Population

11 921 328, en 2024.

Langues officielles

Néerlandais, français, allemand.

Langues parlées

La partition linguistique de l’espace belge s’esquisse probablement avec l’arrivée de peuples germaniques dans un contexte gallo-romain. Au Moyen Age, les parlers ont évolué et la situation est caractérisée par un important morcèlement. Sous Charles Quint, les provinces de Namur, Brabant, Hainaut appartiennent au domaine roman, les autres au germanique (sans unité anachronique). Au XVIIe siècle, les Provinces-Unies (actuels Pays-Bas) procèdent à une uniformisation du flamand. Lequel demeure dialectal et local dans les Pays-Bas espagnols. Pendant ce temps, dans ces mêmes Pays-Bas, le français est adopté par la noblesse et l’administration. Sous les Habsbourg d’Autriche, l’administration est réformée sur le modèle français, mais l’allemand est désormais la langue de communication avec Vienne. A Bruxelles, on parle surtout brabançon, une variante du flamand, néanmoins Joseph II impose le français dans les sphères du pouvoir. Schématiquement, la population parle flamand, les milieux d’affaires flamand et français, les hauts fonctionnaires français et allemand.

 

Pendant la phase française qui suit, la République puis l’Empire mènent une politique de francisation à outrance, qui provoqua une résistance populaire ardente, surtout dans le nord flamand. Néanmoins, la nouvelle bourgeoisie industrielle, tant au nord, qu’au sud francophone, adopte nolens volens le français. A la chute de l’empire, retour de flamme. Guillaume d’Orange, roi des Pays-Bas réunifiés, promeut le néerlandais dans l’administration. Ce qui braque les francophones et de nombreux flamands encore patoisants. A ce stade (et en faisant simple), on a le français au sud, les flamands traditionnels au centre et le néerlandais au nord. Si le néerlandais et le français de la bourgeoisie et de l’administration sont standardisés, les parlers flamands et wallons le sont peu ou pas du tout. Le roi entend pourtant conserver au français sont statut dans les provinces wallonnes. Le néerlandais rencontre donc un refus surtout dans les milieux populaires des Flandres, mais aussi dans la bourgeoisie, plus intéressée par la carrure internationale du français que par la langue d’Amsterdam. Ces questions, compliquées d’arrière-plans religieux et idéologiques, mènent à la séparation de 1830.

 

Au moment de l’indépendance de la Belgique, la partie n’est pas gagnée pour le néerlandais dans les pays flamands ; quant au français, il a les attraits d’une langue internationale et nationale (dans la mesure où il n’est pas celle des Pays-Bas), il est aussi la langue de tous les milieux de pouvoir. Cette position avantageuse a poussé, par réaction, au tournant néerlandophone des pays flamands. Nonobstant, le mouvement de la moedertaal, la langue maternelle flamande (qui ne l’était plus vraiment dès lors qu’il s’agissait d’apprendre le néerlandais à l’école), avait devant lui une rude route, tant l’idée unitaire de l’Etat favorisait le français. Ce sont les écoles qui vont imposer au sein du peuple, petit à petit, le français standard ou le néerlandais (dès lors que sera acquis le principe de l’enseignement en flamand). La loi du 17 août 1873, entérine le bilinguisme du royaume. Las ! Les modalités d’application favorisent encore les francophones. Le mouvement flamand redémarre de plus belle. Et suscite même un pendant wallon, qui déplore la perte des vieux parlers romans. Bref, la langue est-elle un outils ou une identité ? A Bruxelles, l’embourgeoisement des Brabançons crée une nouvelle catégorie de francophones.

