L’énergie d’une grande métropole, la décontraction d’une ville posée sur l’océan, une douceur de vivre unique : Sydney entretient le mythe australien. À 17 000 km de la France, la principale ville du pays reste un point de départ évident. À ses côtés, l’Etat de Nouvelle-Galles du Sud réserve de belles surprises, à commencer par un littoral filant au sud vers le Victoria et la rivale culturelle, Melbourne.
Entretien avec Léopold Aries
— Spécialiste de l'Australie chez Voyageurs du Monde —
Comment expliquer le magnétisme de Sydney ?
Sydney n’en finit pas de faire rêver la planète entière. Elle se classe régulièrement dans le Top 10 des villes les plus agréables à vivre au monde, comme d’ailleurs les principales villes australiennes (Melbourne arrivant sur la première marche). Le climat, agréable tout au long de l’année y est pour beaucoup, avec bien sûr la proximité de l’océan. Cela crée une atmosphère particulièrement décontractée. Si les Sydneysiders (les habitants de Sydney) sont travailleurs – cela se ressent particulièrement dans le CBD (Central Business District) – ce n’est jamais au détriment de leur qualité de vie : ici, on commence généralement sa journée en allant nager ou courir. Ensuite, le pouls de Sydney bat au rythme de ses innombrables plages (c’est la ville qui en compte le plus au monde), de ses petits quartiers et de ses cafés.
Y a-t-il une saison plus propice pour visiter la région?
Les saisons sont inversées aux nôtres. L’été de l’hémisphère Nord correspond donc à l’hiver austral, soit des températures oscillant entre 10° et 17° degrés à Sydney. L’été australien bat son plein de décembre à mars avec un thermomètre qui se maintient au-dessus de 25° (et parfois des pics à 40° !) En revanche, ce n’est pas la meilleure période pour la Grande Barrière au nord, touchée alors par la saison des pluies et une migration de méduses. Le printemps et l’automne restent donc des saisons idéales pour voyager en Australie. Malgré tout, il existe de nombreuses alternatives, en hiver comme en été.
D’une manière générale, quelle est la meilleure façon de se déplacer en Australie ?
Trop de voyageurs imaginent encore atterrir à Sydney, louer une voiture et sillonner tout le pays ! À moins d’avoir 3 mois devant soi et l’envie de réaliser un vieux rêve en camping-car, c’est une erreur d’appréciation. Il faut bien prendre la mesure du pays : 3 fuseaux horaires, quatorze fois la France, près de 4 000 km d’est en ouest et du nord au sud, soit l’équivalent d’un trajet Lisbonne-Helsinki ! Avec un réseau routier très limité dans beaucoup de cas. Nous recommandons donc d’utiliser les vols intérieurs d’une région à l’autre, puis de rayonner en 4x4.
Qulles sont les bonnes raisons d’aimer Sydney ?
Se retrouver après 25 heures de vol, au pied d’un chef-d’œuvre architectural, l’Opera House, et se dire enfin : « j’y suis ! », déambuler autour de ses coquilles de céramique, boire un high tea au Park Hyatt ou un verre à l’Opera Bar au couchant, face à la baie et Harbour Bridge, palper l’activité de Circular Quay et embarquer tel un Sydneysider, depuis Wharf n°3 sur un ferry direction Manly, s’initier au surf sur la plage mythique de Bondi, faire son marché du week-end à The Rocks, étoffer sa garde-robe vintage à Newtown ou Paddington, écumer les entrepôts réhabilités de Surry Hills, flâner dans les Royal Botanic Gardens, y visiter la superbe Art Gallery et attendre le crépuscule pour assister au concerto des perruches et au ballet des chauves-souris géantes.
Quelles sont les étapes incontournables au départ de Sydney ?
À l’image du pays, les « trésors nationaux » de la région sont avant tout d’ordre naturel. Des paysages grandioses à deux heures de route, comme ceux des Blue Mountains ou encore des vignobles de la Hunter Valley et bien sûr un littoral exceptionnel. Au nord de l’Etat, Byron Bay symbolise l’esprit laid-back australien, cette décontraction typique mêlant plage, surf et ambiance hippie-chic, à l’opposé des plages bling-bling de la Gold Coast, un peu plus haut dans le Queensland, qui rappellent celles de Miami. Au sud, Jervis Bay est réputée pour avoir le sable le plus blanc au monde et des lagons cristallins ! Les amateurs de montagnes, eux, pourront s’aventurer sur le mont Kosciuszko. En hiver, ils skieront à Thredbo ou Perisher Blue, en été ce sera kayak, randonnée, rafting…
Que dire de Melbourne et sa région ?
