Le pays de la “teranga”, l’hospitalité en langue wolof, vous accueille de Saint-Louis à Gorée, en passant par Dakar, avec la même énergie et le même charme intemporel.
Au nord du Sénégal, Saint-Louis : ville archipel entre deux mondes, l’océan Atlantique, le fleuve Sénégal. Façades ocre rongées par le sel, tuiles orangées, balcons légers… Dans le quartier de l’île, son coeur historique, l’ancienne capitale de l’Afrique occidentale semble sommeiller dans une atmosphère XIXe. Il faut visiter l’ancienne demeure des soeurs de Cluny, rue Blaise-Dumont, décor du film Coup de torchon de Bertrand Tavernier, et boire un verre dans le patio de l’Hôtel de la Poste, qui fut aux grandes heures de l’Aéropostale l’escale préférée de l’aviateur Jean Mermoz. Mais Saint-Louis est tout sauf une ville-musée. Pour s’en convaincre, il suffit de rejoindre Guet-Ndar, le coin des pêcheurs, faubourg populeux et poumon économique de la ville. Passé les ruelles où se bousculent les chèvres et les vélos, la plage se colore des figures géométriques peintes sur les pirogues. Une foule d’hommes crie, court et multiplie les allers-retours pour négocier au meilleur prix thiofs, capitaines et mulets, vendus à Dakar et au-delà. Une pêche miraculeuse : le poisson est la première richesse de la ville.
À Saint-Louis, des oiseaux en tout genre
Autre ressource, les arts et la culture, foisonnants. Au Musée de la photographie de Saint-Louis (MuPho), ouvert en 2018, on découvre l’histoire de la photo locale, de l’âge d’or des studios à la scène actuelle, plus dynamique que jamais. Saint-Louis, qui aime aussi le jazz, accueille depuis plus de vingt-cinq ans un festival d’envergure (le Saint-Louis Jazz), et chaque soir, dès que la nuit tombe sur la ville, les bords du fleuve s’animent. Les sonorités rondes du blues et du gospel s’échappent des clubs, fréquentés jusque tard par des noctambules mélomanes.
Jussi Puikkonen
Plus au nord, au parc de Djoudj, ce sont les oiseaux qui tiennent la vedette : vision étourdissante des colonies de pélicans, escadrilles de flamants roses, échassiers en tout genre, cigognes, aigles-pêcheurs. La rivière Djoudj constitue le premier point d’eau douce rencontré par les oiseaux après leur traversée du Sahara, et plus de trois millions d’oiseaux hivernent ici, entre novembre et avril.
Dakar : une mégalopole entre énergie et flânerie
De toutes les capitales africaines, Dakar est la plus cosmopolite, où se rencontrent et se mélangent toutes les cultures d’Afrique de l’Ouest. On aime son énergie, qui éclate sur ses murs couverts de street-art, au fil de ses galeries d’art contemporain, dans ses showrooms où se montre une mode qui métissent les influences, dans ses bars qui bruissent d’afrobeat, de hip-hop, de mbalax. Des arts numériques au cirque, la vie culturelle dakaroise foisonne. Côté patrimonial, l’inauguration en décembre 2018 du Musée des civilisations noires, rêvé il y a cinquante ans par le poète Léopold Sédar Senghor, premier président du pays, devrait permettre d’entamer un processus de restitution d’oeuvres demandé par le Sénégal (fin 2020, le Parlement français a approuvé la rétrocession d’un sabre et de son fourreau). On aime aussi l’ouverture de la ville sur la mer : la mégalopole laisse place à la flânerie au bord de l’Atlantique.
Kevin Faingneart
De Gorée au Sine Saloum : un voyage hors du temps
Une demi-heure de bateau depuis la gare maritime, et c’est Gorée. Dans la Maison des esclaves, au bout d’un couloir déversant les cachots, la porte ouverte sur l’océan permet de mesurer le destin tragique des millions d’hommes et de femmes déportés outre-Atlantique. Mais visiter Gorée, c’est aussi apprécier la résilience d’un village hors du temps : les fleurs des flamboyants éclatent, les maisons nuancent en camaïeu le ton ocre de l’île, les rues de sable absorbent tout.
Jussi Puikkonen
À 250 kilomètres plus au sud, le Sine Saloum est un monde préservé entre terre et mer. Au nord de l’échancrure de la Gambie, une douce région née de la rencontre entre deux fleuves. Le Sine et le Saloum s’insinuent en ramifications tarabiscotées pour créer un delta, dédale d’îles et de bras de mer, dominé par des mangroves et de timides îles où se dressent des baobabs esseulés. Les rôniers élancés côtoient les palmiers, les cocotiers, les fromagers ; les palétuviers forment des forêts impénétrables, plongeant leurs racines échasses dans les eaux salées. On navigue en pirogue d’une île à l’autre, au rythme des marées et du soleil. Le temps a suspendu sa course…
A voir au Sénégal
- Aborder Saint-Louis et Dakar dans les pas d’un(e) habitant(e), et les deux villes prennent une autre dimension. Dans la première, écouter l’architecture des rues conter l’histoire de cette “Venise de l’Afrique”,
- assister au ballet des pêcheurs à Guet Ndar, rencontrer une association culturelle,
- filer sur la Langue de Barbarie, embarquer sur une pirogue,
- jongler entre le fleuve Sénégal et l’Atlantique,
- en route vers le sud, s’arrêter sur les miroirs de sel du lac Rose,
- traquer le rhinocéros blanc dans la réserve de Bandia,
- humer l’atmosphère artistique du village de Thiès,
- à Dakar, faire son marché, réapprendre l’art de palabrer et celui de sourire, collecter les bons ingrédients du mafé,
- traverser vers Gorée, se confronter à l’histoire à la Maison des esclaves, reprendre son souffle sous les bougainvilliers, participer à un atelier de peinture sous verre,
passer la nuit face au large, ou regagner la terre ferme et rythmer sa soirée de jazz à l’hôtel Djoloff.
Le Sénégal avec Voyageurs du Monde
De Saint-Louis au Sine Saloum, nos conseillers Sénégal proposent une découverte du pays par ses chemins de traverse, en prise directe avec la culture et la scène créative locale.
Photographie de couverture : Kevin Faingneart