Nuit à bord, arrivée le lendemain.
Prise en main de la voiture de location et route pour Franschhoek. Installation pour deux nuits à Wemmershoek, un peu plus haut dans la vallée. La maison est dissimulée dans le fynbos (formation végétale emblématique de la région) comme un mas provençal le serait dans la garrigue. De vieux éléments Cape Dutch en forment l’assise, mais ils ont été complétés et modernisés. On les repère à de beaux ensembles de brique, so Dutch. Pour le neuf, des structures légères, ouvertes, lumineuses. Que le soleil dore. Les tons naturels donnent aux pièces une harmonie exquise et sobre, soutenue par des matières pleines de charme tactile. La décoration indique des propriétaires voyageurs et sagaces. Un cosmopolitisme heureux. Et tellement agréable à vivre. La propriété est active ; elle fournit aux repas des ingrédients délicieux, francs, nets, qui s’accordent à tout le reste. Un grand bassin de nage est à votre disposition. Vous enquillez les longueurs ou, baignés par l’eau céruléenne, contemplez les montagnes. Le petit spa est épatant. Et la location de vélos judicieuse.
Là, le foodie est à pied d’œuvre : une cinquantaine de tables et de chais sont disséminés à quelques minutes de route. Pays de cocagne, vous dit-on.
Au programme - Une table vigneronne réservée. Le couplage cave/restaurant est classique dans le secteur de Franschhoek. C’est un des plaisirs. Ici, on vinifie cabernet sauvignon, chenin blanc, syrah, entre autres. Vins en monocépage, mais aussi de subtils assemblages. La table devait donc se montrer à la hauteur. Pas des appétits seulement, mais des exigences. Alors, slow, organique, local et amical. Et puis le coup de main, cette little magic qui transforme de bons ingrédients en moment privilégié.
Au programme - Un domaine viticole des Cape Winelands, en privé. On se fait accompagner d’un œnophile francophone et on commence par les vignes (on parle cépages), on poursuit par les chais (on parle élevage) et on termine devant la table de dégustation (on a la bouche pleine). Les échanges avec les vignerons démontrent que si la viticulture d’ici a une origine, elle est désormais majeure et tient sa partie dans le concert des flacons. La visite a lieu dans l’une ou l’autre de ces trois communes : Stellenbosch, Constantia ou Durbanville. Le sauvignon blanc est à l’honneur, mais il ne résume pas la situation.
N'allez pas imaginer que l’on ne fasse que boire et manger dans la vallée de Franschhoek : c’est aussi un formidable espace d’activités plein air. Les sentiers de la Haweqwa Nature Reserve, pour ne citer qu’eux, conduisent à des paysages souverains. Randonner à vélo d’une propriété à l’autre conduit à de ravissantes surprises patrimoniales. Quant aux galeries de Hugenote, elles montrent que ce qui est beau est aussi bon que le reste.
Route pour Le Cap. Installation pour quatre nuits dans le quartier de Gardens. On pousse les portes de bois et, comme par enchantement, par la vertu en tout cas d’un ravissant jardin ébouriffé, on se retrouve coupé de l’animation de Kloof Street. Au XIXe siècle, la maison blanche était une ferme. Elle a quelque chose de curieusement familier. C’est la Provence. Les propriétaires français l’ont décorée dans ces tons légers et lumineux, caractéristiques du pays de Pagnol. En y ajoutant plein de petits contrepieds déco amusants. C’est gai, ludique, magnifiquement soigné dans les détails, confortable pour le corps et l’esprit. Et trendy comme tout. Rien n’étant contemporain comme le vintage. Votre chambre est spacieuse. Elle garde en filigrane une simplicité rustique, mais les aménagements ne manquent pas de discrète sophistication. Ce sera un bonheur de regagner le nid au milieu des grenadiers après les longues journées d’exploration urbaine. Le petit déjeuner est exquis, il vous permet de faire en bio le plein d’énergie. Une bonne chose encore, la collection de disques jazz et soul. Groovy !
