Il n’y a pas de doute: votre voyage sera superbe. Chypre est une île fabuleuse, il suffit juste de connaître quelques règles, us et coutumes. C’est le seul but de ce petit vade-mecum volontairement exagéré et légèrement taquin…

 

On aurait tort de penser Chypre comme une île grecque, une province excentrée. Certes Chypre fait partie du monde hellénique, mais pas seulement. Sans insister sur le fait qu’il existe, qu’on le veuille ou non, une Chypre turque au Nord, l’île d’Aphrodite est un savant mélange. Et que ce soit clair : avant d’être grec (ou turc) le Chypriote est… Chypriote. Rappelons qu’il fût un temps, certes court, où tout se passait du mieux du monde. Monseigneur Makarios, premier président, promenait son couvre-chef de pope en chef dans les conférences de non-alignés. Les chypriotes de toutes confessions vivaient en paix. Mieux vaut ne pas parler d’Enosis et du coup d’état des colonels grecs, le sujet fâche du côté de Nicosie. Nicosie, la capitale divisée par un mur, la “ligne verte”. Par chance la tension s’est atténuée ces dernières années.

La partie Sud a vécu une crise financière, leurs banques ayant trop prêté… aux banques grecques. La partie Nord ne s’enthousiasme pas de la tutelle de la “mère patrie“ ottomane. (On peut facilement de nos jours passer d’un côté à l’autre. Profitez-en pour visiter Salamis). Sur place on aurait tendance à préférer se retrouver entre Chypriotes comme au bon vieux temps. Une visite originale à faire, le village de Pyla sur la côte Sud. C’est un des rares endroits où les deux communautés vivent ensemble. Trois églises et une mosquée cohabitent. Chaque obédience a son côté de la place centrale. Pas ou peu de mélange mais pas d’incident non plus. Chypre est étonnante et pas seulement à titre politique. Il suffit de se promener à Limassol pour humer un air de Proche-Orient. On parle grec, on boit de l’ouzo et on mange des fallafels.

Chypre c’est une Grèce ordonnée. Il aura suffi de quelques décennies d’occupation anglaise pour donner aux chypriotes la rigueur à laquelle leurs coreligionnaires du continent grec ne sont pas habitués. On circule à gauche (attention : les véhicules viennent du côté où vous ne les attendez pas), mais sans klaxon intempestif, respectueux du code de la route et des piétons. Ajoutez à cela un récent afflux de Russes, orthodoxie et suppression du visa obligent, et la ville prend des allures de petit Moscou. Fut un temps on l’appelait Limassograd. Les récents accords contre le blanchiment financier ont enlevé beaucoup de l’attrait de l’île pour les porte-monnaie slaves.

Pousser dans le Troodos c’est retrouver le Péloponnèse, les villages traditionnels, ânes et popes cheminant le long de murs blancs, cafeneion où les vieux jouent au tavla et senteurs de pain cuit au four. Paphos, site archéologique de toute beauté est un rendez-vous international, sorte de Saint-Tropez local. On y vit tard la nuit.

Les horaires sont les mêmes qu’à Athènes : déjeuner à 15h, dîner à 22h au plus tôt, mais adaptés au tourisme. Du coup on mange quasiment tout le temps : les Anglais venus attaquer leur dîner croisent les Grecs finissant leur déjeuner…

Il n’y a pas de problème de santé, les banques et les distributeurs fonctionnent parfaitement, la monnaie est l’euro, le pourboire n’est pas obligatoire mais reste néanmoins apprécié et à la discrétion du client, le dépaysement est ailleurs.

Vous auriez tort de croire que Chypre est condamnée au tourisme de masse. Ces quelques lignes ont été écrites pour vous en persuader. Quittez les routes principales, prenez des chemins de traverse, Chypre vous étonnera. Chypre c’est aussi une variété de parfums. Humez l’île, elle vous envoûtera.

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