Grèce

24 h à La Canée

24 h à La Canée

Entre mer Égée et mer Méditerranée, la Crète est un morceau de terre aride sertie d’eaux turquoise, un territoire de mythes et de légendes où l’on se souvient de Zeus, de Thésée et du Minotaure, de Dédale et d’Icare. Capitale de la Crète jusqu’en 1971, La Canée porte dans ses pierres l’empreinte de plusieurs siècles d’histoire. Mentionnée dans L’Odyssée d’Homère, c’est l’une des plus anciennes villes au monde.

Les Minoens l’ont fondée il y a quelque 5000 ans ; les Byzantins ont érigé ses murailles. Les Vénitiens ont édifié son port pour faire de la cité une escale de leur commerce levantin entre l'Orient et l'Occident. Les Ottomans l’ont embellie et dotée de fontaines, de hammam et de mosquées. Protégé par d'imposantes murailles en forme d'étoile, son cœur historique s'enroule autour de son port vénitien, La Canée – on l’appelle aussi Hania (prononcez « Rania ») – est aujourd’hui une ville vibrante, où il fait bon flâner du port au marché couvert et aller de musées en restaurants.

 

9h Respirer le petit matin au port

Au petit matin, on va humer l’atmosphère du port vénitien, dominé par son phare du XVIe siècle. Les pêcheurs sont de retour, les propriétaires des cafés installent leurs terrasses, la lumière du matin éclaire les façades colorées. La Mosquée des Janissaires, joliment surnommée « mosquée du bord de mer », est la première mosquée édifiée en Crète. Avec ses sept dômes de brique rose, elle émeut par la sobriété de ses lignes. Un peu plus loin, on visite dans une ancienne caserne le musée maritime, qui retrace l’histoire navale de la Crète et de La Canée : les maquettes de bateaux et cartes anciennes racontent une histoire intimement liée à la mer.

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11h Déambuler dans la vieille ville

Ses musées valent le détour, mais la Canée se prête aussi à une flânerie sans but, au hasard de ses ruelles. Dans la vieille ville, on voit des fouilles de palais minoens, un arsenal vénitien du XVe siècle, des maisons en bois construites par les Turcs, de minuscules églises orthodoxes. On entre dans l’enceinte de la synagogue Etz Hayyim, du XIVe siècle, restaurée avec soin après sa destruction en 1944 par les bombardements allemands. On aime aussi l’église Agios Nikolaos qui incarne l’histoire complexe de la ville, coiffée d’un clocher et d’un minaret ottoman. On déambule dans l’ancien quartier turc de Splantzia, ses petites places, ses maisons aux balcons fleuris et ses cafés ombragés par des grands platanes.

 

12h Faire des emplettes au vieux marché

Le marché central de La Canée prend place dans un bâtiment imposant qui date de 1913, année marquant l’unification de la Crète à la Grèce. Cet édifice en forme de croix, situé près de la vieille ville, abrite une multitude d’étals où l’on trouve une foule de victuailles : des olives et huiles parmi les meilleures au monde, de délicieux fromages de brebis crétois – graviera et mizithra –, des herbes aromatiques à foison : origan, thym, sauge…

 

13h Déjeuner crétois

Il est réputé pour ses vertus, on adopte donc le régime crétois. Ses basiques : l’huile d’olive, le poisson, les plantes sauvages, les fruits, le miel, les olives, les céréales et les fruits à coques, les graines et les légumineuses. Alors, on déjeune de mezze. On s’installe en terrasse, sur la place 1821, au cœur de Splantzia, pour grignoter un dakos, une tranche de pain sec garni de tomates fraîches, de fromage mizithra et d’huile d’olive, quelques domaldakia, les fameuses feuilles de vigne farcies, une salade de poulpe et une horta vrasta, savoureuse assiette d’herbes sauvages (moutarde noire, endives bouclées, pissenlits, feuilles de blettes et de chicoré), citron et huile d’olive.

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15h Randonner dans les gorges de Samaria

Après la beauté presque éthérée de la vieille ville, la ville moderne, avec ses rues encombrées qui bourdonnent de vespa et de foules empressées, semble bruyante et affairée. On s’en échappe pour aller randonner dans les gorges de Samaria, qui déroulent l’un des plus impressionnant canyon d’Europe. On marche dans une forêt dense dominée par les cyprès dont les senteurs saturent l’air que l’on respire. Les chèvres détalent des falaises, les rapaces les survolent. La descente est vertigineuse depuis les 1 200 mètres d’altitude jusqu’au rivage et au petit port d’Agia Rouméli. La beauté brute des gorges de Samaria est impressionnante.

 

17h Voguer entre plages et monastère

De lagons turquoise en plages de sable rosé, à La Canée, on est n’est jamais loin de la mer. Alors, avant de rentrer en ville, on emprunte un sentier cernés de lauriers-roses, de figuiers et d’amandiers, pour rejoindre une crique sauvage et son camaïeu de bleu.

 

19h Boire un verre au monastère

Retour en ville au coucher du soleil. Les maisons aux teintes pastel se font ocre, les cafés du front de mer s’illuminent de bougies. Dans les lumières scintillantes, le phare vénitien aux allures de minaret se découpe sur le ciel orange. On s’en va siroter un cocktail dans la cour d’un ancien monastère franciscain.

 

Par

MARION OSMONT

 

Photographie de couverture : Joe Daniel Price/Getty Images