Avec Maria Cordente Ruiz, conseillère Espagne à Voyageurs du Monde, Aurélie Delgado, chef de produits Espagne et Canaries chez Voyageurs du Monde, Jean-Pierre Chanial, écrivain, journaliste et grand voyageur et Michel-Yves Labbé, président de l’application Départ Demain.
La Pays Basque, tout proche
Valérie Expert démarre au quart de tour sur la région la plus proche de la France : le Pays Basque et évoque San Sebastian, “une ville qui a énormément bougé”. Maria Cordente Ruiz confirme : “La région autrefois industrielle a très bien su se reconvertir dans le tourisme”. Elle donne l’exemple du musée Guggenheim à Bilbao. Michel-Yves Labbé surenchérit : “Quand ils ont ouvert le musée, je me suis dit que c’était un truc formidable pour des weekends. A cette époque-là, les hôteliers faisaient des prix extrêmement bas le weekend. Ils n’avaient pas compris que le musée allait leur ramener du monde ! L’année suivante, c’était deux fois plus cher que la semaine”.
Surfeurs à Saint-Sébastien - Pays Basque - Espagne / Malte Jaeger/LAIF-REA
Outre Bilbao, Valérie Expert reprend l’idée d’un weekend à San Sebastian. Maria Cordente Ruiz ajoute : “Je dirais même qu’un court séjour au Pays Basque est tout à fait possible, les distances sont courtes, vous avez la mer, la montagn<e”. Elle donne particulièrement l’exemple du village de Getaria, de son musée Balenciaga et de l’hôtel Iturregi, “splendide, d’où on peut rayonner : on est à vingt minutes de San Sebastian, on peut aller se baigner, se promener et aller passer une journée à Bilbao…”
La culture des pintxos et la gastronomie
… Et aussi se régaler de pintxos ! Mais attention, il s’agit d’une vraie culture et selon Maria Cordente Ruiz, “il faut mieux être avec un habitant et changer d’endroits : on sait qu’à tel endroit on y va pour tels pintxos”. Valérie Expert profite de cet égarement culinaire pour demander ce qu’est la différence entre tapas et pintxos. “Ce sont des tapas améliorés”, explique tout simplement Maria Cordente Ruiz. Aurélie Delgado enchaîne en conseillant une excellente bodega insolite à Bilbao, sous l’eau : “On prend un petit bateau, les bouteilles sont conservées à la température de l’eau”. Michel-Yves Labbé s’imagine déjà en train de boire avec un tuba. Trève de plaisanterie et après avoir fait rire ses acolytes, il précise que San Sebastian est LA capitale gastronomique de l’Espagne, où il y a le plus d’étoiles Michelin, “et les trois étoiles espagnols sont beaucoup moins chers que les Français”.
Gastronomie espagnole par Malte Jaeger/LAIF-REA
Un faible coût de la vie
La conversation dérive sur le faible coût de la vie en Espagne, “un argument qui explique pourquoi plus de onze millions de Français y sont allés en vacances en 2017”, analyse Jean-Pierre Chanial. Surtout, il parle d’un pays où “l’on peut aller mille fois. Ses dix-sept régions ont chacune leur authenticité, leur identité. Dans chacune, on recommence un nouveau voyage en Espagne”. Il avance un dernier argument : la population, “des gens sincères et authentiques et une vraie qualité de vie, dans la gamelle et dans l’hébergement”, tout en mettant un léger bémol sur les côtes… Maria Cordente Ruiz en profite pour parler de ces fameuses côtes bardées de touristes l’été mais merveilleuses hors saison comme la Costa Brava.
Soirée dans un restaurant de Madrid par Gunnar Knechtel/LAIF-REA
L’hôtellerie
Mais quid de l’hôtellerie ? Hors des sentiers battus ou non, elle est d’excellente qualité, selon tous les invités de Valérie Expert. Michel-Yves Labbé ajoute qu’elle a su se renouveler ces vingt dernières années avec une force, celle de faire du design dans les vieilles pierres. Il revient également sur le coût faible de “ces chambres de qualité”.
Chambre de l'Arima Hotel
Les régions à découvrir en quelques jours
Maria Cordente Ruiz parle de Madrid, souvent oubliée. “On pense toujours à Barcelone, surenchérit Michel-Yves Labbé, mais Madrid est beaucoup plus monumentale, a beaucoup plus de musées…” Aurélie Delgado donne des pistes pour se balader à Madrid hors des sentiers battus : “Chaque quartier a une identité particulière. A Voyageurs du Monde, on propose de découvrir la ville avec un local francophone, de bonnes adresses gastronomiques, d’aller à l’opéra, et puis à Madrid, on se sent vraiment en Espagne, contrairement à d’autres villes”. Elle parle aussi des bars, qu’on trouve partout et suggère une découverte de la ville à travers les bars des grands écrivains ou à travers ceux des films d’Almodovar. Maria Cordente Ruiz enchaîne sur la fameuse alegria, la joie de vivre et de sortir, particulière aux Espagnols.
