Pour les Japonais, tous les arts se répondent. Celui de la poterie à la terre des jardins, la taille des arbres au tracé des pinceaux qui dansent sur la toile, la maîtrise de l’ikebana à celle de la calligraphie. Face à cette tradition palpitante, l’art contemporain a trouvé tout naturellement sa place.
L’art contemporain a mis du temps à s’installer au Japon. Mais dans ce pays prompt à s’adapter, on rattrape vite son retard et on ne copie pas, on s’inspire ! Après s’être imprégnés des influences occidentales, les artistes nippons ont inventé en une trentaine d’années un art d’une grande liberté d’expression, qui fait le lien entre leur histoire et la modernité. Dans un grand bouillonnement inventif, toutes les formes coexistent : peinture, vidéo, installations… En photographie, après que les maîtres d’estampes eurent utilisé leurs talents pour coloriser les clichés, il y eut les stars Araki, Mika Ninagawa ou Sugimoto, et désormais une jeune garde qui explose de talent.
Mamieboude
À Tokyo, c’est à Roppongi que se sont concentrées les galeries et les musées, comme le Mori Museum, le National Art Center ou le 21_21. Le quartier un peu excentré de Kiyosumi-shirakawa accueille la scène montante, avec le MOT et d’autres lieux d’avant-garde, souvent installés dans des endroits improbables. SCAI The Bathhouse, par exemple, s’est niché dans d’anciens bains publics ! Tokyo possède son festival “Design Festa” et sa foire d’art contemporain, attirant les collectionneurs du monde entier. Mais la capitale ne phagocyte pas toute l’activité artistique. En voyageant dans le pays, on peut voir à Kanazawa, par exemple, le spectaculaire musée du XXIe siècle. À Hakone, que l’on visite pour ses sources chaudes, on est surpris de tomber sur un impressionnant musée de sculptures en plein air. À Ueno, un parc regroupe plusieurs musées, dont l’un signé Le Corbusier.
Jérôme Galland
Enfin plusieurs “triennales” offrent des immersions ponctuelles mais toujours décoiffantes celle de Yokohama, celle de la mer de Seto et le très original rendez-vous d’Echigo-Tsumari, petit village de la région de Niigata attirent des visiteurs éclairés du monde entier. Les arts plastiques ne sont pas les seuls à avoir ainsi évolué. Les cinéastes de l’archipel ont laissé leur empreinte dans l’histoire du 7e Art. Tokyo traduit par les images de Nagisa Oshima ou d’Akira Kurosawa est un grand classique. Le Japon compte un nombre incroyable de ciné- philes et il n’est pas rare qu’un voisin de bar vienne vous parler d’Éric Rohmer !
Jérôme Galland
Du musée Ghibli à Mitaka (15 mn du centre de Tokyo), célébrant le fantastique cinéma d’animation japonais, au musée du manga de Kyoto ; du Watari, musée de l’avant-garde de Shibuya au théâtre Kabuki nouvellement restauré de Ginza ; des œuvres disséminées dans l’archipel de la Mer de Seto, à l’émouvante maison d’Isamu Noguchi à Takamatsu, l’art est partout au Japon. Partageant toujours une même idée fondatrice : la beauté ne peut-être qu’éphémère !
LE + VOYAGEURS
À part thé
Introduit au Japon au IXe siècle, le thé est un élément clef de la culture du pays. La cérémonie, appelée chanoyu, qui lui est dédiée, suit un rituel extrêmement précis directement influencé par les principes du zen et réalisé selon le Sadô (la voie du thé) par un maître du thé. Chaque geste, chaque ustensile, chaque mot est réalisé avec respect, pureté et harmonie. L’objectif étant d’amener les participants à la sérénité.
Photographie de couverture
VIRGINIE VICAN