 

En 1898, le flamand est reconnu langue officielle, à l’instar du français. Poursuivant sur leur erre, les militants identitaires défendent les uns contre les autres – mais d’un même élan – l’unilinguisme et la séparation. Dans cette perspective, il est logique que les sectateurs du néerlandais réclament pour leur langue des institutions d’enseignement supérieur, l’université de Gand, par exemple (ce qui leur sera, problématiquement, accordé par l’Allemagne pendant la Grande Guerre, puis annulé et finalement réaccordé en 1930). Leurs homologues wallons aspirant eux à un royaume dont la francophonie signerait la modernité. Tout compte fait, en refusant d’accorder aux Flamands ce qu’ils revendiquaient pour eux-mêmes, l’exclusivité territoriale de leur langue, ce sont les francophones qui auront, par une sorte d’égoïsme linguistique, enterré le bilinguisme. Si toutes les langues ont voix au chapitre, il peut y avoir abus de position dominante. Bien entendu, derrière tout cela, il y a des réalités démographiques, sociales, économiques, des remuements et des inquiétudes dont les querelles linguistiques ne sont que des symptômes. Et, dans la vie quotidienne, il faut bien communiquer : on finit toujours par parler un peu la langue du voisin. A Bruxelles, l’hybridation se poursuivit.

 

Pendant la 1ère Guerre mondiale, l’Allemagne pousse ses avantages en Belgique. En favorisant le séparatisme de certains milieux flamands par une partition administrative. Dans cette politique, elle est soutenue, fort logiquement, par les autonomistes wallons. Pour faire bonne mesure, au terme du conflit, la Belgique se voit attribuer, à titre de compensation, les cantons germanophones d’Eupen et de Saint-Vith. Ce qui ne change pas la donne, mais fera ajouter une langue officielle aux deux autres. La loi du 31 juillet 1921, crée trois régions linguistiques : flamande, au nord, française, au sud, bilingue, Bruxelles. Celle du 28 juin 1932, précise les modalités d’application. La 2nde Guerre mondiale offre aux Allemands la possibilité de remettre le couvert de la Flamenpolitik. Le nationalisme flamand verse dans la collaboration. La Belgique, voilà l’ennemi. Si les Wallons ont fourni leur contingent de collaborateurs, ils ne sont pas, d’égale façon, associés à l’occupant. Ces questions ont empoisonné le recensement linguistique de 1947, lequel a provoqué des réactions négatives des Flamands à propos des modifications de la frontière linguistique, dans la couronne bruxelloise notamment.

 

En 1961, les recensements linguistiques sont suspendus. Il n’y a plus, depuis, de données officielles là-dessus. Et, le 8 novembre 1962, la loi fixe définitivement la frontière linguistique : néerlandais au nord, français au sud et Bruxelles bilingue. Un certain nombre de communes à facilité ayant la possibilité de déroger à l’unilinguisme de principe pour des raisons d’intégration. En 1970 sont définies quatre domaines linguistiques – français, flamand / néerlandais, allemand, bilingue – et trois communautés culturelles – française, flamande, allemande – ainsi que trois régions – Wallonie (qui comprend Eupen et Saint-Vith), Flandres et Bruxelles. Politique et administration se fondent sur ces partitions.

Peuples

Horum omnium fortissimi sunt Belgae jugeait César, ce qui eut le don d’exaspérer Abraracourix. Jules ajoutait pourtant que les Belges devaient leur bravoure à leur barbarie, une qualité qu’ils avaient en partage avec le chef gaulois, du moins si l’on en croit Bonemine : J’en ai assez de me sacrifier pour un gros barbare qui n’a pas la jugeotte d’un marcassin (Le bouclier arverne). Aujourd’hui, et de Belges à Belges, l’affaire est linguistique. Les Flamands sont environ 60%. Les Wallons étant donc dans les 39%, puisque les Belges germanophones ne représentent pas 1% du total. Entre les Flamands et les Néerlandais, les différences sont subliminales. Entre les Wallons et les Français, elles suffisent à alimenter un inépuisable vivier de plaisanteries croisées. Entre les Flamands et les Wallons, elles sont l’essence du fédéralisme. Dans tous les cas, les Belges marquent un attachement très réel à leur identité (régionale, sinon belge). L’immigration fournit un peu plus de 10% de sa population au royaume. Les premiers pays d’origine étant l’Italie, 10% des immigrants, la France, 10%, les Pays-Bas, 9%, et le Maroc, un peu plus de 5%.