La Galice
Saint-Jacques de Compostelle vient d’abord à l’esprit de tous. Jean-Pierre Chanial évoque sa cathédrale du XIIIème siècle : “un monument exceptionnel où je recommande d’aller à la messe le dimanche, quelle que soit sa religiosité”. Il ajoute également que contre toute attente de “barnum religieux et commercial, d’afflux touristique, il s’agit d’une ville qui a gardé toute son authenticité”. Il évoque aussi du parvis de la cathédrale où les pélerins du monde entier se retrouvent dans un esprit de convivialité, de fraternité…” Il précise pourtant que ce n’est pas de Saint-Jacques dont il voulait parler - ce qui déclenche le rire de tous ses comparses - mais surtout du bord de mer et particulièrement de séjours dans des petits ports tels que Sanxenxo, tout au nord-ouest, “dans cet arc celtique que les gens revendiquent”. Dans les petits ports, Jean-Pierre Chanial raconte qu’on est “au cul du bateau, on mange des sardines, des fruits de mer, des poulpes, on consomme des tapas à même pas un euro pièce, c’est convivial, il y a des petits bistros où on refait chaque soir le monde, on a la culture du granite, même dans les vignes qui sont à une dizaine de kilomètres à l’intérieur des terres car les piquets qui tiennent les vignes sont en granite !”. Maria Cordente Ruiz ajoute qu’il existe même des vols directs Paris - Saint Jacques de Compostelle.
Ribadeo - Galice - Espagne / Getty Images/iStockphoto
Les Asturies
Michel-Yves Labbé compare la Galice à l’Irlande “avec un peu plus de soleil !”, tout comme la région voisine des Asturies. “On y arrive en avion par Oviedo où on peut séjourner car c’est une ville historique très intéressante, on y fait de la randonnée autour de lacs en altitude dans le parc naturel des Pics d’Europe, on y mange très bien, on y boit du cidre local”, explique Aurélie Delgado. Pour ceux qui aiment la plage, elle conseille celle des Cathédrales, à la frontière de la Galice.
La Navarre
Encore plus hors des sentiers des battus, la Navarre à l’est des Asturies se visite idéalement en automne. Michel-Yves Labbé parle de vin incroyable, de rioja et de voyages thématiques à faire. “On peut même faire une balade à cheval dans les vignes”, précise Aurélie Delgado. Quant aux hôtels, Michel-Yves Labbé ajoute que les vignobles ont su investir et mentionne le Marqués de Riscal, oeuvre de l’architecte Frank Gehry. Valérie Expert oriente ensuite ses invités vers le désert, très méconnu, des Bardenas, “où l’on se croirait dans l’ouest des Etats-Unis et que l’on peut découvrir à pied, en 4 x4 ou à cheval et qui est étonnamment entouré de risières”, décrit Aurélie Delgado. Elle conseille aussi de dormir - ou en tout cas d’essayer ! - dans les chambres bulles de l’hôtel Aire à côté du désert.
Valence
“Il fait beau toute l’année à Valence !”, s’exclame Michel-Yves Labbé, enthousiaste, tout comme les autres invités de l’émission qui parlent d’un très beau bord de mer moderne, du centre historique, de belles plages, de verdure, de micro-climat… “C’est aussi ici qu’a été inventée la paëlla !”, annonce Jean-Pierre Chanial. Michel-Yves Labbé évoque le marché couvert, “magnifique, avec moins de monde qu’à Barcelone, et moins de pickpockets !”. Pour l’hébergement, Aurélie Delgado conseille l’hôtel Caro et Michel-Yves Labbé, le Palao del Mar.
L’Andalousie au printemps
Pour Michel-Yves Labbé, l’Andalousie au printemps est un pur bonheur : “des grandes prairies, des vallons encore verts”. Il existe des vols directs pour Séville, Grenade, Malaga depuis Paris. Mais comment découvrir Séville, Cordoue, Grenade de manière différente ? En suivant la fabrication des éventails andalous par exemple, ou en rencontrant un torrero et en découvrant la symbolique du taureau, en allant à un pélerinage de Gitans, ou encore en observant la Semaine Sainte depuis un balcon, telles sont les suggestions d’Aurélie Delgado.
Matthieu Salvaing
A propos de Semaine Sainte, Maria Cordente Ruiz conseille plutôt aux auditeurs de la vivre en Castille, à Cuenca par exemple, “c’est moins connu, on est moins nombreux, on peut s’approcher un peu plus de cette culture populaire et il y a même un festival de musique religieuse ”.
