Espagne

Archipel des Baléares : quelle île choisir ?

Archipel des Baléares : quelle île choisir ?

Au large des côtes Est de l'Espagne surgissent les Baléares. Majorque, Minorque, Ibiza, Formentera sont baignées par les mêmes eaux, sublimées par le même ciel azur, réchauffées par le même soleil – mais chacune a sa personnalité et son propre charme. Alors on vous emporte pour un tour d’horizon, pour vous permettre de choisir votre île.  

 

Majorque

« Le ciel est d’un bleu de turquoise, la mer est d’azur, les montagnes vertes comme l’émeraude. L’air y est aussi pur que celui qu’on doit respirer au paradis » écrivait Frédéric Chopin à la fin des années 1830 de retour de Majorque. Plus sage qu’Ibiza mais plus animée que Minorque, c’est la plus grande des îles Baléares – et, malgré sa réputation tronquée, une des plus belles îles de la Méditerranée. À deux heures de Paris, sa capitale, Palma de Majorque, se découvre en toutes saisons. Il est doux de flâner au fil de ses ruelles, d’églises gothiques en palais baroques ; on aime son port animé et ses terrasses sur la Méditerranée. Au cœur du casco antiguo, l’imposante cathédrale la Seu dresse sa silhouette imposante face à la mer depuis l’an 1346. Elle a été restaurée au début du XXe siècle par Gaudí – le luminaire octogonal suspendu aux voûtes de la chapelle royale porte la marque de l’architecte catalan. On voit aussi la Fundacio Pilar i Joan Miró : en hommage à Miró qui, d’origine majorquine, passa ici la fin de sa vie, elle expose ses œuvres à Cala Major, sur les hauteurs de la ville.

Pour éviter les foules, on décale ses vacances et on s’éloigne des plages urbaines de Palma pour mieux rejoindre, loin des stations balnéaires bétonnées, une terre ocre semée d'oliviers et d'amandiers, et des criques rocheuses au bout de chemins de sable. Au nord de l’île, la Serra de Tramuntana, classée au patrimoine mondial de l’Unesco, est une région protégée par ses montagnes. Les falaises escarpées s’enfonçent dans la mer, les sentiers de randonnée offrent un horizon sur la Méditerranée, les grottes sous-marines façonnent un Éden pour les plongeurs.

Lorenzo Moscia/ARCHIVOLATINO-REA

 

Minorque

Ibiza sans la nuit, Formentera sans les yachts, Minorque est une Baléare intimiste, qui cultive jalousement ses charmes et sa discrétion. Elle fut l’un des derniers bastions républicains pendant la guerre civile espagnole et quand Franco a ouvert les Baléares au tourisme, c’est Majorque qu’il a privilégiée. Soixante ans plus tard, ce bannissement d’alors se révèle être une chance : le territoire minorquin, de 50 kilomètres de long sur 25 de large, a été très peu altéré. Les collines ­sont plantées de pins et d'oliviers sauvages ; seuls les murets de pierre sèche crayonnent le paysage. Entre calanques sauvages, mer au bleu insolent, plages blanches et plages roses, Minorque fait figure d’Éden méditerranéen, classé réserve de biosphère par l’Unesco en 1993. Ici, les plages se méritent ; on les rejoint en marchant à travers pins et rochers, le long du sentier côtier. Un effort récompensé : sur les criques de Cala Mitjana ou Cala Macarella, on a le sentiment d’être seul au monde. L’autre trésor de Minorque, ce sont ses vestiges archéologiques datant de l'âge du bronze, tels que la Naveta des Tudons – un patrimoine complètement intégré au paysage. On va se baigner et, au détour d’un sentier, on voit des champs de mégalithes ou de navettes funéraires – les plus anciennes datent de 2000 avant J.C.  À l’autre bout du spectre, on y voit aussi de l’art contemporain : après Hong Kong, New York, Los Angeles, Zurich et Londres, la galerie Hauser & Wirth s’est installée en 2021 sur l’île du Roi, une des micro-îles qui parsèment l’estuaire de Port-Mahon, la ville principale de Minorque. On la rejoint grâce à une navette maritime qui la dessert depuis les quais du centre-ville en une dizaine de minutes. La galerie est un écrin : dans un ancien hôtel naval du XVIIIe siècle, une succession de salles blanches et épurées, rythmées par des ouvertures sur le ciel et la mer, invite à la contemplation. 

Faustine Poidevin

 

Ibiza

Loin des idées reçues, Ibiza ne se résume pas à la fête et aux clubs électro. Dans les terres, sur les hauteurs à l’est de l’île, Santa Eulalia, le cœur d’Ibiza, bat à rythme doux. Dans un paysage de collines parsemées d’herbes sèches, d’oliveraies et de champs de cactus, les villages autarciques sont blanchis à la chaux. Ici, les anciennes fincas reconverties en havres de l’agrotourisme perpétuent la simplicité de la vie rurale. On peut aussi préférer, tout au nord de l’île, le charme d’un port de pêche oublié, cerné de maquis et de criques turquoise. Mais partout, on goûte au meilleur de l’héritage hippie, une bulle bohème sur une île animée de forces telluriques, propice au ressourcement. Un livre à la main, on s’abandonne à la paresse dans les effluves d’orangers et de jasmin. On se baigne dans des criques secrètes, accessibles par des sentiers de randonnée face à la démesure du ciel bleu.

Faustine Poidevin

 

Formentera

Dans l’ombre de sa voisine flamboyante, Formentera, la plus petite des îles des Baléares, séduit par son charme discret. Sans aéroport, accessible en ferry depuis Ibiza (la traversée dure une demi-heure), ses attraits résident aussi dans son isolement : peu d’hôtels, de restaurants, de clubs – mais des plages impassibles et des falaises accidentées. Malgré sa notoriété – dans les années 70, on y croisait Bob Marley, les Pink Floyd ou Bob Dylan –, elle échappe au tourisme de masse. On évite quand même juillet et août : les plages sont le rendez-vous estival des people qui y accostent depuis les yachts de leurs amis fortunés.

La plage de Ses Illetes est la plus belle de l’archipel. Bordée d’eau de part en part, elle déroule une étroite bande de sable blanc cernée d'eaux turquoise, qui évoque les Caraïbes. À l’est, sur le plateau de la Mola, point culminant de l’île, on rejoint par une montée raide en lacets Pilar, un village d’une trentaine de maisons assoupies autour d’une église. Après le village, sur le plateau désert, un phare domine des falaises majestueuses : on est au bout du monde. Et à la pointe nord de l’île, face à Ibiza, on aime aussi le parc naturel des Salines, classé au patrimoine mondial de l'Unesco : 15 000 hectares de marais et de dunes de sel, refuge pour des centaines d’oiseaux – héron, faucon pèlerin ou flamant rose.

Faustine Poidevin

 

Par

MARION OSMONT

Photographie de couverture : Marc Schadegg/Unsplash