Religions

L’Etat est neutre quant au Ciel et rémunère les ministres des cultes reconnus : catholique, protestant, orthodoxe, anglican, islamique, israélite. 65% des Belges se disent chrétiens, sur lesquels 58% de catholiques. Un peu moins de 30% sont agnostiques. Comme un peu partout en Europe, le niveau de pratique est inégal. Les juifs sont présents en Belgique depuis au moins le XIIIe siècle. Aujourd’hui, les principaux centres sont Bruxelles et Anvers (dont la communauté orthodoxe est l’une des plus fortes d’Europe). Bruxelles est aussi la première place musulmane du pays. L’immigration marocaine et turque a été le vecteur de l’islam dans le royaume. Le jaïnisme est implanté. Pour l’antoinisme, c’est un mouvement religieux original échappé du christianisme, fondé au début du XXe siècle par le thaumaturge wallon Louis-Joseph Antoine.

Fête nationale

21 juillet : Indépendance de la Belgique, 1831.

Calendrier des fêtes

1er janvier : jour de l’an.

 

Mars ou avril : Pâques (Ascension, 40 jours après Pâques ; Pentecôte, 7e dimanche après Pâques, avec le lundi).

 

1er mai : fête du travail.

 

11 juillet : fête de la communauté flamande (anniversaire de la bataille de Courtrai, 1302).

 

21 juillet : fête nationale.

 

15 août : Assomption.

 

27 septembre : fête de la Fédération Wallonie-Bruxelles.

 

1er novembre : Toussaint.

 

11 novembre : Armistice de 1918.

 

15 novembre : fête de la communauté germanophone.

 

25 décembre : Noël.

Politique

Le Royaume de Belgique est une monarchie constitutionnelle. La constitution (de 1831, plusieurs fois amendée) définit les pouvoirs du roi, qu’il exerce conjointement avec le gouvernement fédéral, ou les instances régionales ou communautaires. Tout acte gouvernemental doit porter la signature du roi et celle d’au moins un ministre. La Belgique est aussi un Etat fédéral, composé de 3 communautés (française, flamande, germanophone) ; 3 régions (wallonne, flamande, bruxelloise) ; de 4 régions linguistiques (française, flamande, allemande, bilingue / Bruxelles-Capitale). Au niveau fédéral, le pouvoir législatif est exercé par le Parlement, composé de la Chambre des représentants (150 membres, élus pour cinq ans) et du Sénat (60 sénateurs, élus pour cinq ans). Le pouvoir exécutif est aux mains du gouvernement (de coalition, en général ; ministres nommés par le roi), dont l’action est coordonnée aux prérogatives du monarque. Régions et communautés ont en outre leurs propres parlements (principe d’équipollence des normes) et gouvernements. Le pouvoir judiciaire est exercé par les cours et les tribunaux.

Histoire

On pourrait commencer plus haut, mais le De Bello Gallico de Jules César, entre 57 et 43 avant JC, fait une bonne entame. Le livre relève la valeur combattante des Belges. Sous Auguste, au tournant de notre ère, est établie la province de Gaule belgique, dont le périmètre excède nettement celui de la Belgique actuelle. L’ordre impérial se met en place, avec les légionnaires, les voies et le latin. Les notabilités belges participent au culte impérial rendu au sanctuaire fédéral des Trois Gaules sur la colline lyonnaise de la Croix-Rousse. A partir du IIIe siècle, les Francs apparaissent. Ils sont refoulés. Reviennent. En 297, l’ensemble belge est divisé. Le pays moderne relève surtout de la Belgica secunda. Au Ve siècle, les Francs prennent pied dans le nord de cette Belgique seconde, puis poussent leur avantage. Clovis est baptisé à Reims et déplace le centre de son pouvoir de Tournai à Paris. Le christianisme, déjà présent en Belgique romaine, connaît dès lors un développement accéléré, dont évêchés et monastères sont le moteur. Avec Charlemagne, le pouvoir s’établit dans la vallée de la Meuse. L’empire carolingien sera partagé entre les petits enfants de l’empereur. En 843, le traité de Verdun fait de l’Escaut une frontière entre la Francie de Charles de Chauve et la Lotharingie de Lothaire 1er. Par la suite, la rive est de l’Escaut entre dans l’orbite germanique.

