Mille deux cents ans après son apogée, la civilisation maya n’en finit pas de livrer ses mystères. En 2018, une mission d’archéologie révélait l’existence au nord du Guatemala de dizaines de milliers de ruines jusqu’alors inconnues. Émergeant de l’épaisse jungle couvrant un territoire aujourd’hui réparti entre Mexique, Guatemala, Belize, Honduras et Salvador, les vestiges mayas témoignent de l’avancée et de l’organisation de cette civilisation. Une culture comparable à celle de la Grèce antique ou de la Chine pour sa maîtrise de l’astronomie, des mathématiques ou encore de l’agriculture. Longtemps sous-estimée, la population maya aurait, en réalité, culminé entre 10 et 15 millions d’individus. Le déclin de cette grande civilisation reste quant à lui encore inexpliqué. Pour la plupart excavées seulement à partir du XIXe siècle, les anciennes cités mayas constituent aujourd’hui la clef de voûte d’un voyage dans la région. Tour d’horizon des plus beaux sites par pays.
MEXIQUE
Chichén Itzá
En bref : Chichén Itzá est classé parmi les Sept Merveilles du monde moderne et au patrimoine mondial de l’Unesco pour son architecture exceptionnelle et la richesse des sculptures et mosaïques. Développé pendant près de mille ans, fusionnant la culture maya et toltèque, ce fut l’un des principaux centres religieux, militaire, politique et économique des Basses-Terres.
Monumental : parmi les nombreux édifices – temple du Jaguar, temple des Guerriers, maison des Aigles, mur du Crân El Castillo, ou temple de Kukulcán… – se démarque, dédié au dieu serpent. Une pyramide à degrés, de 24 mètres de haut. Les 365 marches de ses quatre escaliers participent à la dimension astronomique du lieu.
Le site : situé sur un plateau calcaire, 120 kilomètres à l’est de Mérida, Chichén Itzá est organisé autour de deux cénotes sacrés. Le site s’étend sur 10 kilomètres carrés.
Le bon moment : lors des équinoxes de printemps et d’automne, les rayons du soleil frappant les marches des escaliers nord d’El Castillo projettent l’ombre d’un reptile glissant le long de la pyramide. Un hommage parmi d’autres à Kukulcán.
Chichen Itza - javarman3 / Getty Images / iStockphoto
Tulum
En bref : la situation exceptionnelle de Tulum, sur la mer des Caraïbes, a fait de cette cité maya l’un des principaux points d’échanges maritimes dès le Xe siècle, entre des cités majeures telle Cobá et d’autres provinces et même pays d’Amérique centrale. Stratégique, édifiée sur un promontoire serti de murailles, la cité fut habitée jusqu’à l’arrivée des conquistadors espagnols.
Monumental : si El Castillo rappelle l’architecture de cités plus imposantes, le temple du dieu du vent, surplombant la mer turquoise et une petite plage idyllique, remporte la palme.
Le site : de taille modeste, il compte parmi les plus faciles d’accès. Revers de la médaille, sa proximité des grandes cités balnéaires du Yucatán en fait l’un des sites les plus visités.
Le bon moment : à la première heure, pour deux raisons : admirer le lever de soleil et éviter la foule.
El Castillo, Tulum - Tanaonte/Getty Images/iStockphoto
Cobá
En bref : sur plus de 80 kilomètres carrés, les ruines de Cobá sont constituées de trois grandes zones reliées entre elles par un important réseau de chemins de pierres ("sacbeob") et bordées de deux lagunes. Il s’agit de l’une des deux plus importantes cités mayas de la période classique avec sa grande rivale, Chichén Itzá.
Monumental : la pyramide de Nohoch Mul ("grande colline"), 120 marches et 42 mètres d’ascension (un privilège rarement autorisé sur d’autres sites). Récompense au sommet : la vue à 360 degrés sur la forêt vierge et les deux lagunes.
Le site : sa situation reculée au beau milieu de la péninsule a longtemps préservé ce site découvert seulement au milieu du XIXe siècle. L’excavation limitée d’une grande partie du site laisse l’impression agréable de son enfouissement dans la végétation.
Le bon moment : en fin de journée, lorsque les bus de visiteurs repartent et que l’astre solaire embrase la jungle, la température est alors plus agréable.
