll and Bute, ce village de pêcheurs est une étape mémorable lors d'un voyage en Écosse. Si la reine Victoria venait y soigner ses rhumatismes, c’est le whisky qui semble aujourd’hui être le remède à tous les maux. Fondée en 1794 par les frères Stevenson, la distillerie d’Oban fait depuis bien longtemps office d’institution. Bord de mer oblige, on bichonne aussi ses papilles au fish and chips et au crab roll, à la fraîcheur indiscutable. Mais Oban est surtout la porte d’entrée des îles Hébrides et leurs magnifiques plages aux eaux cristallines. Mull, Islay, Barra, Coll… autant de noms évocateurs de douces aventures insulaires.

Bar en Ecosse

Faustine Poidevin

 

Au bout de la piste, les nuages

Retour sur le railway en direction de Mallaig. Après un passage à Fort William, le train s’élance gaiement sur le viaduc de Glenfinnan. Chaque cabine, dotée de grandes fenêtres, nous projette dans le paysage, à ne plus savoir si l’on est dedans ou dehors. Sous nos yeux, la nature parade à grand spectacle. Les étendues infinies du Loch Shiel, les rives chlorophylles du Loch Eilt, le Ben Nevis et sa chevelure de brume… Sur ces pittoresques terres des Highlands, les monts érodés et lacs millénaires défilent, figés dans une veille éternelle. Bercé par le roulis du wagon et le confort des cabines, on plonge doucettement dans le grand roman de l’Écosse sauvage. Le véritable luxe tient ici à cette impression lunaire de bout du monde. Blotti dans ce décor en mouvement, on parcourt l’Écosse à petite vapeur, avec ce merveilleux sentiment de voyage dans le temps.

 

Par

MARINE DADOUN

 

Photographie de couverture : DaveBolton/Getty Images/iStockphoto