L’Andalousie du bord de mer
Michel-Yves Labbé emmène les auditeurs dans une autre Andalousie, celle qui borde l’océan Atlantique de Jerez à Algeciras “qui fait aussi un penser à l’Irlande, en beaucoup plus ensoleillé, et Jerez est une ville magnifique, réputée pour son vinaigre, son vin et les chevaux !”. Jean-Pierre Chanial, lui, insiste pour aller encore plus loin que Jerez vers le Portugal, dans un vaste parc naturel à 600-800 m d’altitude, classé à l’Unesco, avec des tous petits villages comme Aracena et Aroche : “On y trouve l’Espagne traditionnelle avec la place centrale, deux-trois bistros où on se fait amis avec tout le monde. On peut loger dans des fermes ou dans un couvent reconverti en hôtel 4 étoiles à Aracena”. En se baladant dans la verdure, Jean-Pierre Chanial signale que l’on peut se retrouver entourés de petits cochons noirs : “Ce sont eux qui donnent les fameux pata negra, le jambon, c’est une religion avec laquelle on ne plaisante pas : les cochons se baladent en liberté, le jambon est affiné pendant une période de dix-huit mois à quatre ans…”.
Les Canaries
“Lanzarote vaut vraiment le déplacement, c’est une île insolite, lunaire. On peut éviter les deux grandes stations balnéaires en allant sur les très belles plages du sud et aussi visiter les volcans”, révèle Maria Cordente Ruiz. Pour éviter les grands hôtels et le tourisme de masse, Aurélie Delgado conseille les maisons d’hôtes comme la Casa Dominique tout au nord de l’île, à Caleta de Famara, réputé pour le surf. Il y fait beau toute l’année mais pour se baigner, Michel-Yves Labbé recommande de ne pas y aller avant mars ! Aurélie Delgado enchaîne sur la route des vins avec des vignes protégées du vent par la lave, et recommande aussi le nord de l’île avec ses petits villages, loins des touristes. Elle ajoute : ”Du nord de l’île, on peut aller pour la journée dans la petite île de La Graciosa, dont on peut faire le tour à pied ou en vélo et pratiquer la plongée”.
Malte Jaeger/LAIF-REA
Maria Cordente Ruiz mentionne ensuite le petit bijou qu’est l’île de La Gomera. “On y va en bateau depuis Tenerife, on y découvre une forêt féérique, des petits ports.” Michel-Yves Labbé a une autre île en tête “pour faire plaisir à Jean-François Rial qui n’est pas là : El Hierro, l’île la plus écolo au monde, “ils ont fait un coup formidable : au nord de l’île, ils ont creusé des bassins et comme il y a souvent du vent et construit des éoliennes qui font monter l’eau de la mer jusqu’aux bassins. Quand il n’y a plus de vent, ils relachent l’eau, ça passe dans les turbines et produit de l’électricité”.
La carte postale de Michel-Yves Labbé
—
Un road-trip de quelques jours depuis Madrid
Michel-Yves Labbé met d’abord le cap vers le nord-ouest à 45 minutes de Madrid et El Escorial, “un bâtiment très austère avec un intérieur plus flamboyant, dans un décor étonnant de montagnes”. Il parle d’une “fultitude de choses à voir : la crypte royale où sont enterrés les rois d’Espagne, la crypte des enfants et des épouses, le palais, la bibliothéque dans laquelle les livres sont posés dos au mur de façon à aérer les pages !”
Puis il emmène les auditeurs dans la Sierra de Guadarrama au monument de la vallée de Los Caidos, austère et surplombé d’une croix en pierre de 150 m de haut, dédié à tous ceux qui sont tombés pendant la guerre civile espagnole : “Au départ, on y a hébergé les Franquistes puis à partir de 1958, on a décrété que c’était aussi pour les Républicains”. A l’intérieur du monument, creusée dans la pierre, se trouve la tombe de Franco.
Quarante minutes de voiture plus tard, on arrive à Ségovie, “une ville magnifique, à 1000 mètres d’altitude, entourée de remparts percés de portes immenses, l’aqueduc romain qui traverse la ville est magnifique et parfaitement conservé”. Ancienne capitale de la draperie, elle est truffée de vieux hôtels particuliers et la nuit, elle est parfaitement mise en lumière et il faut y passer la nuit de préférence au Parador ou le Covento di Capuccino.
Deuxième jour de périple : direction Avila, autre ville d’altitude à moins d’une heure, “une ville entourée de remparts, qui respire le mystique, bourrée d’églises romanes et berceau du christianisme en Espagne”. Aujourd’hui, la ville vit de casernes militaires et de sa sainte locale, Thérèse d’Avila, “une des grandes mystiques de la chrétienté, morte dans la nuit du 5 au 14 octobre 1582 !” C’est en effet ce jour-là que l’Espagne est passée du calendrier julien au calendrier grégorien, la nuit la plus longue de l’humanité…
Une heure plus tard, l’aventure continue aux confins de Salamanque, ville tout aussi splendide que joyeuse : “Avec ses 40 000 étudiants, Salamanque ne s’ennuie jamais, ça chante, ça discute, ça refait le monde”. Il conclut sa carte postale par une virée gastronomique pour goûter au “meilleur jambon du monde, le Bellota, séché par le vent de la Sierra à Guijuelo” avant de rentrer à Madrid par l’autoroute ou en faisant un petit crochet par Tolède : “Bref, un gros weekend revigorant, vous allez adorer !
À (ré)écouter − Radio Voyageurs 100% Espagne
Photographie de couverture
PAULINE CHARDIN