Nohoch Mul, Cobá - flu4022/stock.adobe.com
Palenque
En bref : le génie architectural et la finesse des stucs et des sculptures retraçant la mythologie maya valent au site d’être classé au patrimoine mondial de l’Unesco. Un ensemble cérémoniel du VIIe siècle unique en son genre.
Monumental : la "pyramide des Inscriptions" renferme la sépulture de K’inich Jannab’Pakal Ier et les hiéroglyphes mayas les plus détaillés jamais découverts.
Le site : située dans l’État du Chiapas, l’ancienne cité épouse les contreforts du fleuve Río Usumacinta. Les archéologues estiment avoir excavé seulement 10% de sa surface totale.
Le bon moment : au petit matin, lorsque le site est encore calme et nimbé de brume. Mystique !
sunsinger - stock.adobe.com
Calakmul
En bref : rois et nobles mayas ont érigé ici palais, temples-pyramides et tombeaux dans ce qui fut l’une des principales cités de la civilisation maya entre les III et VIIe siècles. Calakmul se distingue par la richesse des ornements et objets précieux qui y ont été découverts.
Monumental : le Chiik Nahb, une acropole de douze mètres de haut dont la structure est ornée de fresques, rares et extrêmement bien conservées, représentant la vie quotidienne maya.
Le site : Calakmul est situé au cœur d’une biosphère de plus de 300 000 hectares reconnue comme le troisième haut lieu de biodiversité du monde. L’intégration du site dans ce sublime "enfer vert" témoigne de la gestion habile des Mayas en matière d’environnement et d’agriculture.
Le bon moment : la densité du site mérite de commencer tôt sa visite. Accompagné d’un guide privé il est possible d’y accéder avant l’ouverture officielle.
Calakmul - Getty Images / iStockphoto
Uxmal
En bref : à 60 kilomètres de Mérida, dans les terres arides du Yucatán, Uxmal est l’un des sites cérémoniels emblématiques de l’architecture Puuc, particulièrement bien préservé. L’articulation du site selon des principes astronomiques et topographiques en fait sa particularité. La richesse de l’iconographique témoigne de la place centrale occupée par la cité dans la civilisation maya.
Monumental : la "pyramide du Devin", une pyramide elliptique de 35 mètres de haut est unique au monde. Cinq temples y sont superposés. Au sommet, la façade du temple IV marque le culte de Chac, le dieu de la pluie.
Le site : palais du gouverneur, quadrilatère des Nonnes, maison des Tortues… Malgré une ampleur comparable à Chichén Itzá, Uxmal reste moins fréquenté.
Le bon moment : il est possible de visiter le site de nuit et de profiter d’un spectacle de lumières projetées sur les monuments. Magique !
Uxmal - scott/stock.adobe.com
GUATEMALA
Tikal
En bref : considérée comme "l’Angkor Vat des Amériques", découverte seulement en 1848, cette cité-État perdue au nord du Guatemala domina au cours de son âge d’or l’ensemble de la péninsule du Yucatán.
Monumental : difficile de désigner le plus impressionnant entre le temple du Grand Jaguar, pyramide à neuf degrés de 47 mètres de haut, ou le temple IV et ses 65 mètres, dont la vue imprenable apparaît dans le premier opus de la saga Star Wars.
Le site : aujourd’hui encore limitée à 16 kilomètres carrés, la zone de fouilles représente un quart de la cité qui reste enfouie sous la végétation.
Le bon moment : visiter Tikal en février ou mars permet d’éviter la haute saison et de profiter d’une météo plus clémente. Le lever du soleil sur les ruines est un moment inoubliable.
Parc National de Tikal - Getty Images / iStockphoto
El Mirador
En bref : sans doute la plus ancienne métropole des Amériques. Érigé il y a plus de deux mille ans, découvert seulement en 1926, El Mirador est aujourd’hui considéré comme l’un des berceaux de la civilisation maya. Une cité de grande influence au cœur du royaume de Kan, dont la population à son apogée est estimée à 200 000 habitants.
Monumental : la Danta (le "tapir"), pyramide qui culmine à 72 mètres et dont pourtant la plus grande partie reste invisible. Elle dépasse en volume la grande pyramide de Gizeh, en Égypte.