Melbourne est une ville moderne et un centre d’affaires néanmoins très agréable à vivre. Il y flotte une belle dimension artistique qui s’exprime librement sur les murs de la ville (notamment à Fitzroy) mais aussi dans certains hébergements que nous avons sélectionnés parce qu’ils sont les œuvres d’artistes australiens. Par ailleurs, Melbourne présente une belle palette architecturale allant du style victorien au délire contemporain. À quelques heures de cette activité culturelle, l’Etat du Victoria offre de jolies retraites. La Vallée de la Yarra par exemple, pour ses vignobles et sa gastronomie, les Grampians pour randonner et la péninsule de Mornington pour nager avec les dauphins et se poser sur les plages de Flinders. Enfin, la plus belle aventure naturelle de la région reste sans doute la Great Ocean Road qui remonte la côte en direction d’Adélaïde. Une route suspendue à une nature vierge, semée de petits villages. Les points de vue sont à couper le souffle et les Douze Apôtres, ces aiguilles de calcaire plongeant dans l’océan, restent un paysage mythique de l’Australie.
Quelles sont les bonnes raisons d’aimer Melbourne ?
Découvrir une métropole régulièrement élue « ville la plus agréable à vivre au monde », déambuler à travers une grande diversité architecturale : victorienne, Art Déco, moderne, sillonner la ville en tramway, se perdre dans les ruelles, les impasses et les passages couverts de Queen Victoria à la découverte des innombrables cafés, boutiques et ateliers d’artistes, observer les beautiful people de South Yarra, prendre le large en kitesurf depuis la belle plage de St-Kilda, déjeuner en terrasse et chiner dans Fitzroy sur fond de street art, céder au talent des jeunes créateurs de Gertrude Street, visiter l’espace culturel de Federation Square, descendre la Yarra en kayak, assister à un concert à l’Espy, un match de cricket au Melbourne Cricket Ground ou à la Melbourne Cup, grande messe nationale du hippisme et de l’élégance.
Parle-nous d’Adélaïde, justement ?
C’est un vrai coup de cœur ! L’ambiance est très british, ses dimensions humaines permettent de tout faire à pied. Il y règne une grande douceur de vivre et toujours cette convivialité empreinte de civisme propre aux Australiens. C’est un point important pour nous Français : le respect des règles est fondamental en Australie, pas question pour un piéton de traverser au rouge et mieux vaut respecter les limitations de vitesse, même en plein outback ! Adélaïde offre également de nombreuses activités culturelles dont un fantastique musée aborigène. C’est par ailleurs l’étape obligatoire avant une visite de Kangaroo Island, « l’arche de Noé » australienne qui réunit sur un territoire réduit toute la faune du pays à l’état sauvage.
La Tasmanie pour qui ? Pour quoi ?
Sans hésitation pour les sportifs, amoureux de nature vierge. Le plus petit état d’Australie est un voyage à part ! Tellement différent, offrant une nature exubérante, encore très préservée : des forêts pluviales ancestrales, des collines verdoyantes, des chaînes de montagnes, des lacs et d’immenses plages bordées de falaises. Attention, les hivers y sont froids en altitude ! Son territoire couvre l’équivalent d’un quart de la France, il faut donc une dizaine de jours pour en avoir un aperçu.
Quelles sont les bonnes raisons d’aimer Adélaïde ?
Profiter d’une ville calme à taille humaine et au caractère britannique, parcourir les rues quadrillées de monuments et musées le long de North Terrasse, égrainer les allées du marché central, « le plus grand potager d’Australie », admirer l’une des plus belles collections d’art aborigène au monde, participer à un festival musical dans le jardin botanique, déjeuner sur un balcon ou pique-niquer dans l’un des nombreux parcs bordant le centre ville, céder aux sirènes de la mode sur Rundle Mall, suivre le cours du Torrens à vélo, filer en tramway jusqu’à la plage de Glenelg, emprunter la piste aborigène de Tjilbruke Trail, explorer les docks rénovés de Port Adelaide, s’échapper vers Kangaroo Island ou vers la Barossa Valley et passer une nuit au cœur des vignobles, déguster un Shiraz accompagné d’olives, de fromages et de fruits du verger.
Photographie de couverture : Stéphanie Tétu