Ils sont si fragiles, ces 118 confettis éparpillés au cœur de l'Océan Pacifique. Ils ont l'air hors du monde, si loin de la folie destructrice des hommes qu'ils en seraient préservés, et c'est tout le contraire... Nos 5 expériences immanquables à vivre lors de son voyage en Polynésie.
1
Admirer les coraux de Moorea
Plus de la moitié des coraux de la planète est menacée par les conséquences du réchauffement climatique – ou déjà détruite. En Polynésie française, s'y ajoute, autour des îles les plus habitées, Tahiti, Moorea, Huahine, Bora-Bora, la destruction liée aux activités humaines : rejets polluants dans les eaux des lagons, constructions parfois anarchiques de pontons, de jetées, de murets, et la voracité de la belle acanthaster pourpre, avec ses doigts multiples, une espèce invasive qui de repaît de corail. Sur de nombreuses zones de ses îles, le corail est déjà entièrement blanchi. A l'inverse, les récifs des Toamotus sont encore largement intacts.
2
Nager avec les tortues vertes
Quel bonheur, d'évoluer aux côtés de ces grandes danseuses. Nous, qui nous sentions tout légers en plongeant dans cette eau d'une température parfaite, nous retrouvons d'un coup tout patauds, et admirons, bouche bée (pas trop pour ne pas perdre tuba ou détendeur) les mouvements chorégraphiques de la belle dame. Belle dame classée en danger d'extinction... Elle avale des objets qu'elle prend pour de jolis aliments, et qui la tuent – capuchons de stylo-billes, bouchons de lessive, bras de poupées Barbie, morceaux de fils de fer, et, malgré les interdictions, elle est toujours tuée pour sa viande, un mets royal pour les Polynésiens. Espérons que la répression – amendes très lourdes et même peines de prison – et la prévention – opérations de sensibilisation pour faire prendre conscience du drame et stopper définitivement sa consommation, pourra inverser la machine.
3
Voir les Tuamotus émergées
Sur les 118 îles de Polynésie, 84 sont des atolls, à fleur d'eau. Si la montée des eaux continue à ce rythme, et de nombreux spécialistes s'accordent à penser que celle-ci va s'intensifier, des dizaines d'îles, dont le point culminant n'est qu'à un ou deux mètres au dessus du niveau de la mer, pourraient totalement disparaître d'ici la fin du siècle. Les atolls sont d'autant plus fragiles face aux changements climatiques que les barrières de corail qui les entourent, et jouent un rôle protecteur majeur, meurent plus rapidement encore, ultra-sensibles au réchauffement des eaux.
Manihi
4
Plonger près d'un Napoléon
Qu'il est drôle , le débonnaire Napoléon, avec sa bosse façon bicorne sur la tête pour les mâles, et, pour les mecs comme pour les dames, sa robe psychédélique, ornée de bleu ou vert fluo – les jeunes optent pour des tons plus discrets. Le fameux bicorne qui lui a donné son nom, il va et vient : le Napoléon, hermaphrodite, chante de sexe au cours de sa vie, parfois plusieurs fois, si sa lui chante. C'est le plus gros des poissons de corail, il peut atteindre deux mètres trente et atteindre les 200 kilos, et sa chair et succulente. C'est la surpêche qui le tue. Il a perdu 50% de ses effectifs en 30 ans et est aujourd'hui en danger d'extinction. Refusez- le dans votre assiette et allez l'admirer sous l'eau.
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Découvrir l’île du bout du monde
Elle s'appelle Rapa, elle est tout au bout de la Polynésie, et sa plus proche voisine, dans l'archipel des Australes déjà bien isolé, est à 600 kilomètres. Pour couronner le tout, elle ne veut pas d'aéroport. Le seul moyen de la rejoindre est d'embarquer sur le cargo qui passe une fois tous les deux mois. Les 500 habitants de l'île, qui vivent dans un lieu où la propriété privée des terres n'existaient pas, pensaient avoir préservé leur petit paradis. C'est compter sans les conséquences planétaires des façons de vivre dans nos pays, aux antipodes de Rapa. L'île en est toute chamboulée : érosion de son littoral, route maintenant battue pas les vagues souvent rendue impraticable, développement d'espèces végétales nouvelles qui perturbent gravement l’écosystème fragile de l'île, destruction de la vie sous-marine indispensable à sa survie - poissons empoisonnés par la ciguatera, oursins qui meurent sans qu'on sache pourquoi – même à Rapa, le paradis semble devoir être bientôt perdu.