Le site : la localisation, à deux jours de marche du premier village, et la gangue de végétation qui couvre encore la majorité des ruines confère au lieu une atmosphère de citée perdue.
Le bon moment : en mars, à la saison sèche, indispensable pour envisager la marche d’approche.
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BELIZE
Caracol
En bref : la forêt de Chiquibul a longtemps gardé les secrets de cette cité maya avant de révéler son ampleur en 1985. L’organisation urbaine et agricole mise à jour ici a apporté un éclairage considérable sur la culture maya. À son apogée au VIe siècle, la cité dominait la région, prenant le pouvoir à sa voisine, la célèbre Tikal.
Monumental : Caana, "lieu du ciel", un complexe de palais et de temples qui culmine à 43 mètres et représente le plus haut édifice du Belize.
Le site : à 76 kilomètres à vol d’oiseau de Tikal, au Guatemala, Caracol est nettement moins visité. La beauté des céramiques, des fresques et des sculptures mérite à elle seule le voyage.
Le bon moment : à la saison sèche, de décembre à mai, lorsque la jungle des monts Maya est la plus accueillante.
Caracol - karagrubis/stock.adobe.com
Xunantunich
En bref : dominant la rivière Mopan, à la frontière du Guatemala, Xunantunich devient un site cérémoniel important dès l’an 1000 avant notre ère. La cité garde de son apogée au VIIe siècle d’importants vestiges pyramidaux, palais et tombeaux ornés de fresques en stuc.
Monumental : temple pyramidal de 30 mètres de haut, dont l’ascension autorisée offre un point de vue imprenable sur l’ensemble de la cité et la jungle environnante.
Le site : ses dimensions modestes permettent de le visiter en parcourant en quelques heures l’ensemble des vingt-cinq monuments principaux. Une partie du site est encore fouillée. En 2016, les archéologues ont découvert ici la plus grande sépulture du Belize.
Le bon moment : traverser la rivière et effectuer la petite marche pour rejoindre le site au petit matin, lorsque la jungle se réveille.
El Castillo, Xunantunich - Milos Kubus/Fotolia
Lamanai
En bref : posté à l’embouchure de la New River, cerclé de forêt vierge, Lamanai a joué un rôle commercial important avec les cités du Yucatán. Bâtie mille cinq cents ans avant notre ère, la cité a survécu à la conquête espagnole, une longévité unique, avant de s’éteindre au XVIIe siècle.
Monumental : le temple du Masque, devant lequel s’opposent deux représentations, hautes de quatre mètres, du visage d’un roi orné d’une coiffe de crocodile (à l’origine du nom du site).
Le site : le travail de restauration du site, entamé dans les années 2000, n’est pas venu à bout d’une végétation extrêmement dense qui a englouti la majeure partie de la cité.
Le bon moment : au petit matin, l’accès en bateau sur la rivière gardée par les crocodiles et les singes hurleurs vous plonge dans l’ambiance.
Lamanai - wollertz/Fotolia
HONDURAS
Copán
En bref : découvert à la fin du XVIe siècle, inscrit au patrimoine mondial par l’Unesco, Copán est l’un des principaux sites de la civilisation maya par son ampleur et la multiplicité des édifices – temples, autels, stèles et places – qui composent l’ensemble.
Monumental : l’escalier hiéroglyphique constitue le plus long texte maya retrouvé à ce jour. Trente mètres de haut, cent de large, sculpté de deux mille inscriptions évoquant différents rois et événements. Une véritable encyclopédie du monde maya.
Le site : l’étendue de Copán est aussi souterraine : malgré un siècle de fouilles, les archéologues percent encore ses mystères. En 1989, la tombe de la reine mère de la dynastie fut découverte sous l’acropole.
Le bon moment : la visite de Copán s’inscrit parfaitement dans le prolongement d’un voyage au Guatemala ou au Belize. La richesse du site mérite bien d’y consacrer deux jours.
Copán - Cecilia Colussi/Getty Images/Istockphoto
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Par
BAPTISTE BRIAND
Photographie de couverture : Adriana Zehbrauskas/The New York Times/Redux-REA