Voyage responsable

3 questions à Maxime de Rostolan, fondateur de Sailcoop

3 questions à Maxime de Rostolan, fondateur de Sailcoop

Traverser l’Atlantique avec le plus faible impact sur l'environnement : un véritable défi. À la barre de différents projets œuvrant pour la transition écologique, Maxime de Rostolan a mis sur pied Sailcoop, une coopérative solidaire qui propose des liaisons à la voile. Belle alternative face à l’empreinte carbone du transport de voyageurs et ses effets sur le réchauffement climatique.

 

Votre voilier, Belle Aventure, larguera les amarres le 5 novembre 2022 au départ de Toulon, mettant le cap sur la Martinique. En quoi cette transatlantique est-elle significative de changement ?

C’est un plaisir de constater que notre proposition de voyage décarboné fait résonance. La première transatlantique de notre Bavaria 50 marque la continuité de l’aventure Sailcoop, après une première saison estivale au cours de laquelle nous avons réalisé une trentaine de traversées entre Toulon et la Corse. Malgré une avarie et un long bras de fer avec les autorités maritimes, cette alternative au ferry a connu un franc succès qui démontre une réelle volonté de voyager autrement. Cela se confirme avec la levée de fonds que nous venons de réaliser sur la plateforme Lita.co (632 000 euros) qui va nous permettre d’élargir notre flottille.

 

Aventure Sailcoop

 

Cela vous ouvre d’autres horizons… Quelles sont les ambitions de Sailcoop ?

Notre plan de navigation se compose de trois types de liaisons : des navigation courtes vers des îles continentales ou des inter-îles que nous proposerons notamment dès cet hiver aux Antilles ; des traversées plus longues de quelques jours, sur le modèle de la Corse, auxquelles nous ajouterons certainement cet été des liaisons vers la Grèce, mais aussi à terme vers les Baléares et l’Irlande ; enfin, des voyages au long cours comme cette transatlantique qui fera escale aux Canaries et que nous déclinerons vers les États-Unis, l’Amérique du Sud, l’Afrique de l’Ouest, l’Égypte.

Nous réfléchissons avec une agence d’architecture navale, à un horizon de six ans, à la construction de voiliers de très grande capacité (cent à trois cents passagers). Pour l’heure, nous nous appuyons sur des voiliers du type de notre Bavaria 50. D’une part, il y a les bateaux que nous pouvons acquérir grâce à la coopérative, de l’autre il y a ceux qui composent le parc de navigation de plaisance et qui répondent à nos critères (cinq cabines permettant d’embarquer huit passagers et deux membres d’équipage) – soit environ 15000 voiliers sur les 200 000 qui chaque année restent 97 % de leur temps à quai. Nous proposons aux propriétaires d’en assurer la gestion et de les faire naviguer.

Sailcop

Reste à convaincre les passagers d’embarquer pour trente-cinq jours de traversée contre quelques heures d’avion. Quel profil de voyageurs rencontrez-vous  ?

Bien sûr, notre alternative ne correspond pas aux attentes de tout le monde. Nous embarquons des passagers qui ont une conscience écologique et réalisent la nécessité de faire évoluer leur façon de voyager. Un changement indispensable, car nous n’aurons bientôt plus le choix. Cela veut dire limiter son empreinte carbone, voyager sans doute moins souvent mais sur une durée plus longue, ne pas «faire» une destination en quinze jours, mais prendre le temps, autrement dit retrouver le vrai sens du voyage.

 

Traversée Toulon-Lanzarote-Le Marin (Martinique), départ le 5 novembre 2022

À bord du Belle Aventure, Bavaria 50 pieds : capacité de huit passagers + deux membres d’équipage (trois cabines doubles, deux cabines twin).

 

Photographies : Sailcoop