 

Le Moyen Age voit la consolidation de pouvoirs locaux : Brabant, Limbourg, Luxembourg, Hainaut, Namur, Liège, etc. Et la croissance de villes commerçantes (éventuellement liées à la ligue hanséatique) : Bruges, Gand, Ypres, Tournai, Nivelles, Bruxelles, Louvain. Proximité avec l’Angleterre (exportatrice de laines), voies navigables, reliefs faibles, la région est une plaque tournante du grand commerce européen. Les rois de France et les villes des Flandres en viennent aux mains. La victoire des secondes à la bataille de Courtrai, en 1302, est considérée comme l’acte de naissance de la nation flamande. La principauté épiscopale de Liège se forme à la fin du Xe siècle ; elle va conserver son indépendance jusqu’à celle du XVIIIe. Les ducs de Bourgogne et les Habsbourg devront la respecter. Au XVe siècle, les premiers sont en possession, au nord, d’un vaste ensemble correspondant en gros aux Pays-Bas et à la Belgique actuels. Il s’y développe une civilisation brillante. Que porte une économie dynamique, dont Anvers est le pivot.

 

A la mort de Charles de Téméraire, c’est Charles Quint de Habsbourg qui prend la main. Son règne est marqué par le début de la Réforme. Le calvinisme se répandant dans ses provinces de Pays-Bas, il y introduit l’inquisition. La pragmatique sanction de 1549 accomplit l’unification ébauchée par les Bourguignons. Lorsque l’empereur abdique, les Pays-Bas vont à son fils Philippe, le Leo Belgicus devient espagnol. Ce dont les protestants ne pouvaient se réjouir, ni les tenants des anciens privilèges, d’ailleurs. De rugueuse, la défense du catholicisme se fait violente. Les oppositions s’enveniment au point qu’en 1588 les provinces septentrionales font sécession : Groningue, Frise, Overijssel, Gueldre, Utrecht, Hollande et Zélande prennent le large. Cette guerre de Quatre-Vingts Ans, où se distingue Guillaume de Nassau, le Taciturne, se solde en 1648 par le traité de Münster, en marge des traités de Westphalie. Les Provinces-Unies sont indépendantes ; les méridionales restent espagnoles. Anvers a subi les contrecoups de tout cela. Le XVIIe siècle se passe a dessiner une frontière avec le royaume de France, sans gants. En 1715, les Pays-Bas du sud passent des Habsbourg d’Espagne à ceux d’Autriche.

 

Sous la houlette de Vienne, le XVIIIe siècle est relativement calme et prospère. Ce qui permet peut-être aux habitants des Pays-Bas autrichiens de décanter la rude période achevée et de considérer les cartes, qui tendent à représenter la Belgica Regia comme une entité. Question d’échelle, mais une appartenance commune se dessine. La Révolution française change, en partie, la donne. Révolution brabançonne et révolution liégeoise attaquent de concert le despotisme éclairé de Joseph II (sous les aspects de l’autoritarisme – les libéraux – et du rationalisme – les traditionnalistes, défenseurs des privilèges). En 1790, naît la confédération Etats belgiques unis. Elle vit à peine un an, mais laisse en héritage un nouvel usage du terme Belgique. Bientôt, la 1ère République française annexe les Pays-Bas méridionaux et la principauté de Liège. Elle réorganise tout cela selon ses principes, créant neuf départements. L’Empire suit. Et se met à dos la population, pour des raisons religieuse (ultramontanisme belge) et militaire (enrôlement de plus en plus massif dans la Grande Armée). Néanmoins, aucun enthousiasme non plus pour les Coalisés. Une tiédeur qui vaut aux Belges de rester à la porte du congrès de Vienne.