Au programme - Le Cap culinaire avec Nadège. Depuis le temps qu’elle y vit, on peut dire que Nadège tient son Cap. Elles en sait les quartiers, mais encore les rythmes, les nuances, l’art de vivre. Et les parfums et les saveurs. Celles-ci seront aujourd’hui le moyen de vous faire découvrir – en français – la physionomie de la ville. On ne mange pas pour rien Cape Malay à Bo Kaap, le fameux quartier multicolore, et le marché dominical et bio d’Oranjezicht, à Green Point, dit quelque chose d’un nouveau dispositif good life. Ailleurs, la culture Basotho trouve une expression sensible dans le mala mogodu. Et les aventures du taro, amadumbe, à travers le pays, sont très dignes d’attention. La maison de thé du Company’s Garden met le fynbos dans votre tasse. En tout cela, et dans les épiceries fines de Woodstock et Observatory, on sent Nadège à son affaire. La praticienne des fourneaux se fait jour à travers la guide. On profite avec bonheur de cette petite géographie gustative.
Cape Peninsula, une virée nécessaire. Au bout de la péninsule rocheuse du Cap, il y a le cap de Bonne-Espérance, l’un des points clés de la période des grandes découvertes, mais non pas le lieu de rencontre des océans Atlantique et Indien. Le meeting se tenant plus à l’est, au cap des Aiguilles. La péninsule est protégée par un parc national. La route panoramique du pic Chapman longe la côte ouest. Le fynbos couvre les sols ; des oiseaux nombreux profitent des fleurs, comme les gracieux promérops du Cap et souimanga chalybée. L’éland du Cap et le damalisque à front blanc s’observent aisément. Côté False Bay, les passerelles de la plage de Boulders permettent d’approcher la colonie de manchots du Cap sans déranger les animaux. De juin à novembre, parmi d’autres mammifères, la baleine franche australe fréquente le baie. Pour déjeuner, on trouve à Noordhoek une enseigne bistronomique farm to table extra. Un autre Français de Cape Town est dans l’affaire. D’où vraisemblablement le penchant méditerranéen du menu. À cela conviennent parfaitement l’agneau du Karoo, les beaux légumes et les fromages sud-africains.
Nous sommes donc installés dans le City Bowl, le centre historique. Aller jusqu’au Victoria and Alfred Waterfront, le vieux port de Cape Town, est une évidence. On y trouve boutiques, restaurants, bars, mais aussi le Two Oceans Aquarium. C’est de là qu’on se rend en bateau à Robben Island. Dans la vieille ville, le fort de Bonne-Espérance (XVIIe siècle) ; l’hôtel de ville (1905), avec tout près un splendide édifice Art déco, le Mutual Building (Fred Glennie, 1935) ; Long Street ; l’Old Slave Lodge, musée d’histoire (1679) ; etc. Ces temps-ci, De Waterkant est exemplaire des nouvelles valeurs urbaines. La montagne de la Table ? Bien sûr ! En téléphérique, par exemple. Ou à pied. Les plages sont à False Bay, Atlantic Seaboard (à l’ouest) et West Coast (au nord). Quant au faubourg de Camps Bay, on s’y abandonne le soir à l’ivresse du cosmopolitisme hype qui est l’un des charmes de la ville.
Au programme - Braai avec Nadège. On a déjà rencontré Nadège et on la sait justement qualifiée pour organiser un braai, ce rituel social autour de la braise. On exagèrerait à peine en indiquant qu’il en va un peu de la cohésion nationale autour de chaque braai. D’ailleurs, il est une forme éloquente d’unité dans le diversité : on pose sur le grill des choses variées, morceaux de bœuf, côtelettes d’agneau, travers de porc, saucisses boerewors et autres. Des épis de maïs. Autour, des salades, du mieliepap, cousin de la polenta, chakalaka, un relish relevé. Et pas mal de bière.
En option - Le Cap like a friend.
Transfert à l’aéroport. Vol pour Johannesburg. Transfert à la réserve privée de Welgevonden. Installation pour deux nuits dans un lodge parfaitement intégré à son environnement. Le jardin ménageant des transitions subtiles avec le bush. Les cottages, à couverture de chaume, pointent discrètement là-dedans. Ils procurent les meilleures conditions de séjour. Les tons blanc, gris, bois ont une sobriété et une disposition graphique qui contraste avec la nature. D’une façon similaire à celle des photographies animalières en noir et blanc. Car c’est d’observation qu’il s’agit. Avant de monter dans un véhicule aménagé, on peut se rendre dans le poste d’observation qui domine un trou d’eau, où les animaux viennent se désaltérer : micro safari sans doute, mais celui qui boit n’en a cure et il est bien réel. Lorsque l’heure vient de se mettre à table, bonne surprise. Le potager maison fournit aux fourneaux, lesquels ont leur part des partis pris green et quali de la maison. Ce qui vient d’ailleurs vient d’un ailleurs de confiance. Ces beaux ingrédients organic, combinés à un sérieux savoir-faire, donnent de succulents résultats. On n’est pas accoutumé à ce niveau de sophistication dans les réserves. Il y a de l’avenir là-dedans !
