Australie

Radio Voyageurs : 100% Australie

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vec Aurélie Cartier, directrice Voyageurs du Monde à Bruxelles, spécialiste du Pacifique Sud et des Iles, Stéphane Jacob, expert en art australien, aborigène et contemporain, Denis Pavageau, ex-directeur de la zone Australie pour Voyageurs du Monde, et Michel Chapoutier, producteur et négociant en vins.

 

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Le pays des Aborigènes

L’Australie, c’est un grand voyage : Vingt heures d’avion pour aller dans un pays quatorze fois plus grand que la France, où on peut se rendre n’importe quand, un pays jeune aussi… “Oui, l’Australie a 200 ans, mais c’est un pays noir d’origine, d’Aborigènes. Il ne faut pas oublier qu’ils n’ont eu la nationalité australienne qu’en 1967 alors qu’ils sont là depuis 40 000 ans !”, s’exclame Denis Pavageau. Quant à Stéphane Jacob, il remercie vivement Valérie Expert de ne pas avoir dit “arborigène” au lieu d’ ”aborigène”. L’erreur est tellement commune. L’expert en art aborigène précise qu’ils sont environ 500 000 aujourd’hui répartis sur l’ensemble du territoire. parlant à peu près 250 langues différentes : “On peut donc parler d’une grande diversité culturelle. Certains Aborigènes vivent dans des régions très reculées, dans des petites communautés très difficiles d’accès Vous avez aussi des Aborigènes issus du métissage qui vivent en ville et qui sont beaucoup plus intégrés à la société blanche australienne”.

Valérie Expert pose la question pertinente de la possibilité de les rencontrer. “Ce n’est pas toujours évident, répond Aurélie Cartier, on ne veut pas tomber dans le folklorique. Avec Denis Pavageau, on a trouvé des Aborigènes qui sont fiers de transmettre leurs valeurs et leurs traditions aux touristes, comme aller pêcher à la lance dans la mangrove du Queensland par exemple”. Et pour aider à comprendre la culture aborigène, Denis Pavageau dévoile ses grandes lignes : “ Il n’y a pas d’écrits, pas d’alphabet. Un jour, dans le parc de Ku-Ring-Gay, à côté de Sydney, un Aborigène m’a dit : “Ecoute… Qu’est-ce que tu entends ?” J’ai répondu : “Des oiseaux”. “Mais les oiseaux, ils n’ont pas d’alphabet non plus. Pourtant, ils se parlent !”, m’a t-il répondu. Et c’est ça, la magie de ce peuple”.

 

Les grands classiques d’un premier voyage

Aurélie Cartier dévoile les grandes classiques : “Sydney avec son opéra, ses plages : Bondi, Manly et… Denis”, - dit-elle pour la rime et pour l’expertise, tandis que les rires fusent -, le désert, la forêt tropicale, Darwin et la barrière de corail. Idéalement, il faut trois semaines. Tout est loin en Australie. Il faut aimer prendre l’avion et conduire”. Pour Denis Pavageau, on peut déjà faire plein de choses en 15 jours. Il y a 25 millions d’habitants en Australie. Pour ceux qui veulent prendre la voiture, dès qu’on sort de Sydney et Melbourne, tout est fluide. On peut faire des sauts de puce en avion. Les transports sont faciles”.

Denis Pavageau - Notre concierge en Australie

Tandis que Stéphane Jacob vante les mérites de Sydney, “sa situation géographique, la proximité de l’eau partout, les points de vue extraordinaires, l’opéra, un environnement magique”, Denis Pavageau fait la comparaison avec Melbourne “qui a de plus en plus de succès. Sydney c’est un peu Los Angeles, la beach culture. A Melbourne, elle est compensée par l’art, l’expression gastronomique, c’est une super ville, très européenne. On y retrouve la communauté italienne la plus grande après l’Italie et pareil pour les Grecs”. Il parle de 3000 cafés et restaurants dont certains sont cachés, dans des appartements…

Il évoque aussi un art omniprésent, avant de revenir sur Sydney quand Valérie Expert demande à ses invités s’il est préférable d’avoir un guide en Australie. “Cela peut être utile. A Voyageurs du Monde, il y a 4 ou 5 ans, on a inventé le concept “like a local”. Je fais découvrir mon Sydney à moi, basé sur l’improvisation. Quand je pars de chez moi pour aller rencontrer les clients, je ne sais pas ce que je vais faire, tout dépend de ce qu’ils aiment ou pas, des événements, de la météo… Je leur montre un Sydney backstage, à moi, et les gens adorent”.

