Afrique du Sud

La photographie sud-africaine

La photographie sud-africaine

La photographie sud-africaine est singulière sur le continent : née avec l’apartheid, elle est ici, plus qu’ailleurs, synonyme de combat politique. Les photographes sud-africains se sont engagés dans une lutte radicale contre les politiques ségrégationnistes, se servant de la photographie comme d’une arme A travers leurs témoignages, ce sont eux-mêmes qu’ils défendaient : les inégalités dont leurs photographies témoignent sont des inégalités dont ils pouvaient être les victimes. La photographie sud-africaine est une photographie de la nécessité, une pratique de proximité et d’empathie, un manifeste.Le chef de file de la photographie sud-africaine, David Golblatt, a photographié depuis le début des années 50 son pays, l’Afrique du Sud, et sa ville, Johannesburg, divisés par les fractures raciales, sociales, urbaines. C’est la pratique de la photographie, considérée comme une lutte, qui a permis à cet Africain blanc refusant l’apartheid, de continuer à vivre dans son pays, de ne pas se résoudre à l’exil.

Il a observé l'évolution de la société sud-africaine, des terrains vagues aux prisons, des lotissements résidentiels ultra protégés jusqu’aux townships. Sa grande fresque sociale rassemble riches et pauvres, bourreaux et victimes, produisant  un regard distancié qui sert l’analyse - après la politique de ségrégation raciale, ses images pointent aujourd’hui les incohérences de la société post-apartheid. Ses photographies ont été exposées dans les institutions les plus prestigieuses ; aux Etats-Unis, le Moma, et, en France, le Centre Pompidou collectionnent ses œuvres depuis une dizaine d’années. 

En 1989, il a fondé le Market Photo Workshop, une école de photographie axée sur le documentaire social, et, dès sa création, une « bulle » hors apartheid.  Située dans le quartier de Newton à Johannesburg, l’école propose l’étude des aspects techniques de la photographie, mais également l’approche d’une pensée critique permettant d’aborder la photographie contemporaine. Le Market Photo Worshop a joué ces vingt dernières années un rôle central dans l’émergence de nouveaux talents. La fin de l’apartheid a aussi été une étape cruciale  dans le développement d’une nouvelle  pratique de la photographie : depuis l’arrêt des politiques ségrégationnistes, les photographes - Noirs et Blancs - accompagnent ensemble, avec une nouvelle liberté, les bouleversements de la société sud-africaine. Portrait, photographie documentaire, ethnographique ou plasticienne, les jeunes photographes sud-africains témoignent des transformations à l’œuvre dans la société post-apartheid, et  imaginent le futur de l’Afrique du Sud par le biais de leurs photographies. La scène photographique sud-africaine contemporaine est aujourd’hui l’une des plus dynamiques au monde, avec des photographes qui  ont acquis, par la qualité de leurs travaux, une  reconnaissance internationale, tels Mikhael Subotzky, Guy Tillim, Pieter Hugo, Jodi Bieber ou Santu Mofokeng. 



Pour en savoir + Figures et fictions, Tamar Garb, Steidl, 2011Le catalogue de l’exposition qui a eu lieu au Victoria et Albert Museum de Londres en 2011 présente les oeuvres récentes de 17 photographes sud-africains, rassemblant les « doyens » David Golblatt et Santu Mofokeng, les photographes de l’avant-garde, de Guy Tillim à Pieter Hugo, et les talents émergents, tels Zanele Muholi ou Sabelo Mlangeni. 


A visiter

Market Photo Workshop L’école fondée par David Golblatt abrite une galerie d’exposition.

  • 2 President Street, Newtown, Johannesburg, 2000
  • Les deux grandes galeries d’art contemporain du pays exposent les photographes sud-africains  les plus talentueux, au Cap et à Johannesburg. Goodman gallery représente David Golblatt et Mikhael Subotzky.
  • Cape Town 3rd Floor Fairweather House,?176 Sir Lowry Road?Woodstock, 7915 Michael Stevenson Gallery représente GuyTillim et Pieter Hugo. http://www.stevenson.info
  • Johannesburg 62 Juta Street, Braamfontein 2001
  • Cape Town 160 Sir Lowry Road, Woodstock, 7925