Gondar a été la première capitale d’Abyssinie - jusqu’au XVIIème, l’instabilité politique contraint les empereurs à déplacer régulièrement leurs campements - le château de Fasil, empereur de 1632 à 1667, y expose fièrement ses glorieux vestiges.
06h00
Dans cette ville pieuse, il faut se lever tôt pour observer, dans l’air piquant du petit matin, les foules d’hommes, de femmes et d’enfants, emmaillotés de cotonnades blanches, en chemin vers l’église. Et assister à une messe dans une petite église toute ronde : les chants en guèze, l’ancienne langue liturgique, les diacres qui balancent les encensoirs, le recueillement de l’assistance, la ferveur qui se lit dans chaque geste, chaque posture, et les fidèles qui un à un vont embrasser la croix portée par un prêtre vêtu d’une robe de toutes les couleurs : tout fait spectacle.
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10h00
Après la messe, en guise de petit-déjeuner, on boit un macchiato – les Ethiopiens, s’ils ont su chasser les troupes mussoliniennes, ont gardé des Italiens leur savoir-faire en matière de café – à l’Ethiopia Hotel. La façade est superbe, et porte la marque de l’art déco italien ; la salle de restaurant, elle, est inchangée depuis le règne d’Hailé Sélassié, c’est une véritable immersion dans les années 70 éthiopiennes.
11h00
L’église de Debré Birhan Selassié, fondée par l’empereur Yassou 1er (1682-1706), grâce à des maçons et ouvriers formés par les missionnaires portugais, est l’une des plus belles du pays. Les 80 chérubins ailés aux grands yeux peints sur son plafond de bois semblent suivre des yeux les visiteurs.
Luce Piton
13h00
On boit un spress, jus de fruit comme un arc-en-ciel, ananas, goyave, mangue, avocat : chaque fruit apporte sa touche colorée. Et c’est tellement nourrissant et vitaminé que cela fait office de déjeuner !
15h00
On visite le château de l’empereur Fasil. Au cœur d’une enceinte fortifiée, édifice de mortier en pierres grises, muni de créneaux, d’un donjon et de tours d’angle, qui évoque furieusement nos châteaux forts. Un air de Moyen-âge européen, inattendu sous ces latitudes.
Luce Piton
17h00
On se balade dans le quartier juif de Gondar, autour du consulat d’Israël. Des maisons en torchis, une petite synagogue ceinte d’une palissade de fortune, une école surmontée d’une étoile de David, d’où s’échappent une nuée de gamins portant la kippa, et saluant en hébreu. Ici vivent les derniers Juifs d’Ethiopie, falachamoras, ou Beita Israël, comme ils préfèrent se nommer, en attente d’un visa pour pouvoir réaliser leur alya pour Israël.
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22h00
On boit une bière éthiopienne Saint-George ou un tej, hydromel doré servi dans une jolie fiole en verre, dans un azmari bet, en admirant les chants et les danses des azmaris. C’est ici, à Gondar que se produisent les plus virtuoses d’entre eux, troubadours de père en fils, de mère en fille, et originaires des villages alentours. Chansonniers impertinents, ils égaient les nuits de leurs chants émancipés - ils abordent les sujets habituellement tabous, politique, social, mœurs, avec une exceptionnelle liberté de parole. Leurs voix suaves, accompagnées du son des violes et des masinqo, restent longtemps en mémoire après un voyage en Ethiopie.
Photographie de couverture : Rudi Ernst