 

Un pays exceptionnel et mal connu

Stéphane Jacob revient sur le pays tout entier et sur sa lumière, “complètement exceptionnelle, par laquelle on est happé dès qu’on pose le pied en Australie. On a l’impression d’être en haute montagne en permanence avec des couleurs extrêmement fortes, un ciel d’une clarté inhabituelle pour nous”. Il insiste sur le fait qu’en Australie, on n’est pas dans le bain tout de suite : “vous arrivez à Sydney, dans la City, et tout d’un coup, vous avez l’eau toute proche, le jardin botanique avec des oiseaux qui arrivent de partout vers 17h : rien ne ressemble à ce que vous connaissez. Tout ce qui vous semble connu devient inconnu”. Le choc est encore plus fort lorsqu’on sort des grandes villes : “le désert, le bush, la nature. Il y a la même distance entre Sydney et Perth qu’entre Lisbonne et Moscou, et la même diversité culturelle. Les gens ne se rendent pas compte de ce qu’est l’Australie”.

 

Une cuisine fusion unique

Ils ne se rendent pas compte que la cuisine australienne est, elle aussi, unique. Pourtant, elle revient de loin. Denis Pavageau se souvient : “Il y a 25 ans, c’était impossible de trouver un repas décent en dehors des grandes villes. Il y avait le steak sauce, le fisherman basket (des anneaux de calamars mal décongelés et frits) et des sandwichs toastés. C’était à peu près tout ! Aujourd’hui, il existe une cuisine fusion avec des mélanges asiatiques, très fine avec des produits très frais.”. Stéphane Jacob alimente les propos de Denis Pavageau en parlant d’ “une cuisine inspirée de l’Asie du sud-est. A Sydney, vous avez maintenant de la Street Food : on mange des Dim Sums de Hong Kong mais revisités à l’australienne”.

 

Le Victoria, excellent terroir de vins

Non seulement on mange à merveille mais on boit aussi du bon vin. Valérie Expert passe la parole à Michel Chapoutier qui, au début des années 2000, investit dans le Victoria : “J’ai eu la chance de reprendre une entreprise familiale en dépôt de bilan. A l’époque, j’étais dans une logique de passer en agriculture biodynamique. Pour mes recherches, il fallait que j’investisse dans l’hémisphère sud”. Et c’est dans le Victoria qu’il trouve son bonheur car après la vallée du Rhône, c’est là que l’on trouve le plus de cépage syrah, dans un climat idéal. Il poursuit : “En plus, l’Australie n’a pas souffert de la maladie des vignes du 19ème siècle. Pour nous, vignerons français, ce qui était très intéressant, c’était d’aller sur un continent sec, qui subit la logique de sécheresse et d’anticiper nos problèmes 20 ans plus tard en Europe”. Michel Chapoutier ne se lasse pas de faire l’éloge du Victoria, “le terroir de demain” alors que Denis Pavageau défend les vins de l’état de South Australia, de Maclaren Vale, au sud d’Adelaïde, “où l’on trouve énormément de petits producteurs”, et de Margaret River dans l’ouest du pays.

