Polynésie

Songe polynésien au Motu Nao Nao

Songe polynésien au Motu Nao Nao

En plein cœur de la Polynésie française, le sens de l’adjectif « paradisiaque » prend une forme tangible sur le Motu Nao Nao. Un motu donc – mot tahitien désignant un îlot récifal – de vingt-cinq hectares, perdu aux côtés de l’île Raiatea dans l’immensité bleue du Pacifique Sud. Motu Nao Nao transcende les attentes, alliant l'impressionnant au respect de l'environnement. L’îlot-privé se distingue par ses installations éco-chic, dont trois bungalows artisanaux presque entièrement alimentés par l'énergie solaire (entre 83 et 100% de leur électricité), s'inscrivant ainsi dans une démarche de quasi-autosuffisance. Depuis l'accueil de ses premiers hôtes en décembre 2021, l’établissement propose une expérience exclusive, réservée à un groupe privilégié de six personnes. Un cadre qui se prête aussi bien aux voyages de noces qu’aux moments intimes en famille ou entre amis… Motu Nao Nao, ou quand l’ultra-luxe rencontre l’écoresponsabilité.

 

Architecture polynésienne cossue

Bien sûr, il faut d'abord s'y rendre par deux vols (les activités non motorisées sur place contribuent à équilibrer quelque peu les émissions de carbone). La compagnie aérienne nationale Air Tahiti assure des vols quotidiens reliant la capitale Papeete à Raiatea en quarante-cinq minutes. Un bateau – ou un hélicoptère, pour la vue – transporte ensuite vers le Motu Nao Nao, le temps d’une paisible balade lagunaire aux perspectives éblouissantes. Le soleil scintille sur l’eau au bleu irréel, le clapotis nous berce, on distingue peut-être déjà de la vie sous la surface... Le paradis n’est plus très loin.

Dès l'arrivée sur le motu, accueillis par le personnel coiffé de couronnes de fleurs, le lieu révèle son plein potentiel. Les trois villas ont des allures de joyaux égarés, délicatement posés face à la plage de sable blanc, au cœur d'un bosquet tropical, le relief luxuriant de Raiatea en toile de fond. Conçues par le talentueux designer local Alain Fleurot, spécialiste des maisons traditionnelles polynésiennes, les villas du Motu Nao Nao fusionnent habilement modernité et architecture insulaire. Les extérieurs minimalistes aux toits de chaume abritent des volumes spacieux, aux teintes sobres et aux murs ornés de coraux délavés. Pour Alain Fleurot, l'utilisation de matériaux naturels locaux et le respect du fenua – la terre, le pays en langue tahitienne – sont des impératifs fondamentaux. La nature, véritable protagoniste de ce tableau vivant, se charge des touches de couleur. Le lagon céruléen et les palmiers verdoyants, mis en valeur par d'imposantes fenêtres sol-plafond, créent un contraste saisissant avec les tons blancs et bronze des villas.

Hôtel Motu Nao Nao

Motu Nao Nao

 

Chef et chimiste 

Si l'esthétique est impeccable, la beauté édénique du Motu Nao Nao est loin de n’être qu’une façade. Elle va bien au-delà des apparences, reflet d’un profond engagement envers le développement durable. Le Motu Nao Nao, en quête de quasi-autosuffisance, fait de cet idéal une réalité concrète et cela transparaît particulièrement dans le domaine culinaire, orchestré par le talentueux Wilfrid Kobylt. Chef privé, artiste et chimiste, il multiplie les casquettes. Son parcours – marqué par des expériences culinaires exceptionnelles aux ambassades de France à Londres et à Alger, ainsi que sur les sept mers lors d'une aventure initiatique de huit ans en voilier – témoigne de sa passion débordante pour l'exploration gastronomique. Son véritable tournant a lieu en Suisse, aux côtés de la cheffe Judith Baumann, où il développe son intérêt pour la cueillette de la flore forestière et la création de cuisines innovantes à base de plantes, racines et fleurs comestibles. Après avoir dirigé pendant un temps l'un des restaurants les plus prestigieux de Tahiti, il poursuit désormais ses recherches sur les plantes tropicales comestibles ici, sur le petit motu devenu laboratoire. Il y a créé son jardin aromatique où il cultive une trentaine de plantes telles que les roses de porcelaine et le brède mafane. C’est ici aussi qu’il élève ses poulets et récolte les fruits et légumes ne provenant pas de la voisine Raiatea. Le lagon fournit le sel, obtenu directement à partir de l’eau de mer, ainsi que les poissons – saumons des dieux, maquereaux et thazards noirs ("wahoo" chez les anglophones). Ils se retrouvent au menu, en concoction ou dans du jus de citron vert et du lait de coco, le fameux "poisson cru à la tahitienne", la spécialité traditionnelle de l’archipel partageant quelques similitudes avec le ceviche sud-américain, revisité ici avec maestria.

En plus de superviser le menu saisonnier de l’établissement, le chef prend plaisir à concocter des dîners privés ou des pique-niques sur mesure. Il faut dire que le motu inspire nombre d’idées et suscite notamment le désir de déguster les mets polynésiens les pieds dans le sable, en Robinsons des temps modernes. Pour ceux qui le souhaitent, des spectacles de danse polynésienne ou des représentations musicales privées peuvent accompagner cette expérience, créant une ambiance certes plus éloignée du roman de Daniel Defoe, mais tout aussi envoûtante. Au milieu du Pacifique, l'imagination n'a guère de limites.

 

Plage de l'îlot Motu Nao Nao

Motu Nao Nao

 

Aventures du jour et plaisirs du soir 

Sur les vingt-cinq hectares du Motu Nao Nao, chaque journée sonne comme une promesse d’aventures : à vélo entre les palmiers, à bord d'un kayak ou sur un paddleboard glissant sur les eaux paisibles du lagon. La plongée libre, avec bouteille ou simplement équipé d'un masque et d'un tuba, dévoile les mystères des "profondeurs", où évoluent raies, requins à pointe noire et une multitude d'autres poissons tropicaux. Chaque jour, une nouvelle activité est soigneusement orchestrée, souvent au-delà des frontières du motu. Le personnel dévoué de l'établissement prend plaisir à organiser des expériences entièrement sur mesure : des visites de fermes perlières locales aux plongées privées au large des côtes de Raiatea, en passant par le kitesurf ou la navigation à bord d'une pirogue polynésienne traditionnelle va'a.

La culture polynésienne s'épanouit pleinement au Motu Nao Nao. Elle trouve également son expression à travers des spectacles de danse tahitienne, l'ori tahiti, mêlant danse, chants et costumes traditionnels. Puisque l’on vient aussi ici pour recharger les accus, on prend volontiers part à des séances de yoga ou de pilates avant de s’octroyer un massage en plein air, bercé par les sons de la nature et la caresse de la brise insulaire. Un petit cinéma romantique en plein air, à l’ombre des arbres frangeant le lagon, invite à se faire une toile en toute intimité. De quoi varier les plaisirs.

Quelle que soit la manière dont s’écrit la journée, le soir venu, on s’installe confortablement sur la terrasse de sa villa, un cocktail signé Wilfrid Kobylt à la main. Le chef revêt cette fois la casquette de mixologiste, jouant habilement avec les ingrédients frais de son jardin pour composer ses créations. Il ne reste plus alors qu’à admirer le soleil se couchant à l’horizon. Une scène aux teintes orangées qui parachève ici chaque journée et inspire la bonne idée de recommencer le lendemain.

 

Par

ANTOINE MARTELOT

 

Photographie de couverture : Motu Nao Nao