Chine

48 heures à Shanghai

48 heures à Shanghai

Installés à bord d’une Chang-Jiang 750cc, réplique des side-cars allemands des années 30, nous passons sur l’autre rive du Huangpu pour rejoindre les ruelles étroites du lilong (quartier fermé) entourant Huaihai Road. C’est ici, entre la rue du Tibet et l’avenue Edouard VII, qu’il y a près d’un siècle, la Paris de l’Orient vécut ses années folles.

Des dancings de Da Shijie (Le Grand Monde) au Cercle Sportif Français de la rue Mercier (Maoming Road), Shanghai s’inventait un nouveau style, alimenté à la fois par le terreau des cultures chinoises Wue et Yue, et l’influence de la présence des concessions américaine, britannique et française venues profiter de l’immense manne économique liée à l’ouverture de ce port asiatique. Un équilibre entre deux mondes qui donna naissance à une culture unique appelée Hai Pai, littéralement le « style Shanghai », qui continue aujourd’hui encore de marquer le goût de cette ville pour la différence et l’innovation.

©Laurent Villeret

Si opulence et frénésie ont bien changé de rive, l’âme de l’époque plane encore sous les platanes de l’ancienne concession française. Une balade avec pour fil conducteur l’Art Déco est une belle façon de s’en convaincre. Siège du congrès mondial de l’Art Déco à l’automne 2015, la mégalopole chinoise a su conserver un patrimoine inestimable du style développé alors par des architectes comme le français Paul Veysseyrre. Le regard s’accroche à la façade de la Cathay Mansion, dessinée en 1929 par Victor Sassoon et plus encore à celle du cinéma homonyme, restauré en 2013 mais qui a gardé ces lettres typiquement allongées. À l’angle de Maoming et Nanchang road, l’Astrid Appartement building et sa « coque » pistache-café, rappelle la forme des navires par lesquels débarquaient alors architectes, journalistes et simples voyageurs curieux de découvrir cette Chine s’ouvrant sur le monde.

©Fotolia.com

Après la grande parenthèse communiste puis la réouverture économique du pays dans les années 90, les réflexes migratoires ont repris. Encouragés par le dynamisme de la ville, architectes et designers étrangers installent leurs tables à dessins sur les traces de leurs aînés. À l’image du building 1933, monument emblématique de l’Art Déco, devenu abattoir avant de renaître aujourd’hui sous forme de centre culturel regroupant galeries, boutiques et restaurants.

À Shanghai, l’occidental touch a toujours bonne cote, en cuisine notamment, ou les chefs stars sont anglais tel Jason Atherton aux pianos de The Commune Social, ou français à l’instar de Paul Pairet aux commandes du populaire Mr&Mrs Bund et de l’ovni Ultra Violet.

©Tuul et Bruno Morandi

L’art contemporain aussi a le vent en poupe. Depuis l’Exposition Universelle de 2010 qui vit des lieux comme la Power Station of Art, ancienne usine électrique, se transformer en gigantesque musée, la ville compte désormais des lieux phares tels le Long Museum du West Bund ouvert en 2014 par le couple de collectionneurs Liu Yiqian et Wang Wei, deux ans après celui de Pudong. Les artistes internationaux sont à l’honneur aux côtés d’une nouvelle vague de talents chinois, également présentés au Yuz Muzeum et dans les entrepots de textile du quartier de Moganshan Lu reconvertis en ShangART gallery. Sur le Bund d’anciennes banques ont troqué leurs billets pour des œuvres de jeunes artistes chinois, berlinois, japonais ou français. L’ancien commissariat de Jingan district abrite désormais the Design Republic, état-major des designers stars Lyndon Neri et Rossana Hu. En perpétuelle (r)évolution, Shanghai reste bel et bien fidèle à son histoire de terre d’accueil où pousse une culture imaginative.

 

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