 

Les endroits favoris des invités

Valérie Expert profite de la dispersion géographique des vins australiens pour en savoir plus sur les destinations préférées de ses invités. Aurélie Cartier conseille une excursion à Kangaroo Island au sud d’Adelaïde, “là, on voit des manchots, des koalas, des wallabies et dans le Top End des crocodiles”. Denis Pavageau, lui, s’émerveille devant la beauté de la Tasmanie : “On y fait beaucoup de randonnée. L’air y est le plus pur au monde. Les paysages sont à couper le souffle, la faune est différente. On ne croise personne, il y a des arbres qui ont 2000 ans…”

Aurélie Cartier embraye sur les parcs nationaux, le désert rouge, des endroits où on se sent seul au monde : “l’Australie, c’est plein de petits voyages les uns après les autres. On est à Sydney, on prend un brunch face à la mer et aux surfers. Puis, on prend l’avion et on se retrouve dans le désert poussièreux en 4 x 4, et hop, on va faire du bateau dans des marécages et on termine en masque et tuba sur la barrière de corail. C’est juste bluffant”.

Car l’Australie, c’est aussi la fameuse barrière de corail. Denis Pavageau précise d’ailleurs qu’il en y a deux : “la plus connue au nord-est, à 30 km au large et qui s’étend sur 2000 km - il conseille vivement le petit paradis de Great Keppel Island - et l’autre se situe au nord-ouest de l’Australie”. Il adore cette partie de l’Australie : “C’est le seul endroit où le désert rouge rejoint le bleu turquoise de la barrière de corail qui démarre depuis la plage. Vous marchez pieds nus dans cette terre rouge, vous croisez un wallaby, qui se cache entre deux fourrés, vous atterrissez sur la plage 50 m plus loin et vous plongez dans le bleu turquoise : incroyable !”

Great Keppel Island

Quant aux villes, hormis Sydney et Melbourne, les invités de Valérie Expert conseillent le calme provincial et agréable d’Adelaïde. Denis Pavageau évoque aussi Brisbane, “une ville plutôt “corporate”, un peu désertée le weekend. Soit les gens vont au sud sur la Gold Coast, dans la grande station balnéaire de Surfers Paradise, soit au nord dans un coin que j’affectionne particulièrement : la Sunshine Coast, plus à taille humaine”.

 

Vivre l’Australie

On voyage aussi en Australie pour la “vivre” ! Pour Michel Chapoutier, “l’Australie est le seul endroit au XXI ème siècle équivalent au far-west des Etats-Unis, où on peut faire fortune !” Denis Pavageau a d’ailleurs tenté l’expérience : “Avec des amis, on est parti chercher de l’or ! C’était surtout pour l’adrénaline : En Australie, tout ce que vous trouvez dans le sol est à vous”. Pas étonnant que les Australiens appellent leur pays le “lucky country” (le pays de la chance).

C’est aussi un pays où on se sent en sécurité partout et où les choses se font facilement, une conséquence de l’”Australian Way of Life”. “C’est un pays de vitamine D, confie Denis Pavageau, les Australiens sont des bosseurs mais ils ont aussi l’habitude de dire: “It’s only work” (il n’y a pas que le travail). Ils vont travailler vers 7h, ne font pas de pause et quitte leur boulot tôt pour enchaîner avec des activités culturelles ou sportives”. Aurélie Cartier élargit le concept d’ “Australian way of life” à l’accueil des touristes, “unique, gentil, serviable”. “C’est presque déroutant, surtout quand on est Parisien”, en rigolent Stéphane Jacob et les autres. Et puis, il y a la notion de sincérité. “Par exemple, le pourboire n’existe pas en Australie. La gentillesse est sincère”, précise Denis Pavageau.

 

Hôtels design et lodges cinq étoiles

Du pourboire, on arrive à la question des hôtels. Comme la cuisine, l’hôtellerie australienne a beaucoup évolué. “A Melbourne, Sydney, Perth, vous avez des établissements avec une architecture contemporaine vraiment australienne”, explique Denis Pavageau. “Ce sont des hôtels très design. A Sydney notamment, il y a un sens du détail très élégant”, confirme Stéphane Jacob. Et puis, il y a le Glambing (camping de luxe) : “des lodges dans des parties très reculées de l’Australie que l’on rejoint souvent en tout petit avion. Vous êtes au bout du monde, avec un service proche d’un 5 étoiles et les premiers autres touristes à 150 km de vous… Vous frissonnez, vous n’avez pas envie de rentrer en France”, commente Denis Pavageau.

