Italie

Visiter Naples & sa baie

Visiter Naples & sa baie

Débordante de vie, d’histoire et de tragédies, cette ville-volcan entourée d’îles idylliques se dévore comme un bon roman.

 

On lui préfère parfois Rome, mythique et ancestrale, ou Palerme, ville-musée à la sicilienne. Naples, c’est la mauvaise fille, l’impétueuse dont on murmure la mauvaise réputation. C’est la capitale du sud qui a traversé les siècles en préservant son sacré caractère : éruptif. Pourtant, depuis quelques années, Naples séduit de plus en plus. Sous l’impulsion d’Elena Ferrante et de sa saga L’Amie prodigieuse, on se prend à rêver de tranches de vie napolitaines. Car aux voyageurs qui osent, cette ville réserve tout son or.
Sur la route entre Rome et Capri, on débarque à Naples dans un bordel dingue! On faufile sa Fiat 500 au travers d’étroites ruelles, évitant trottoirs escarpés et terrasses de cafés. Voici le populaire quartier de Sanità, via Vergini, le linge vole aux fenêtres et les poissonniers étalent leurs barriques de coquillages devant le palazzo dello Spagnolo et son étonnant escalier du XVIIe. Passé et présent cohabitent ici dans une effervescence joyeuse. Tout ce périple pour atteindre la Casa d’Anna, maison d’hôtes nichée à l’abri des regards, dans une cour intérieure et au troisième étage d’un palazzo vieux de quatre siècles. Sols en marbre, tableaux contemporains, antiquités chinées avec soin, esprit Art déco et sublimes hauteurs sous plafond… Après quelques confitures et cakes faits maison, Davide et Ken vous installent dans une de leurs quatre chambres.

 

Les richesses du passé

On quitte ce cocon pour retrouver le cœur battant de la Spaccanapoli, cette artère antique fend littéralement la ville en deux, dévoilant à travers son architecture et ses monuments, la richesse de son passé. Grec, étrusque, romain, normand, anjou, aragon, bourbon : les règnes successifs ont laissé à la ville d’incroyables vestiges. Au-dessus d’un théâtre romain, une église gothique devenue baroque. Un peu plus loin, la basilique San Lorenzo Maggiore, un monument retraçant à lui seul les di«érentes époques de Naples et de ses civilisations. Puis, bien sûr, on aime se perdre dans les Quartiers
espagnols, où églises et palazzos côtoient immeubles délabrés et populaires.

 

Jérôme Galland

 

En constante éruption de vie

C’est en s’éloignant du centre que l’on découvre les paisibles collines de Posillipo, ses villas Art Nouveau, la crique cachée de la Gaïola et les ruines du palazzo Donn’Anna… Sur les hauteurs du Vomero siège le château Sant’Elmo, on y savoure l’incroyable panorama sur la baie. Au loin, le Vésuve, cette menace permanente qui incite les Napolitains à vivre chaque jour comme si c’était le dernier. Près de deux mille ans après la disparition de Pompéi et d’Herculanum (en l’an 79) et quelque soixante-quinze ans après son dernier soubresaut (qui eut lieu en mars 1944), le volcan trône sur la ville. Alors, pour conjurer le sort, il y a les cornes, les piments, les photos de chers disparus à chaque coin de rue. Superstition et tradition païenne ou religieuse, métiers ancestraux : finalement, Naples tire de son passé une constante éruption de vie. Et quelques heures suffisent pour comprendre que le trésor de Naples est définitivement humain.
À l’heure de l’aperitivo, direction le quartier branché de la Chiaia ou la place Bellini pour siroter un spritz en compagnie des locaux. En fin de soirée, on se mêle à la foule sur le front de mer. Coincée entre la colline et le golfe, la “route des vice-rois” invite à flâner entre l’agréable Riviera et ses villas cossues. L’art d’être napolitain se cache sans doute dans ce savoureux équilibre, mélange d’épicurisme et d’énergie méditerranéenne.

 

Photographie de couverture : Jérôme Galland