Monténégro

24 heures à Podgorica

24 heures à Podgorica

On aime le Monténégro pour la mer et les montagnes, pour les baies étincelantes et les fjords vertigineux, les plages de sable rose et les criques de galets blancs. On l’aime aussi pour le charme de ses cités anciennes aux tuiles rouges, aux clochers et coupoles dorées, aux places ombragées. Mais on s’octroie trop peu souvent une halte dans sa capitale, Podgorica, établie au confluent des rivières Zeta et Morača, non loin des Bouches de Kotor. On peut prendre le temps de visiter Podgorica en une journée, de sa vieille ville aux influences ottomanes jusqu’à sa nouvelle ville où se déploie une tout autre esthétique, héritée de l’époque communiste, rendue moins austère par les terrasses des bars et restaurants qui rassemblent des foules vibrantes de rires et de joyeuses discussions.

9h

Une horloge dans la vieille ville

On laisse derrière nous la ville nouvelle, les larges avenues parallèles et leurs édifices de béton typiques de l’architecture communiste, et le pont du Millénaire emblématique de la Podgorica contemporaine, pour partir en promenade dans la vieille ville, « Stara Varos ». Les ruelles où se serrent les anciennes demeures se déploient le long des rives de la Morača. Érigée en son cœur, la tour de l’horloge de Sahat Kula est un joyau d’ingénierie. Haute de 16 mètres, toute de pierres de taille, c’est aussi l’un des rares vestiges de l’époque ottomane épargné par les bombardements de la Seconde Guerre mondiale, et parfaitement conservé. On flâne sur la place et dans le dédale de ruelles étroites qui la prolongent.

10h

Karl Marx et Friedrich Engels à la cathédrale

Dômes, pierres blanches et croix en or, la cathédrale de la résurrection du Christ, de construction récente, s’inspire de l’esthétique classique des églises orthodoxes. L’édifice n’a pas de charme particulier mais on y va pour une curiosité : ses fresques qui représentent Karl Marx et Friedrich Engels, brulant en enfer aux côtés de Tito. Si l’ex-république soviétique a tourné la page de son passé marxiste – et si la ville, baptisée Titograd sous l’ère yougoslave, a repris en 1990 le nom qui était le sien depuis 1324 –, les ecclésiastiques qui siègent en cette cathédrale, consacrée en 2014, semblent avoir encore quelques comptes à régler avec les anciens hérauts du communisme !

11h

Des vieilles pierres au site archéologique de Doclea

Doclea, « Duklja » en monténégrin, a été fondée au tout début du 1er siècle après J-C. La cité a été édifiée pour occuper une position stratégique au confluent de la rivière Morača, la rivière Zeta et la rivière Siralija. C’est la ville romaine la mieux préservée du Monténégro, et son site archéologique le plus important. Des Illyriens aux Romains, des Goths aux Slovènes, Doclea préserve une histoire matérielle qui n’a pas encore été entièrement découverte, mais on peut y voir les vestiges du forum, de la basilique, du temple de Diane, du temple de Rome, des stations thermales et de nombreuses villas, ainsi que ceux de la vaste nécropole.

Mosaïque archéologie

Günter Standl / Laif-REA

13h

Les Balkans et la Méditerranée dans l’assiette

La cuisine du Monténégro raconte l’histoire et la géographie du pays : Balkans et Méditerranée, mâtinés de culture ottomane. Alors on s’attable pour se régaler d’une assiette de jambon fumé au bois de hêtre, originaire du village de montagne de Njegusi, d’olives noires, de fromage de brebis. On poursuit avec des burek, savoureux feuilletés à la viande, et des sarma, feuilles de choux farcies, tous deux hérités de la période ottomane. On arrose le tout d’un verre de vin de Vranac, à la belle robe rubis, produit sur les pentes du lac de Skadar.

Table bouches de Kotor

Ana Kutija

15h

Des pélicans et des vignes au lac de Skadar

À une quinzaine de kilomètres de Podgorica, on rejoint le lac de Skadar, le plus grand lac de la péninsule balkanique, à cheval entre Monténégro et Albanie. Constellé d’îlots, bordé de marécages, il s’étend à perte de vue, sur près de 40 000 hectares. C’est l’une des plus vastes réserves d’oiseaux du continent et le dernier refuge des pélicans d’Europe. Une virée en bateau sur ses eaux sombres permet d’observer leur envol. On voit aussi des cormorans, des bécassines et des grèbes huppés. Et un peu plus loin, au creux des vallées entre le lac et Podgorica, les journées ensoleillées et les nuits douces de la côte adriatique sont propices à la culture de la vigne : on visite les vignobles et l’on découvre une tradition viticole ancienne que les Monténégrins aiment à faire dater de l’époque romaine.

19h

Une marche dans la ville

Les Monténégrins ont une habitude de début de soirée : marcher le long des avenues et dans les parcs, à l’heure où la chaleur s’estompe. Familles, couples d’amoureux, adolescents en grappe : tous sacrifient au rituel. On fait comme eux, on longe les berges de la rivière Morača, on flâne dans le parc Njegosev, on passe le vieux pont de Ribnica, avant de s’attabler à la terrasse d’un café.

Façade maisons au Monténégro

Nadtochiy / Adobe Stock

 

Par

MARION OSMONT

 

Photographie de couverture : Ana Kutija