 

Un pratimoine culturel riche et étonnant

On va aussi en Australie pour sa culture. Denis Pavageau en donne un aperçu : “L’Australie a longtemps souffert de son éloignement, de sa différence culturelle, d’être une nation de bagnards discréditée d’abord par l’Angleterre, puis par les Australiens eux-mêmes qui sentaient qu’ils n’avaient pas de culture. Depuis deux décennies, ils ont pris conscience de leur patrimoine culturel notamment avec les Aborigènes” Stéphane Jacob approuve : “A Adélaïde, il y a un musée extraordinaire sur la culture Aborigène - gratuit, comme beaucoup de musées -. Et il n’y a pas que l’art Abortigène : L’Australie est un mélange culturel que l’on retrouve dans l’art. Il y a une grande distinction avec la France par exemple où un peintre est un peintre. En Australie, un peintre va faire du tissage, de la poterie, il n’y a pas de distinction entre art mineur et majeur. L’art est souvent en lien avec la nature et avec la question de l’identité. Il y a ce sentiment que tout est possible. Il y a toujours cette idée : tu as envie de faire quelque chose, tu le fais. Il n’y a pas de barrières”.

 

La tragédie et l’art des Ghostnets

Des musées d’Australie, Valérie Expert ramène ses auditeurs à l’Aquarium de Paris où se tient jusqu’au 15 août une exposition sur l’art des Ghostnets, des sculptures de poissons réalisées par des artistes du nord de l’Australie avec des rebus de ces “filets fantômes”. Stéphane Jacob, son concepteur, explique sa genèse : “Les ghostnets sont des filets de 40-60 km de long. Ils servent à la pêche illégale. Des Chinois, des Coréens, des Thaïlandais les utilisent parce qu’ils draguent tout sur leur passage. Il y a des actes de piraterie entre bateaux : Ies filets sont coupés, abandonnés, ils dérivent tout le long de la côte indonésienne, australienne, pour venir s’échouer dans le goulot de la pointe nord de l’Australie. On a des espèces protégées qui sont tuées par ces filets fantômes qui abîment tout sur leur passage. Les Australiens sont particulièrement tournés vers la protection de l’environnement. Ces filets sont récupérés, mis en volume, transformés en sculptures par des communautés et des artistes locaux”. D’où cette exposition qui montre une trentaine d’oeuvres différentes et étonnantes et dont un des mérites est d’attirer l’attention sur ce crime écologique.

Pour finir l’émission, Valérie Expert et ses invités cherchent des défauts à l’Australie. Le coût de la vie et du voyage en est un. “Il faut en effet compter entre 10 000 et 12 000 € pour deux personnes et trois semaines de voyage”, précise Aurélie Cartier. Mais pour tous les autres, le seul défaut, c’est qu’on ne veut pas en partir !

 

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Valérie Expert pose la question pertinente de la possibilité de les rencontrer. “Ce n’est pas toujours évident, répond Aurélie Cartier, on ne veut pas tomber dans le folklorique. Avec Denis Pavageau, on a trouvé des Aborigènes qui sont fiers de transmettre leurs valeurs et leurs traditions aux touristes, comme aller pêcher à la lance dans la mangrove du Queensland par exemple”. Et pour aider à comprendre la culture aborigène, Denis Pavageau dévoile ses grandes lignes : “ Il n’y a pas d’écrits, pas d’alphabet. Un jour, dans le parc de Ku-Ring-Gay, à côté de Sydney, un Aborigène m’a dit : “Ecoute… Qu’est-ce que tu entends ?” J’ai répondu : “Des oiseaux”. “Mais les oiseaux, ils n’ont pas d’alphabet non plus. Pourtant, ils se parlent !”, m’a t-il répondu. Et c’est ça, la magie de ce peuple”.

