Prise en main de la voiture de location. Route pour Monemvasia / Malvoisie. Installation pour trois nuits un peu au sud, dans la montagne. La maison forte a vu passer les Byzantins, les Ottomans, les Vénitiens. Elle subissait les outrages du temps, lorsque des gens avisés et sensibles entreprirent de la rendre à sa dignité. Et c’est réussi. Les bâtiments ont beaucoup d’allure et tranchent avec le tout venant des jeux de cubes blancs. L’aménagement met en valeur le travail de la pierre ; planchers et mobilier apportent la chaleur du bois ciré ; les tissus procurant des occasions d’audace et de gaieté. La literie est un signe éloquent du soin que la direction de l’hôtel a vraiment de ses clients. On voit la mer Égée. On voit aussi la piscine, qui semble vider dedans son eau de source. Au restaurant, les produits du domaine – géré selon des principes de durabilité – ont le premier rang. À ce niveau de service et dans un tel cadre minéral et végétal, un spa ne pouvait manquer.
Tout autour, des paysages époustouflants. Des vergers (oliviers, citronniers) et des vignes. Les promenades dans cette espèce de Grèce quintessenciée sont une fête des sens. On les fait à cheval, à vélo, à pied. Les casaniers peuvent buller. Ou se baigner. Ou goûter le vin du domaine. Ou faire du pain. La voiture permet d’allonger son rayon d’action et de sillonner la péninsule d’Épidaure Limira. Le kastro de Monemvasia, la cité historique, est installé sur une presqu’île rocheuse. La ville fut fondée au VIe siècle. Deux cents ans plus tard, elle est aux avant-postes de la lutte contre la peste, hippocratique et déterminée. L’Histoire ne l’épargne pas et la paix de ses ruelles, de ses placettes encore médiévales, est rudement gagnée. Les remparts en témoignent et l’architecture ancienne a d’ailleurs gardé un genre militaire. L’église Agia Sofia, dans la ville haute, date du XIIe siècle ; dans la ville basse, les origines de Christos Elkomenos remontent au moins au VIe siècle. Comme Cyrano le faisait au nom de Don Quichotte, peut-être se découvrira-t-on en passant devant la maison du poète Yannis Ritsos (1909-1990). Pour se mettre en condition, on ne saurait trop recommander d'écouter les Chansons de la patrie amère, mises en musique par Mikis Theodorakis.
Déjà prévu - Cours de cuisine. À une vingtaine de minutes de Monemvasia, l’exploitation fait de l’huile d’olive et du vin. On y est reçu pour une introduction pratique à la cuisine du terroir. C’est un chef confirmé (et anglophone) qui a les choses en main et qui vous les communique. Dans l’atmosphère détendue et conviviale qui sied. On s’applique néanmoins, car le résultat ne sera pas donné aux oiseaux. Débutant ou gâte-sauce confirmé, tout le monde est invité à y aller de son économe. On découvre ainsi, plus peut-être qu’on l’imaginerait, des aspects essentiels de la vie grecque. Il est désormais admis que les pratiques culinaires font partie de la culture mais, les mains dans l’huile d’olive, c’est flagrant.
En option - La citadelle de Monemvasia.
Route pour Limeni sur la péninsule du Magne. Installation pour trois nuits dans un hôtel dont les bâtiments actualisent le style fortifié local. Ils sont de pierre et nettement dessinés ; cernés de terrasses donnant sur le bleu intense du golfe de Messénie. À l’intérieur, ce parti pris se traduit par une esthétique non ornementale : du matériau, des matières, des tons plus que des couleurs et un mobilier bien choisi pour upgrader. On pourrait penser l’aise sacrifiée à l’ordre. D’autant que Sparte n’est pas loin. Eh bien, non. On jouit du meilleur confort et rien n’y manque : élagué, mais complet. Les repas, d’ailleurs, sont autant d’occasions de déployer un hédonisme coloré et fondant. Le fourneau d’ici a de l’allure. Pour entretenir ses bonnes dispositions, on peut avoir recours à la piscine ou au service de spa. L’une et l’autre rendent de signalés services au tempérament.
Puisqu’on parle architecture, il faut mentionner les maisons-tours. Fortins domestiques, qui sont une caractéristique du Magne, où l’on a eu la rancune tenace. Vous les verrez pointer sur le ciel lors de vos explorations des villages perchés. Au sud, Vathia, par exemple, en possède plusieurs, qui font la renommée du bourg. Limeni a les siennes. Appuyée sur du marbre, la région est d’une beauté austère : roche, maquis, chênes épars, oliviers. On vient y chercher une authenticité rugueuse et émouvante. À la belle saison cependant, les fleurs sauvages couvrent les pentes. Ce que l’on ressent à aller par monts et par vaux est rémanent comme une vendetta, tiens. Ça reviendra bien longtemps après que l’on sera rentré. L’église byzantine Agios Charalambos d’Aréopoli possède un remarquable clocher-mur. Et puis, au dire des Grecs, la côte et les plages du Magne sont parmi les plus belles du pays et des mieux conservées.
Au programme - Kayak de mer au couchant. Ce qu’il y a de bien avec ce genre d’embarcation, c’est qu’elle est facile à manœuvrer et qu’elle glisse partout. On s’en va donc, avec un instructeur anglophone, à travers le golfe d’Oitylo jusqu’à Karavostasi, où l’on arrive au coucher du soleil. Lequel fait alors sur la mer de grands splatch orangés.
En option - Randonné privée sur le cap Ténare.
Route pour Mantineia, dix kilomètres environ au sud-est de Kalamata. Pour la nuit, une belle maison de pierre traditionnelle fait office d'hôtel. De façon plutôt intime : quatre suites. Lesquelles sont bien distinguées entre elles, mais réunies dans un même esprit rustique chic, détendu et confortable. Le mobilier est sélectionné avec soin, élégant, facile à vivre. La décoration, pleine de naturel, suscite une atmosphère sans trop occuper le terrain. On se sent bien immédiatement. Pas tout à fait comme chez soi, un petit peu mieux peut-être. Le petit déjeuner est servi sur place. La cour jardin, avec ses hamacs, ses recoins, sa belle vue sur le golfe, engage à la paresse. Les entours d'oliviers et de vergers d'agrumes embaument. Et Santova Beach est à deux kilomètres à peine.
Conflits et tremblements de terre n’ont pas laissé sa chance entière au patrimoine de Kalamata, mais le site est beau, les olives et les figues sont succulentes et le château, construit au XIIIe siècle (sur un ouvrage byzantin) par Geoffroi 1er de Villehardouin, rappelle l’importance très ancienne du site.
Route pour l’aéroport de Kalamata. Rendu de la voiture. Vol retour.