 

L’affaire se règle donc sans eux. Ils sont intégrés à un Royaume uni des Pays-Bas, qui reconstitue, sous le sceptre de Guillaume 1er d’Orange, les Pays-Bas d’avant 1588. On pouvait y voir de bonnes raisons, la première étant de contenir la France. Cet objectif ne devait pourtant persuader sérieusement la Hollande et les anciens Pays-Bas autrichiens de vivre ensemble. Religion, économie, administration, pendant quinze ans on s’ingénie à prendre les choses en mauvaise part. Pas de pragmatisme qui tienne. Et c’est encore Paris qui rebat les cartes. La Révolution de 1830 a un écho bruxellois et, bientôt, l’armée royale est chassée des provinces méridionales par une révolte quasi générale. L’indépendance est proclamée le 4 octobre et une constitution promulguée le 7 février 1831. Le 20 janvier précédent, les Puissances avaient reconnu le nouvel Etat, neutre. On va pouvoir parler de la Belgique au sens moderne. Puisqu’il faut un roi, on choisit Leopold Georg Christian von Sachsen-Coburg-Saalfeld. Il prête serment le 21 juillet. En 1839, la Belgique doit abandonner l’actuel Limbourg néerlandais et la partie orientale du Luxembourg, le Grand-Duché d’aujourd’hui. Appuyée sur le charbon et le fer, l’industrie belge caracole, d’autant que – canaux, routes, voies ferrées – le réseau de communication s’étend. La colonisation du Congo est une entreprise privée du roi Léopold II, que l’Etat belge reprend à son compte en 1908.

 

En 1914, devant l’invasion allemande, les mécanismes de garantie de la neutralité belge jouent. La France et la Grande-Bretagne appuient la Belgique. Le pays est néanmoins occupé pendant la durée du conflit. La Belgique a les honneurs de la première attaque au gaz chloré de la guerre : l’armée allemande la déclenche du côté d’Ypres le 22 avril 1915. La Flamenpolitik allemande opère comme un levier pour faire sauter le verrou belge. A la fin de la guerre, le royaume se voit octroyer Eupen, Malmédy et Saint-Vith, les cantons de l’Est. Le 1er et le 3e constituent aujourd’hui la communauté de langue allemande. D’une main, on signe alors un accord militaire avec la France, de l’autre, par le suffrage universel masculin, on donne une majorité parlementaire à des Flamands mal disposés envers elle. Et on est mal préparé à la survenue de la guerre. On n’est pas seul dans ce cas. L’Allemagne se réinstalle. Léopold III signe la reddition des troupes et reste. Le gouvernement part à Londres (d’où il exerce un action légale). Rexistes wallons et militants du Vlaams Nationaal Verbond flamand plongent dans la collaboration. Les prisonniers flamands rentrent dans leurs foyers ; les Wallons croupissent dans les stalags. L’occupant joue une partition connue. Restrictions, résistance, STO, déportation des juifs, etc., la Belgique est sous la botte. Pendant ce temps, les troupes belgo-congolaises combattent victorieusement les Italiens en Abyssinie. Elles iront ensuite jusqu’en Birmanie.

 

Après-guerre, la question du retour en Belgique de Léopold III (déporté par les Allemands, libéré par les Américains et accueilli en Suisse) divise les Belges. Pour calmer les esprits, le roi abdique en faveur de son fils Beaudouin. Le royaume a tangué, mais il a tenu. La Belgique est membre fondateur de l’Otan et de la CEE. En Afrique, l’indépendance du Congo est à l’ordre du jour. Elle est obtenue le 30 juin 1960. Dans la foulée, la crise katangaise laisse présager que le processus, précipité, n’ira pas sans mal. En métropole, si l’économie a redémarré vivement, on assiste, avec la crise du charbon (et de la sidérurgie), à un basculement de puissance en faveur de la Flandre. Au nord comme au sud, les militants poussent à une fédéralisation. La frontière linguistique est établie en 1962. Flandre et Wallonie vont vers une autonomie de plus en plus large ; Bruxelles conservant un statut mixte. Néanmoins, la partition formelle, qui poserait des problèmes politiques et pratiques épineux, est évitée. Le 31 juillet 1993, le roi Beaudouin meurt, laissant le pays commotionné.

