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Radio Voyageurs : Où partir à Noël et au jour de l'an ?

Radio Voyageurs : Où partir à Noël et au jour de l'an ?

Avec Fabien Cazenave, directeur général adjoint de Voyageurs du Monde, grand spécialiste de l'Egypte et de la Vallée du Nil, Jean-Pierre Chanial, journaliste, écrivain, grand voyageur, Caroline Moreau, directrice des destinations Europe de Voyageurs du Monde, Michel-Yves Labbé, président de l'application Départ Demain

 

 

Noël, une période compliquée pour préparer un voyage

Quand Valérie Expert demande à Fabien Cazenave si Noël est la pire saison pour partir, il répond : « Oui, malheureusement, car les prix s'envolent, le monde s'agglutine dans les mêmes endroits, on n'a pas de choix en terme de dates, alors que juste avant et juste après, les destinations sont des paradis avec des prix totalement divisés ». Michel-Yves Labbé, lui, a trouvé une tactique : voyager en partant le soir de Noël et en revenant le soir du jour de l'an. Jean-Pierre Chanial renforce les propos de Fabien Cazenave : « Après un coup de fil aujourd'hui à une compagnie aérienne dont je ne citerai pas le nom, on m'a appris que le jour J des tarifs les plus hauts est le 22 décembre, jour des vacances scolaires, révèle-t-il, il faut donc partir à contre-courant, avant le 22 ou voler la nuit du 24 au 25 décembre avec Champagne gratuit pour tous ! »

décorations de Noël

San Pedro de Atacama

Du coup, les destinations d'Europe présentent un avantage : « Beaucoup voyagent le jour du réveillon mais en arrivant à l'heure à destination pour pouvoir le fêter », explique Caroline Moreau.

 

L'idée fausse du « tout est complet »

Et tout n'est pas complet ! Selon Fabien Cazenave, le concept n'existe même pas : « On trouve toujours quelque chose mais plus cher, avec moins de vols directs, des horaires peu confortables, des choix d'hôtels restreints... ».  Il ajoute aussi que « déconseiller c'est aussi conseiller ». Il ne recommande par exemple ni Cuba à Noël – car les prix s'envolent et les prestations sur place ne sont pas à la hauteur -, ni le Costa Rica, ni les côtes mexicaines et  américaines. L'Egypte aussi est pleine à craquer... Il précise toutefois qu'il reste encore quelques places sur le dahabieh – voilier traditionnel de Voyageurs du Monde - sur le lac Nasser.

 

Voyager à contre-courant en Europe

Caroline Moreau encourage les auditeurs à cibler une ambiance ou un site plutôt qu'une ville . Elle cite les Lofoten en Norvège et leur 'ambiance cabane de pêcheurs et aurores boréales. « On peut aussi partir dans les Abruzzes, loin de Rome, dans des ambiances plus « terroir », dans la campagne anglaise ou écossaise  avec une ambiance feu de cheminée et éclairage à la bougie », suggère-t-elle, avant de proposer des événements beaucoup plus festifs et emblématiques comme le concert du nouvel an à Vienne.

saint Peterbourg

Olivier Metzger

Jean-Pierre Chanial veut en savoir plus sur les options festives proposées. « On a aussi les Christmas Carols en Angleterre, des messes en Scandinavie, le réveillon du nouvel an en Russie... », lui répond Caroline Moreau.

 

Aller là où il fait chaud

Mais le penchant naturel est d'aller vers la chaleur à Noël. « Sans aller trop loin, à Istanbul, à Fez, à Ispahan, il va faire beau pendant la journée mais un peu froid le soir », constate Fabien Cazenave. Puis il change carrément de continent et suggère le Japon. « C'est très marrant le Japon à Noël, ils ont des pères Noël asiatiques partout et à Tokyo, il ne fait pas si froid que ça. En plus, ce n'est pas la période de haute saison, les vols ne sont pas si chers et la vie non plus », explique Michel-Yves Labbé.

Autre décor : celui de la baie d'Agadir dont Jean-Pierre Chanial est fan : « Certes, on ne peut pas se baigner en hiver à cause des courants froids mais l'ambiance d'Agadir est extrêmement festive, sympathique, chaleureuse et on y est en sécurité ». 

Soleil qui se couche sur Istanbul

Dagmar Schwelle/LAIF-REA

D'Agadir, Fabien Cazenave emmène les auditeurs vers une destination quelque peu délaissée : Istanbul. « La Turquie est tombée en désamour des touristes français mais on sent des frémissements reprendre. Et pas besoin que je m'étende... Istanbul est une ville extraordinaire ».

En Amérique du Sud, il mentionne le Brésil également négligé par les Français et où il reste des places pour voyager dans pratiquement toutes les grandes villes. « Là, on a une vraie liesse, on sent un esprit très festif », commente-t-il. « Et, il y a une magie qui se passe, enchaîne Jean-Pierre Chanial, le 31 décembre, on célèbre la Vierge Noire. Tous les habitants de Rio déposent un petit bateau dans l'océan avec une petite bougie à l'intérieur. C'est aussi l'heure de la trêve, quels que soient les problèmes politiques et économiques que rencontre le pays ».