Au programme - Welgevonden est une réserve privée, partie de la Waterberg Biosphere Reserve. Elle dispose de ses propres rangers et de ses véhicules aménagés. Vous mettez d’ailleurs les opérations au point avec votre ranger attitré. Classiquement, les sorties ont lieu le matin et en fin d’après-midi, périodes de plus grande activité des animaux et de chassé-croisé des diurnes et des nocturnes. Chauffeur, guide, on sait vous amener au bon spot au bon moment, et ne pas vous laisser rentrer bredouille d’émotions animalières. Les milieux protégés sont variés : savane, bois denses, zones humides. La faune étant au diapason. Big Five ? Bien sûr. Avec en prime la plus importante population de rhinocéros blancs entretenue par un domaine privé. À ce propos, des approches pédestres sont possibles. Et la rencontre pedibus avec Ceratotherium simum est de celles que l’on n’oublie pas. Sinon, l’oryctérope a une apparence aussi bizarre que le nom dont il est affublé. Le phacochère est un rustique. Le potamochère l’est tout autant, malgré des dehors plus policés. La hyène brune a mauvaise réputation, mais elle fait un sale boulot. Le travail de conservation s’effectue à plusieurs niveaux. De recherches poussées sur le léopard à, par exemple, l’introduction de chiens de garde auprès des éleveurs de bovins.
Transfert à Johannesburg. Installation pour deux nuits à Orchards. La maison dans laquelle a vécu Gandhi entre 1908 et 1911 est désormais un musée qui lui est consacré et une maison d’hôtes attentive à garder les principes dont se nourrissait le développement du futur Mahatma. Des chambres d’une lumineuse simplicité (deux d’entre elles donnant directement dans la partie musée), confortables sans être émollientes, une cuisine végétarienne savoureuse et revigorante, le Kraal historique d’Hermann Kallenbach et le bâtiment contemporain de Rocco Bosman – c’est là que vous résidez, dans les meilleures conditions – actualisent à leur manière l’esprit d’ouverture et de paix qui a porté l’une des grandes épopées politiques et humaines du XXe siècle.
Déjà prévu - Dîner chez Gandhi. Sans être à proprement parler un restaurant, cette maison a formé des chefs, attentifs à en traduire l’esprit en plats. On n’en est plus à justifier le sens culturel de la cuisine, mais une démonstration par l’assiette conforte. Vous prenez donc ici un repas, qui respecte les principes non carné et non alcoolisé. Et vous découvrez autre chose.
Au programme - Johannesburg like a friend. C’est un ami francophone qui vous pilote aujourd’hui. Le temps d’un bref échange de vues – que sait-on, qu’espère-t-on, que fait-on ? – pour se situer et on démarre. Soweto ? L’ancien township, carburateur du combat antiapartheid, est aujourd’hui une ville pleine d’énergie positive. Le musée de l’Apartheid permet de mesurer le chemin parcouru. Maboneng ? C’est, avec ses unités industrielles reconverties création et fun, le point de ralliement de tout ce qui bouge autour de l’idée de culture urbaine. Etc. Bref, on laisse à Jozi et à ses habitants le soin de répondre aux questions que vous vous posez. Décapant !
Également prévu - Yeoville, à la table africaine. Cet ancien quartier de petite bourgeoisie blanche, juive notamment, est désormais un nightspot phare. L’Afrique s’y donne rendez-vous et ça pulse tous azimuts : création, business, musique. Et donc cuisine. On vous emmène dans un endroit singulier, spécial et revigorant, pensé et animé par un artiste-chef congolais. Une expérience qui métamorphose le repas en happening inoubliable. L’Afrique du Sud est africaine.
Transfert à l’aéroport, passage prioritaire et vol retour. Nuit à bord, arrivée le lendemain.