Personnalités

Georges Remi, Hergé, 1907-1983. Parmi les créateurs qui, comme Picasso ou les Beatles, touchent bien au-delà du public supposé de leur art, il y a Hergé. Point n’est besoin de connaître la bande dessinée pour savoir qui sont Tintin, Milou ou le capitaine Haddock, personnages désormais universels. Seulement, si on s’intéresse au 9e art, c’est mieux. Hergé est un auteur majeur.

 

Eddy Merckx, né en 1945 à Meensel-Kiezegem, Brabant flamand, a été élu athlète belge du XXe siècle. Il faut convenir qu’il n’y a pas grand-chose de ce qui pouvait se gagner à vélo à lui avoir échappé. Cinq Tours de France et cinq Tours d’Italie, record du monde de l’heure, pour dire. Il avait le chic mais, selon un médecin du Tour de France, il était surtout celui qui savait aller le plus loin dans la douleur.

 

Ingrid, baronne Daubechies, née en 1954. En 1994, elle est la première femme a obtenir un poste de professor of mathematics à l’université de Princeton. Elle est par ailleurs titulaire d’une palanquée de distinctions. Une scientifique de haut-vol. Ses travaux portent sur la transformée en ondelettes et ses applications (de l’imagerie médicale à la détection des ondes gravitationnelles). Les connaisseurs apprécient. 

 

Jozef de Veuster, le père Damien, 1840-1889. Il est né à Tremelo, dans le Brabant flamand, et enterré à Louvain, dans la crypte de l’église Saint Antoine, mais le lieu auquel il est associé est Molokai dans l’archipel d’Hawaï, où il a lié sa vie sacerdotale à celle des lépreux. Canonisé par Benoît XVI en 2008. Les deux statues installées par Hawaï dans la National Statuary Hall Collection du Capitole des Etats-Unis sont l’une du roi Kamehameha et l’autre du père Damien.

 

Jan Frans Willems, 1793-1846. C’est sans doute l’invasion des Pays-Bas autrichiens par la France révolutionnaire qui a déterminé l’engagement de ce natif de Boechout, père du mouvement flamand. Homme de lettres, promoteur du néerlandais en Flandres, libéral, fervent orangiste et organiste, il fut blessé par la partition de 1830. Peu après sa mort, le Willemsfonds reprit le flambeau culturel flamand.

 

Jean-Jacques Blairon, dit J. J. Lionel, 1947-2020. Pour illustrer la chanson belge, on pouvait s’attendre à Jacques Brel ou à Arno, voire à Annie Cordy ; rappelons à toutes fins utiles que le Binchois J. J. Lionel fut l’interprète d’un hit recordman, musique de Werner Thomas (Der Ententanz), paroles d’Eric Genty : La danse des canards. Parfois, l’œuvre efface l’artiste.

 

Ann Verhelst, Ann Demeulemeester, est née en 1959 à Courtrai. Aux début des années quatre-vingt, elle fait partie des Six d’Anvers (avec notamment Walter Van Beirendonck et Dries Van Noten), anciens élèves de l’Académie royale des Beaux-Arts d’Anvers, qui vont imposer la Belgique sur les podiums et sur le dos des fashion addicts. Son minimalisme sophistiqué a fait le tour du monde.

 

Amélie Nothomb, née en 1966. Fabienne Claire Nothomb signe Amélie un livre par an depuis Hygiène de l’assassin, en 1992. S’il y a des écrivains qui se la coulent douce, il y en a qui bossent. Ce rendez-vous qu’elle donne à ses lecteurs, et auquel elle est ponctuelle, fait partie du phénomène. La critique la situe côté best-seller ou côté Yourcenar, c’est selon. Et la dame au chapeau s’en fiche.

 

Lise Thiry, 1921-2024. Qu’il s’agisse de virologie, le médecine sociale, des sans-papiers ou des institutions de son pays, cette femme de gauche a fait preuve d’engagement, au sens noble du terme. Elle a contribué a la mise en évidence des processus de transmission du VIH ; œuvré à la dépénalisation de l’avortement ; défendu les étrangers en situation irrégulière. Son itinéraire marque par sa cohérence et sa constance.

