Profiter de ce symposium à Bilbao pour enfin voir le musée Guggenheim en décalant simplement son retour d’une matinée ; prévoir quelques jours dans les Cornouailles entre deux rendez-vous à Londres plutôt que de multiplier les allers-retours ; et, pourquoi pas, réunir toute la famille à New York puisque votre meeting tombe juste avant les vacances scolaires… Vous avez l’habitude de jumeler déplacement professionnel et voyage privé ? Alors vous pratiquez déjà, peut-être sans le savoir, ce que les Anglo-Saxons appellent le "bleisure" (contraction de "business", travail, et "leisure", loisir).
"C’est une forme de voyage qui monte en puissance", constate Jean-François Rial, pdg de Voyageurs du Monde. Dans un monde post-Covid où la frontière entre vie professionnelle et privée est devenue plus poreuse encore, ces "bizcations" font naturellement leur chemin dans l’esprit des salariés. Plus frileusement dans celui des entreprises. "Peu importe, finalement, car les employés, mais aussi beaucoup de grands dirigeants, ont déjà adopté le réflexe, notamment suite à l’avènement du télétravail : jamais un voyage d’affaires sans quelques jours pour soi et vice versa", poursuit le voyagiste.
Des voyants au vert
Si une certaine résistance administrative subsiste, elle reste principalement liée à une problématique de responsabilité : quelle assurance vous couvre lorsque vous sautez en parapente au lendemain de votre colloque au Cap ? A priori celle de votre employeur, sauf accord préalable. Autre barrière, sur le point de céder : la crainte des regards courroucés sur ces photos postées depuis la plage de Copacabana une heure après la dernière réunion. "Les mentalités évoluent rapidement à ce sujet, rassure un habitué. L’époque où il fallait se cacher derrière son petit de doigt est révolue. Aujourd’hui, tout le monde a compris que ces expériences vécues hors du cadre habituel de travail, parfois partagées entre collègues, permettent de créer une culture commune et un engagement qui sont très positifs pour la vie de l’entreprise." Les voyants du bleisure semblent donc passer au vert.
Nuria Val & Coke Bartrina
Avion, boulot, perso
À l’inverse du voyageur d’affaires d’hier, cavalant entre aéroports, hôtels et rendez-vous avant de rentrer dare-dare chez lui, le "bleisurien" prend son temps. Il optimise. Majoritairement pratiqués par une génération de millennials qui ne manquent pas de replacer le curseur entre travail et vie privée, ces "bonus trips" sont synonymes de moins de stress et plus d’épanouissement personnel – la culture arrivant en tête devant les loisirs. Des prolongations de séjour qui, par rebond, peuvent profiter à l’équilibre professionnel. Et si ces parenthèses de bonheur individuelles dépendent en premier lieu de la destination imposée par l’agenda, elles peuvent s’avérer sources de belles surprises : "Je n’avais jamais imaginé voyager en Arabie saoudite", confie Franck Delpal, directeur de mastère à l’Institut français de la mode. Récemment appelé à Riyad, dans le cadre d’un programme d’échange, il file le temps d’un week-end vers les tombeaux nabatéens d’Al Ula, zone émergeant à peine sur les radars touristiques. "Ces quelques jours permettent de retrouver la liberté de voyager et l’esprit de découverte dans de bonnes conditions et sans les contraintes habituelles", se réjouit-il. Parmi les arguments incontestables en faveur du bleisure : son atout écologique. Dans une époque où chaque voyageur se doit de minimiser son empreinte carbone (et donc ses déplacements aériens), profiter d’un Paris-Tokyo en mode pro pour s’octroyer une semaine supplémentaire permet d’économiser trois tonnes de CO2 qu’ajouterait un éventuel voyage personnel.
Nuria Val & Coke Bartrina
Une affaire qui bouge
Les grands acteurs du tourisme d’affaires, de l’hôtellerie aux services, ont bien senti le frémissement et se positionnent de plus en plus vivement sur le segment : forfaits dégressifs, gratuité pour les accompagnants, catégories de chambre se rapprochant de l’appartement afin de redonner une touche d’intimité, et faciliter la bascule entre travail et plaisir. Cependant, "il reste beaucoup à faire", constate Jean-François Rial. "La clientèle d’affaires a toujours été la grande oubliée du tourisme. On focalise sur la logistique : salle de réunion, connexion internet, etc. Une donnée certes importante, mais qui s’impose trop souvent au détriment du cadre, de la dimension émotionnelle, de l’esthétisme du lieu. Or, il est aujourd’hui tout à fait possible d’harmoniser les deux, en choisissant des adresses habituellement réservées au voyage plaisir et en misant davantage sur la qualité de services." Pouvoir compter sur un concierge réactif lorsqu’on dispose de peu de temps, profiter d’intervenants locaux capables d’ouvrir les portes dérobées de leur ville, s’appuyer sur des "fixeurs" capables d’organiser des rencontres sur un thème précis… Autant d’éléments qui feront de ces quelques jours supplémentaires un voyage à part entière.
Pia Riverola
Voyageurs du Monde
À l’écoute des nouvelles façons de voyager (et de travailler), Voyageurs du Monde propose une gamme de services adaptée à chaque projet. Parmi eux, la conciergerie francophone est un atout indéniable, notamment lorsque l’on voyage avec des impératifs professionnels. Un coup de fil suffit à réserver une table, modifier un vol, trouver un médecin, faire réparer un portable... Pratique également, l’app Voyageurs du Monde réunissant documents indispensables, itinéraire et bonnes adresses, et le wifi nomade permettant de se connecter d’à peu près n’importe où. Enfin, une assistance 24h/24, la possibilité d’obtenir une consultation à distance avec un médecin du voyage, et un choix d’assurances rapatriement sont la garantie de partir l’esprit tranquille.
Par
BAPTISTE BRIAND
Photographie de couverture
Nuria Val/Coke Bartrina