A une dizaine de kilomètres au sud d’Assouan, parmi les rochers de la première cataracte, Philae surgit de l’eau comme un mirage. Ses monuments et sa verdure la distinguent du paysage lunaire des alentours. C’est à Isis, « souveraine de tous les dieux », que le temple avait été consacré à l’époque gréco-romaine. Isis la protectrice, la magicienne bienfaisante, la combattante qui chasse le démon… Est-ce un hasard si Philae a été le dernier bastion de la religion égyptienne ? Jusqu’au début du Vème siècle, bravant les interdits de l’empereur Théodose, des pèlerins continuaient à rendre visite à la superstar de l’Antiquité.Plus près de nous, le destin de Philae a été suspendu aux deux barrages d’Assouan.
Le premier, achevé en 1902, a eu pour effet de noyer la « perle de l’Egypte » une bonne partie de l’année et d’effacer peu à peu de magnifiques peintures. Mais le deuxième barrage, 70 ans plus tard, l’a sauvée. On a démonté un à un tous ses monuments pour les reconstruire 300 mètres plus au nord, sur une île insubmersible. Il a fallu seulement remodeler celle-ci et agrandir deux de ses pointes pour lui donner, comme l’autre, la forme d’un oiseau, le bec tourné vers la Nubie.
Par
ROBERT SOLÉ
Photographies
BERNARD RIEGER