 

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Aurélie Cartier dévoile les grandes classiques : “Sydney avec son opéra, ses plages : Bondi, Manly et… Denis”, - dit-elle pour la rime et pour l’expertise, tandis que les rires fusent -, le désert, la forêt tropicale, Darwin et la barrière de corail. Idéalement, il faut trois semaines. Tout est loin en Australie. Il faut aimer prendre l’avion et conduire”. Pour Denis Pavageau, on peut déjà faire plein de choses en 15 jours. Il y a 25 millions d’habitants en Australie. Pour ceux qui veulent prendre la voiture, dès qu’on sort de Sydney et Melbourne, tout est fluide. On peut faire des sauts de puce en avion. Les transports sont faciles”.

Denis Pavageau - Notre concierge en Australie

Tandis que Stéphane Jacob vante les mérites de Sydney, “sa situation géographique, la proximité de l’eau partout, les points de vue extraordinaires, l’opéra, un environnement magique”, Denis Pavageau fait la comparaison avec Melbourne “qui a de plus en plus de succès. Sydney c’est un peu Los Angeles, la beach culture. A Melbourne, elle est compensée par l’art, l’expression gastronomique, c’est une super ville, très européenne. On y retrouve la communauté italienne la plus grande après l’Italie et pareil pour les Grecs”. Il parle de 3000 cafés et restaurants dont certains sont cachés, dans des appartements…

Il évoque aussi un art omniprésent, avant de revenir sur Sydney quand Valérie Expert demande à ses invités s’il est préférable d’avoir un guide en Australie. “Cela peut être utile. A Voyageurs du Monde, il y a 4 ou 5 ans, on a inventé le concept “like a local”. Je fais découvrir mon Sydney à moi, basé sur l’improvisation. Quand je pars de chez moi pour aller rencontrer les clients, je ne sais pas ce que je vais faire, tout dépend de ce qu’ils aiment ou pas, des événements, de la météo… Je leur montre un Sydney backstage, à moi, et les gens adorent”.

 

Un pays exceptionnel et mal connu

Stéphane Jacob revient sur le pays tout entier et sur sa lumière, “complètement exceptionnelle, par laquelle on est happé dès qu’on pose le pied en Australie. On a l’impression d’être en haute montagne en permanence avec des couleurs extrêmement fortes, un ciel d’une clarté inhabituelle pour nous”. Il insiste sur le fait qu’en Australie, on n’est pas dans le bain tout de suite : “vous arrivez à Sydney, dans la City, et tout d’un coup, vous avez l’eau toute proche, le jardin botanique avec des oiseaux qui arrivent de partout vers 17h : rien ne ressemble à ce que vous connaissez. Tout ce qui vous semble connu devient inconnu”. Le choc est encore plus fort lorsqu’on sort des grandes villes : “le désert, le bush, la nature. Il y a la même distance entre Sydney et Perth qu’entre Lisbonne et Moscou, et la même diversité culturelle. Les gens ne se rendent pas compte de ce qu’est l’Australie”.

 

Une cuisine fusion unique

Ils ne se rendent pas compte que la cuisine australienne est, elle aussi, unique. Pourtant, elle revient de loin. Denis Pavageau se souvient : “Il y a 25 ans, c’était impossible de trouver un repas décent en dehors des grandes villes. Il y avait le steak sauce, le fisherman basket (des anneaux de calamars mal décongelés et frits) et des sandwichs toastés. C’était à peu près tout ! Aujourd’hui, il existe une cuisine fusion avec des mélanges asiatiques, très fine avec des produits très frais.”. Stéphane Jacob alimente les propos de Denis Pavageau en parlant d’ “une cuisine inspirée de l’Asie du sud-est. A Sydney, vous avez maintenant de la Street Food : on mange des Dim Sums de Hong Kong mais revisités à l’australienne”.