Rio pour Noel et le nouvel an

Thibault Charpentier/Hebdomania

Sur le même continent, Jean-Pierre Chanial met en avant la Colombie et son doux climat. Pourtant, Michel-Yves Labbé mentionne l'afflux de touristes américains et canadiens. « C'est vrai que les autorités vont devoir réguler le tourisme. A Carthagène, 2000 touristes débarquent des bateaux de croisière deux fois par jour », explique Jean-Pierre Chanial qui poursuit en faisant l'éloge des Colombiens, de leur gentillesse et leur joie de vivre : « Personne ne marche dans la rue, tout le monde danse ! E jet passe sur Bogota dont les trésors historiques ne sont plus à vanter ».  Michel-Yves Labbé fait rire l'auditoire en vantant les Lofoten à Noël « qui ne sont certainement pas en sur-tourisme ! »

Toujours de l'autre côté de l'Atlantique, Fabien Cazenave ne met pas à l'écart quelques classiques comme la Floride, New York, la Californie... « Si vous voulez faire un truc exceptionnel le 31 décembre, allez à Las Vegas dans une atmosphère extrêmement ludique avec des lumières de partout, de très bons spectacles », surenchérit Michel-Yves Labbé.

Toujours  au chaud, Fabien Cazenave propose la Thaïlande. « On a toutes les gammes d'hôtels, on arrive à proposer une belle variété et à s'adapter à tout type de familles et de voyageurs solos. Je recommande la côte d'Andaman. Voyageurs du Monde a un hôtel sur la petite île de Kho Phra Thong ». Michel-Yves Labbé ajoute que le rapport qualité prix est excellent en Thaïlande.

jolie plage de thailande

Frank Heuer/LAIF-REA

Quant à l'Afrique et aux safaris, « on a encore quelques lodges en Tanzanie  ou en Ouganda mais sur des budgets stratosphériques !», avoue Fabien Cazenave. Pour les amateurs d'îles, tous sont d'accord pour conseiller les Maldives.

En bref, pour savoir où partir, il faut se poser les bonnes questions : quel prix veut-on mettre et combien de temps a-t-on ? « On n'a pas évoqué la Nouvelle-Zélande par exemple. A Noël, on est en plein été. Mais il  faut au moins 15 jours sur place plus le temps du voyage », observe Fabien Cazenave.

 

Viser des petits pays moins connus

Aller à contre-courant c'est aussi « cibler le  petit pays moins connu, voisin d'une destination emblématique et surchargée. Par exemple, à côté du Costa Rica plein à craquer , il y a le Panama, un pays avec une vraie nature, des archipels traditionnels. Je ne connais pas beaucoup de gens qui passent Noël au Panama mais il y en aura de plus en plus ! », révèle Fabien Cazenave. Michel-Yves Labbé confirme qu'il s'agit d'une destination intéressante, « même Panama City avec son nouveau musée polychrome, œuvre de l'architecte Frank Gehry ».

Jean-Pierre Chanial propose une destination tout aussi inattendue : le Sultanat d'Oman qui « offre une palette de découvertes absolument étonnante ». Il évoque le bord de mer et, au large de Mascate, les milliers de dauphins qui passent par là en permanence. Il suffit de prendre le bateau pour aller les voir. Valérie Expert signale qu'il y a quand même du monde à Noël et que l'infrastructure hôtelière est celle d'un petit pays. Mais  Jean-Pierre Chanial insiste et dévoile les attractions et les lieux à ne pas manquer : le marché aux poissons de Mascate, le souk, le grand hôtel El Bustan, le désert, des plages somptueuses, des forts historiques, des vallées de cailloux, des dunes, des campements dans la montagne, des hôtels très chics, le tout en toute sécurité... » Valérie Expert et Michel-Yves Labbé sont d'accord : il faut aussi absolument aller à Salalah ! Et Michel-Yves Labbé confirme : « on peut même aller à la messe de minuit soit à Mascate, soit à Salalah ».

 

Cibler des ambiances, des événements

Retour en Europe vers la Slovénie et Ljubljana, une ville très festive. Caroline Moreau la qualifie de charmante, d'authentique puis elle  progresse vers Belgrade « qu'on aime ou qu'on déteste ».  Elle suggère le nouvel an en Pologne, à Cracovie par exemple. Valérie Expert intervient en signalant que « là, il faut vraiment être motivé ! ». Sans aller si loin, Michel-Yves Labbé propose Berlin, « très festive à cette période de l'année ».