 

Anna Boch, 1848-1936. Cette fille d’industriel dans la faïence a permis à Vincent van Gogh de réaliser l’une de ses très rares ventes directes : La vigne rouge à Montmajour, 1888. Elle était elle-même peintre néo-impressionniste de talent et avait l’œil. Elle fut membre du groupe d’avant-garde bruxellois Les Vingt et du salon des beaux-arts d’Ostende, avec Anna De Weert et Louise Danse.

Savoir-vivre

Le pourboire est à l’appréciation des clients. Pour toute personne intervenant dans le cadre des prestations achetées par notre intermédiaire, il ne se substitue jamais à un salaire. Néanmoins, il est d’usage un peu partout dans le monde de verser un pourboire lorsqu’on a été satisfait du service.

En ce qui concerne le personnel local - serveurs, porteurs, etc. - les usages varient. Le mieux est d’aligner votre pourboire sur le prix d’une bière, par exemple, ou d’un thé, d’un paquet de cigarettes. Il vous donne un aperçu du niveau de vie et vous permet, comme vous le faites naturellement chez vous, d’estimer un montant.

 

On dit septante pour 70 et nonante pour 90, mais moins octante pour 80, curieux. Et, pour friterie, on dit friture.

 

Attention aux repas : déjeuner le matin, dîner à midi et souper le soir.

 

Les Français ne savent pas le flamand en général. Les Flamands ne leur en tiennent pas rigueur. Au besoin, un détour par l’anglais simplifie les choses.

 

On ne plaisante pas les particularismes, les gens y sont réellement attachés.

 

Les carnavals (qui culminent le mardi gras) sont des moments de liesse populaire spécialement fervents. La participation ne se dément jamais. Le carnaval de Binche, dont l’origine remonte au moins au XIVe siècle, est, avec ses Gilles, inscrit au patrimoine oral et immatériel de l’humanité. Il y a en Wallonie plus de quinze carnavals importants. Les géants de la ducasse d’Ath (autre ville du Hainaut) sont eux aussi fort célèbres. Ils sortent fin août-début septembre. L’ommegang de Malines (province d’Anvers) ferme tous les vingt-cinq ans la cavalcade de Hanswijk, par un  défilé de chars et de géants, qui s’appellent Opsinjoorke, Goliath, Ros Beiaard, les chameaux, etc. Parmi les processions religieuses, relevons celle du Saint-Sang de Bruges ; elle se déroule le jour de l’Ascension.

 

Le théâtre de marionnettes jouit toujours d’une véritable popularité. Pour s’en faire une idée, on se rend au Théâtre Royal de Toone à Bruxelles (où se trouve aussi un estaminet des plus recommandables).

Cuisine

Les pommes de terre, les endives (chicons), les choux de Bruxelles ou les asperges sont des légumes classiques. Du persil est volontiers ajouté aux préparations. La mer fournit, c’est entendu, des ingrédients premium, à commencer par les moules. Le bœuf et le porc viennent, avec le coucou de Malines, en tête des viandes. Le filet d’Anvers, le jambon fumé d’Ardenne, le saucisson à la bière, le bloedpanch, le kipkap (un pressé de porc) sont des préparations charcutières fameuses. A la table des auberges appartiennent les choesels bruxellois, abats de bœuf cuisinés au lambic et au madère. Le boulet de Liège est un hachis de viande roulé, cuit dans une sauce au sirop, réduction de jus de pomme et poire. La carbonnade flamande, bœuf braisé à la bière (et au pain d’épice ou spéculoos), a intégré le répertoire international. C’est à Gand au XIIIe siècle qu’est né le waterzooï, poisson ou poulet au bouillon, avec légumes et jaune d’œuf. A l’origine, y entraient surtout barbeau, brochet, anguille. Cette dernière est succulente au vert, dans une sauce à laquelle peuvent convenir la sauge, la menthe, l’oseille, le cresson, le persil, etc. Pour accompagner les viandes, il n’y a pas que les frites, mais encore les pommes de terre : le stoemp est une purée à laquelle on ajoute endive, petits pois, chou, ou autre, du laurier et du thym. Quant au vol-au-vent, c’est une croûte de pâte feuilletée, garnie. L’appareil est souvent à base de poulet, mais il peut varier beaucoup : ris de veau, boulettes, fruits de mer.