 

Le Victoria, excellent terroir de vins

Non seulement on mange à merveille mais on boit aussi du bon vin. Valérie Expert passe la parole à Michel Chapoutier qui, au début des années 2000, investit dans le Victoria : “J’ai eu la chance de reprendre une entreprise familiale en dépôt de bilan. A l’époque, j’étais dans une logique de passer en agriculture biodynamique. Pour mes recherches, il fallait que j’investisse dans l’hémisphère sud”. Et c’est dans le Victoria qu’il trouve son bonheur car après la vallée du Rhône, c’est là que l’on trouve le plus de cépage syrah, dans un climat idéal. Il poursuit : “En plus, l’Australie n’a pas souffert de la maladie des vignes du 19ème siècle. Pour nous, vignerons français, ce qui était très intéressant, c’était d’aller sur un continent sec, qui subit la logique de sécheresse et d’anticiper nos problèmes 20 ans plus tard en Europe”. Michel Chapoutier ne se lasse pas de faire l’éloge du Victoria, “le terroir de demain” alors que Denis Pavageau défend les vins de l’état de South Australia, de Maclaren Vale, au sud d’Adelaïde, “où l’on trouve énormément de petits producteurs”, et de Margaret River dans l’ouest du pays.

 

Les endroits favoris des invités

Valérie Expert profite de la dispersion géographique des vins australiens pour en savoir plus sur les destinations préférées de ses invités. Aurélie Cartier conseille une excursion à Kangaroo Island au sud d’Adelaïde, “là, on voit des manchots, des koalas, des wallabies et dans le Top End des crocodiles”. Denis Pavageau, lui, s’émerveille devant la beauté de la Tasmanie : “On y fait beaucoup de randonnée. L’air y est le plus pur au monde. Les paysages sont à couper le souffle, la faune est différente. On ne croise personne, il y a des arbres qui ont 2000 ans…”

Aurélie Cartier embraye sur les parcs nationaux, le désert rouge, des endroits où on se sent seul au monde : “l’Australie, c’est plein de petits voyages les uns après les autres. On est à Sydney, on prend un brunch face à la mer et aux surfers. Puis, on prend l’avion et on se retrouve dans le désert poussièreux en 4 x 4, et hop, on va faire du bateau dans des marécages et on termine en masque et tuba sur la barrière de corail. C’est juste bluffant”.

Car l’Australie, c’est aussi la fameuse barrière de corail. Denis Pavageau précise d’ailleurs qu’il en y a deux : “la plus connue au nord-est, à 30 km au large et qui s’étend sur 2000 km - il conseille vivement le petit paradis de Great Keppel Island - et l’autre se situe au nord-ouest de l’Australie”. Il adore cette partie de l’Australie : “C’est le seul endroit où le désert rouge rejoint le bleu turquoise de la barrière de corail qui démarre depuis la plage. Vous marchez pieds nus dans cette terre rouge, vous croisez un wallaby, qui se cache entre deux fourrés, vous atterrissez sur la plage 50 m plus loin et vous plongez dans le bleu turquoise : incroyable !”

Great Keppel Island

Quant aux villes, hormis Sydney et Melbourne, les invités de Valérie Expert conseillent le calme provincial et agréable d’Adelaïde. Denis Pavageau évoque aussi Brisbane, “une ville plutôt “corporate”, un peu désertée le weekend. Soit les gens vont au sud sur la Gold Coast, dans la grande station balnéaire de Surfers Paradise, soit au nord dans un coin que j’affectionne particulièrement : la Sunshine Coast, plus à taille humaine”.

 

Vivre l’Australie

On voyage aussi en Australie pour la “vivre” ! Pour Michel Chapoutier, “l’Australie est le seul endroit au XXI ème siècle équivalent au far-west des Etats-Unis, où on peut faire fortune !” Denis Pavageau a d’ailleurs tenté l’expérience : “Avec des amis, on est parti chercher de l’or ! C’était surtout pour l’adrénaline : En Australie, tout ce que vous trouvez dans le sol est à vous”. Pas étonnant que les Australiens appellent leur pays le “lucky country” (le pays de la chance).