 Caroline Moreau continue vers le grand nord et la Laponie suédoise et finlandaise à contre-courant des supermarchés du Père Noël à Rovaniemi : « On propose des expériences en tout petit comité, en chalets, qui offrent la magie de Noël que certains recherchent quand même » Michel-Yves Labbé revient à la charge avec son humour : « Est-ce qu'on nous offre la femme du Lapon ? C'était la coutume à l'époque paraît-il ! » Caroline Moreau répond négativement. « Ah bon, tant mieux car ce n'était pas forcément un cadeau... », poursuit Michel-Yves Labbé. Les rires fusent.

 

Où iront les invités de Valérie Expert à Noël ?

Valérie Expert est curieuse de connaître les aspirations vagabondes de ses invités. Fabien Cazenave hésite entre le Brésil et le Japon, Michel-Yves Labbé ira à Monaco car il aime son côté opérette, plein de lumières, ses spectacles, ses bons restaurants. Mais s'il devait aller plus loin, il irait à Londres, « malgré tous les Anglais !», s'exclame-t-il en plaisantant. Pour Jean-Pierre Chanial, ce serait le nord de la Suède « pour aller vivre au milieu d'un océan de blancheur, profiter des saunas, des moto-neiges, des feux de cheminée... Si j'allais au sud, vous l'avez deviné, j'irais à Oman ».

enfants qui sautent dans une piscine a Oman

Mashid Mohadjerin/REDUX-REA 

Caroline Moreau resterait en Europe et irait plutôt en Ecosse, « avec une ambiance très familiale, de bons repas, de bibliothèque et de feux de bois ». Quant à Valérie Expert, elle avoue être tentée par le petit hôtel de Kho Phra Thong...

 

La carte postale de Michel-Yves Labbé : Saint-Nicolas, le vrai Père Noël

« Mon Père Noël à moi, il est turc ! Et c'est le vrai, le Lapon a tout faux ! », lance Michel-Yves Labbé pour commencer sa carte postale. Tout commence au IIIème siècle après JC, au début du christianisme. Dans la petite ville de Patara en Turquie naît un bébé pas comme les autres. Très tôt, il montre de fortes dispositions au christianisme : « Lors de son baptême, il se met debout pour recevoir l'eau bénite. Puis, par la suite, il ne prend le sein de sa mère que le mercredi et le vendredi aux heures fixées par la règle canonique de l'époque. Il s'appelle Nicolas, fait des études.  Ses parents meurent en lui laissant une fortune conséquente. Il décide de la mettre au service d'oeuvres de charité », raconte Michel-Yves Labbé avec passion.

Il enchaîne sur le premier fait d'armes de Nicolas : « son voisin est ruiné. Il a trois filles sans dotes. Seule possibilité : les prostituer ! Nicolas intervient, dote les filles en leur donnant à chacune trois sacs de pièces d'or. Elles se marient et ont beaucoup d'enfants.. Du coup Nicolas devient Saint Patron des Epouses et des Femmes, et aussi Saint Patron des Changeurs d'Or. Arrive le premier miracle. Une femme part à la messe toute confite de dévotion en laissant son enfant dans une cuve d'eau chaude sur le feu. Fin de la messe : « Ciel ! Où avais-je la tête ? Mon enfant ?! » Elle supplie Nicolas de le sauver. Elle rentre chez elle et trouve le gamin nickel en train de jouer avec de l'eau bouillante ».

S'en suit une flopée d'autres miracles, Nicolas devient, entre autres, Saint Patron des Enfants. Mais il est décapité par les Romains, et de son cou sort une fontaine d'huile. Martyrisé un 6 décembre, on décide de faire de cette date celle de sa fête. Un chevalier lorrain qui passait par là apprend l'histoire et la ramène chez lui. Naît alors le culte de Saint Nicolas. Comme il est le Saint Patron des Enfants, on imagine qu'il passe chaque année, le 6 décembre, distribuer des cadeaux aux enfants sages, accompagné du Père Fouettard qui distribue des coups de martinets aux enfants pas sages. Bien implantée au Bénélux et dans l'est de la France, la Saint-Nicolas est exportée aux Etats-Unis avec les premiers migrants. Ce sont les Américains, qui, au XIXème siècle, changent le nom de Sinter Klaas – Saint Nicolas en flamand - en Santa Claus. « Le 6 décembre étant proche de la nativité, on décide de jumeler les deux et de tout fêter le 25 décembre. Un dessinateur invente le Pôle Nord et les rennes. Quant à la tunique rouge du Père Noël, c'est Coca Cola qui la crée en 1936 histoire de faire boire du coca aux gens en hiver ! Sachez que Nicolas était aussi le Saint Patron des voyageurs et des dangers du voyage. Il a donc toute sa place dans cette chronique... Si vous allez dans ce coin de Turquie, allez vous recueillir sur sa tombe à l'église Saint-Nicolas à Demre et profitez-en pour loger à l'hôtel Aman de Bodrum. Vous allez adorer », finit Michel-Yves Labbé.

 

Photographie de couverture

PAULINE CHARDIN