Brésil

Focus sur Rio de Janeiro

Focus sur Rio de Janeiro

Il serait réducteur de résumer la Cidade Maravilhosa à ces deux quartiers. Pourtant, Ipanema et Santa Teresa sont deux ambiances qui s’opposent et font Rio.


Rio bling ou bohème, dimanche ordinaire sur l’avenida Vieira Souto. Un flux sans discontinu de clichés cariocas coule d’Arpoador à Leblon. Face à l’océan, chacun sa façon de parader : peloton familial, foulée double, escadron de skateboards. La jeunesse file, eux pectoraux fendant fièrement l’air, elles, minishorts frangeant outrageusement. Pas l’ombre d’un doute : le culte du corps existe bien, et la plage d’Ipanema en est le temple principal. Une nef de sable blanc de près de 3kilomètres (4 avec celle de Leblon) surplombée de deux dômes rocheux aux formes féminines. Premier dogme respecté sous l’œil d’un Cristo Redentor en château de sable : le sport. Les terrains de volley quadrillent la plage, sauf qu’au pays du roi Pelé, on joue au pied. Acrobatique, ce tennis-ballon donne soif, même au spectateur.

 

terrasse de Rio

 

Halte au premier kiosque, pour se désaltérer à coups d’eau de coco. Posto Nove, le rendez-vous des beautiful people. A gauche la communauté gay a planté son drapeau arc-en-ciel. A droite, défilé de bikinis. Et lorsque la nature n’est pas assez généreuse la médecine prend le relais. « Quand Américains et Européens vont chez les psy, les Brésiliens vont chez le chirurgien » confie-t-on sans complexe. Et le bistouri d’Ivo Pitanguy, Freud de la chirurgie esthétique, est adulé jusque dans les favelas.Au Garota d’Ipanema plane encore un air de Bossa Nova. Ici est née en 1962 une chanson et avec elle, un nouveau genre musical. 50 ans après, « les jeunes filles à la peau bronzée remontent toujours de la mer sans s’arrêter »… filant vers les boutiques branchées du quartier. Attroupement devant l’hôtel Fasano. Quand la star apparaît enfin au balcon, ils scandent son nom : « Britney ! Britney ! » Il est temps de prendre un peu de hauteur, ce soir j’irai dormir à Santa Teresa.

 

couché de soleil a Rio

 

« Ici l’air n’est pas le même qu’en bas »Réveillé par la pluie dans les palmiers, le chant des oiseaux et le cri des singes : est-on toujours à Rio ? La réponse est au balcon. Derrière les confitures maison, la ville verte dégouline jusqu’à sa baie : centre historique, Botafogo et derrière le Pão de Açucar, Ipanema n’est plus qu’un souvenir sucré. «  Ici l’air est différent, on respire mieux ! » assure Jean-Michel Ruis, Français exilé qui reçoit à la Casa Mama Ruisa. Ainsi, lorsque Rio devient capitale, au début du XIXe siècle, noblesse et administration portugaises choisissent de s’installer sur cette colline, laissant au peuple le bord de mer et les épidémies.

 

plage de Rio

 

En plus de l’air, le quartier bénéficie alors de l’eau, grâce à l’Aqueduc Carioca. ces arches de Lapa recevront ensuite le bondinho, célèbre tramway jaune qui devrait bientôt reprendre  du service après une sérieuse réfection. Arrivé au largo dos Guimaraes, arrêt principal, on flâne devant le bar do Mineiro. Deux musiciens « tapent le bœuf » dans une salle sombre, on croit reconnaître le réalisateur Walter Salles, habitué du quartier. Compositeurs, écrivains, peintres : Santa Teresa est depuis 15 ans un refuge d’artistes. Getulio, et son bric à brac, Zemok et sa récup stylée, Dali et Picasso au musée Chacarado Céu. Après le départ des ambassadeurs pour Brasilia en 1960 et le passage des barons de la drogue dans les années 80, les rues pavées sont aujourd’hui pacifiées. Les maisons au faste européen décadent (voir le bavarois château Valentin) retrouvent une seconde vie. Pour le plus grand bonheur des voyageurs en quête d’un autre Rio.

 

jolie voiture à Rio

 

Le Centro, quartier historique de la ville, s’étend entre la Praça XV et le Sambodromo. Une concentration d’églises et de monuments marquants. C’est un agréable quartier à parcourir à pied avant de rejoindre Lapa, quartier des antiquaires le jour, des clubs de samba la nuit ! Le bonde relie ce quartier à la colline bohème et artistique de Santa Teresa. Au nord, Glorià, Catete, Laranjeiras sont d’anciens quartiers résidentiels du XIXe, aujourd’hui réhabilités. Le quartier de Botafogo, joue la transition avec les quartiers sud, mixant musées, centres commerciaux et quartier d’affaires. Au sud, on rejoint les plages mythiques de Copacabana et Ipanema, le quartier chic de Leblon puis la zone récréative de Lagoa.

 

 

LES BONNES RAISONS D’AIMER RIO.

 

Etre réveillé par les oiseaux et prendre un petit déjeuner maison à la Casa Mama Ruisa, en surplombant Rio et sa baie

faire son jogging matinal sur Ipanema, puis profiter de la plage et de son spectacle permanent

savourer un jus de fruits d’Amazonie, dans la fraîcheur d’une arrière-cour de Leblon, après un après midi shopping. Respirer dans le jardin botanique au cœur de la ville

rêver devant le génie architectural d’Oscar Niemeyer

rencontrer un artiste dans son atelier à Lapa

assister à un match Flamengo-Fluminense au stade Maracana

Se perdre dans le centre ville entre quartier des antiquaires et quartier des affaires.

Boire un caïpirinha au bar du Copacabana Palace.

Danser la samba jusqu’au petit jour à Lapa.

 

 

Par

BAPTISTE BRIAND

 

Photographies

Thibault Charpentier/Hebdomania