C’est aussi un pays où on se sent en sécurité partout et où les choses se font facilement, une conséquence de l’”Australian Way of Life”. “C’est un pays de vitamine D, confie Denis Pavageau, les Australiens sont des bosseurs mais ils ont aussi l’habitude de dire: “It’s only work” (il n’y a pas que le travail). Ils vont travailler vers 7h, ne font pas de pause et quitte leur boulot tôt pour enchaîner avec des activités culturelles ou sportives”. Aurélie Cartier élargit le concept d’ “Australian way of life” à l’accueil des touristes, “unique, gentil, serviable”. “C’est presque déroutant, surtout quand on est Parisien”, en rigolent Stéphane Jacob et les autres. Et puis, il y a la notion de sincérité. “Par exemple, le pourboire n’existe pas en Australie. La gentillesse est sincère”, précise Denis Pavageau.

 

Hôtels design et lodges cinq étoiles

Du pourboire, on arrive à la question des hôtels. Comme la cuisine, l’hôtellerie australienne a beaucoup évolué. “A Melbourne, Sydney, Perth, vous avez des établissements avec une architecture contemporaine vraiment australienne”, explique Denis Pavageau. “Ce sont des hôtels très design. A Sydney notamment, il y a un sens du détail très élégant”, confirme Stéphane Jacob. Et puis, il y a le Glambing (camping de luxe) : “des lodges dans des parties très reculées de l’Australie que l’on rejoint souvent en tout petit avion. Vous êtes au bout du monde, avec un service proche d’un 5 étoiles et les premiers autres touristes à 150 km de vous… Vous frissonnez, vous n’avez pas envie de rentrer en France”, commente Denis Pavageau.

 

Un pratimoine culturel riche et étonnant

On va aussi en Australie pour sa culture. Denis Pavageau en donne un aperçu : “L’Australie a longtemps souffert de son éloignement, de sa différence culturelle, d’être une nation de bagnards discréditée d’abord par l’Angleterre, puis par les Australiens eux-mêmes qui sentaient qu’ils n’avaient pas de culture. Depuis deux décennies, ils ont pris conscience de leur patrimoine culturel notamment avec les Aborigènes” Stéphane Jacob approuve : “A Adélaïde, il y a un musée extraordinaire sur la culture Aborigène - gratuit, comme beaucoup de musées -. Et il n’y a pas que l’art Abortigène : L’Australie est un mélange culturel que l’on retrouve dans l’art. Il y a une grande distinction avec la France par exemple où un peintre est un peintre. En Australie, un peintre va faire du tissage, de la poterie, il n’y a pas de distinction entre art mineur et majeur. L’art est souvent en lien avec la nature et avec la question de l’identité. Il y a ce sentiment que tout est possible. Il y a toujours cette idée : tu as envie de faire quelque chose, tu le fais. Il n’y a pas de barrières”.

 

La tragédie et l’art des Ghostnets

Des musées d’Australie, Valérie Expert ramène ses auditeurs à l’Aquarium de Paris où se tient jusqu’au 15 août une exposition sur l’art des Ghostnets, des sculptures de poissons réalisées par des artistes du nord de l’Australie avec des rebus de ces “filets fantômes”. Stéphane Jacob, son concepteur, explique sa genèse : “Les ghostnets sont des filets de 40-60 km de long. Ils servent à la pêche illégale. Des Chinois, des Coréens, des Thaïlandais les utilisent parce qu’ils draguent tout sur leur passage. Il y a des actes de piraterie entre bateaux : Ies filets sont coupés, abandonnés, ils dérivent tout le long de la côte indonésienne, australienne, pour venir s’échouer dans le goulot de la pointe nord de l’Australie. On a des espèces protégées qui sont tuées par ces filets fantômes qui abîment tout sur leur passage. Les Australiens sont particulièrement tournés vers la protection de l’environnement. Ces filets sont récupérés, mis en volume, transformés en sculptures par des communautés et des artistes locaux”. D’où cette exposition qui montre une trentaine d’oeuvres différentes et étonnantes et dont un des mérites est d’attirer l’attention sur ce crime écologique.

Pour finir l’émission, Valérie Expert et ses invités cherchent des défauts à l’Australie. Le coût de la vie et du voyage en est un. “Il faut en effet compter entre 10 000 et 12 000 € pour deux personnes et trois semaines de voyage”, précise Aurélie Cartier. Mais pour tous les autres, le seul défaut, c’est qu’on ne veut pas en partir !

 

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