 

La tarte au riz, spécialité de Liège et du Limbourg, permet d’introduire les desserts. Il s’agit d’une tarte au riz au lait et œuf. La tarte à maton de Grammont est faite avec du lait caillé. On cuit au four les rombosses, pommes à la cannelle enveloppées de pâte. Le cramique – pain brioché aux raisins secs – se trempe dans le chocolat ou le café, se beurre et accompagne même le foie gras. Le cougnou, qui en est proche, apparaît au temps de Noël ; il a la forme d’un enfant emmaillotté. La Belgique s’est fait une spécialité du chocolat. Tout le monde le sait. La praline, chocolat fourré, a été créée par Jean Neuhaus, Jr. en 1912.

 

Street food : les frites – Bintje et graisse de bœuf – sont évidemment l’en-cas n° 1, et pas que. Elles se prennent au frikot, la baraque à frites, qui est, mieux qu’une baraque, un véritable comptoir. Les fricadelles, saucisses d’un peu tout, accompagnent souvent. Elles peuvent entrer dans le montage de la mitraillette : baguette garnie d’une viande, de frites et d’une sauce (cocktail, Hannibal, mayonnaise, pickles, tartare, etc.). Le pistolet est un petit pain rond bruxellois, qu’on fourre d’ingrédients sucrés ou salés. Les croquettes de crevette grise doivent à la mer du Nord leur composant distinctif. Le maatje, hareng primeur, en vient aussi. Les cuberdons / neuzekes sont des bonbons pyramidaux, souples (gomme arabique) et fruités. Enfin, n’allez pas confondre la gaufre de Bruxelles et celle de Liège. La première est rectangulaire, légère et complétée ; la seconde, ovale et plus dense, se suffit à elle-même.

Boissons

La bière belge est inscrite au patrimoine immatériel de l’humanité. Ce qui confère à la mousse d’outre-Quiévrain une dignité particulière. Et l’autorise autant que Notre-Dame de Tournai, par exemple. Parmi toutes ces fermentations, retenons peut-être les bières de table, que leur faible teneur en alcool permet de boire pour se désaltérer. Elles sont à fermentation basse (ajout de levures Lager, actives autour de 10°). Avec les bières d’abbaye, on entre dans l’aristocratie du houblon. Elles sont brassées par des maisons qui n’ont de cénobitique que le nom, mais qui maintiennent une tradition. Des moines brassent en revanche des bières trappistes à Orval, Westvleteren, Westmalle, à Forges près de Chimay et à Rochefort. Celles-ci sont à fermentation haute (ajout de levures Ale, actives autour de 20°). Ce sont la vallée de la Senne et le Pajottenland qui produisent le lambic, à fermentation spontanée (sans ajout de levures). Celui-ci, qui est acide, se boit tel quel (à la pression dans les bonnes adresses bruxelloises) ; on en combine plusieurs pour faire des gueuzes ; des fruits y sont mis à macérer : griottes pour la kriek, mais aussi framboises, raisins, abricots, etc. N’allons pas oublier cependant qu’il y a une viniculture belge, comptant cinq AOP : Hageland (Brabant flamand) ; Haspengouw (Limbourg) ; Maasvallei (Limbourg) ; Sambre et Meuse ; Heuvelland (Flandre occidentale). Il s’agit souvent de renouer avec des traditions anciennes. Le genièvre est l’alcool caractéristique, on l’appelle pékèt en wallon et jenever en flamand. C’est un trait d’union, qui peut néanmoins attiser les passions divergentes. Enfin, sachez que Ritchie Cola est 100% belge.

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