Taïwan

Taïwan : Belle île en Chine

Taïwan : Belle île en Chine

C’est une île discrète, un point de passage qui ne suscite généralement qu’une courte escale. Pourtant dotée d’une capitale doucement hystérique, saluée pour sa créativité et sa gastronomie, couronnant une nature préservée : Taïwan mérite plus qu’un détour.

 

Taipei est un éphémère devenu éternel. Difficile à croire, lorsque glissant dans le labyrinthe de ses rues quadrillées on rebondit des temples de l’époque Minnan au complexe ultramoderne de Neihu, dernier temple de la high-tech taïwanaise. Pourtant, cette capitale de près de 3 millions d’habitants, à la tête de la République de Chine —  appellation officielle de l’île de Taiwan —  aurait pu rester la simple escale qu’elle fût pour les marins portugais, les colons hollandais, l’empire japonais (un demi-siècle tout de même) et les nationalistes chinois de Tchang Kaï-check, qui en 1949 imaginaient leur exil uniquement provisoire. Résultat : une ville loin du schéma urbain traditionnel dans laquelle chaque quartier est un îlot de cacophonie culturelle, flottant entre charme suranné et univers de manga. Prenez Dadaoocheng, une plongée historique à travers les façades baroques, les églises et les temples traditionnels chinois. Sur Ningxia Market, le plus ancien marché de nuit de la ville, s’entrechoquent les fumets des soupes de nouilles, petits pains au porc piquant, rouleaux de crevettes et autres dim sum. Délices avalés sur le pouce, ode à la cuisine de Taïwan qui semble avoir inventé le concept du street-food.

Marché de keelung

Paul Spierenburg/LAIF-REA

Ici, les ancestrales échoppes d’herbes médicinales jouxtent les galeries d’art contemporain. On navigue depuis le vieux port — où les cargaisons de sucre, de riz et surtout de thé étaient embarquées à destination de l’Europe et des États-Unis — avant de rejoindre le Musée d’Art Contemporain. Entraîné dans ce grand tourbillon de culture et d’époque, reboosté par un bubble tea (thé noir aux billes de tapioca qui déferlent sur le monde) ou un café (grands consommateurs d‘Arabica, les Taïwanais multiplient les lieux et revisitent le café-librairie) on se précipite au National Palace Museum qui abrite l’immense collection de la Cité interdite ayant échappé à la révolution culturelle. Puis direction le Huashan 1914 Creative Park, dans le quartier de Zhongzheng, un entrepôt vinicole centenaire reconverti en résidence artistique, avant une soirée au théâtre. Débordante d’idées, la capitale mondiale du design 2016, (la deuxième fois en 5 ans) réinvente en permanence l’espace urbain.

Femme à Taipei

Xinhua/ZUMA/REA

Contrairement à la Chine Populaire, les performances industrielles et économiques de ce petit dragon ne l’empêchent pas de réfléchir à une ville plus agréable à vivre. Parmi les dernières initiatives gouvernementales, la réalisation d’un réseau de 250 km de pistes cyclables (4 000 km sur l’ensemble de l’île) qui permet d’explorer Taipei à vélo. Surmontée de quatre collines aux noms d’animaux, la capitale faire la part belle à son environnement : une randonnée au couchant sur Elephant Mountain, un bain aux sources chaudes de Beitou — village montagnard accessible en métro — révèle l’autre visage de Taïwan. Cette ’île (grande comme la Bourgogne) est un véritable éden naturel. Quelques heures de  voyage suffisent à s’en persuader. A  commence par un lever de soleil embrumé sur la beauté tranquille du Sun Moon Lake, alors on se laisse glisser jusqu’aux plages ourlées de Taitung, tropicalisme à portée de TGV. Traversée dans sa longueur d’une crête montagneuse, ce dragon modeste dévoile des falaises de marbre gigantesques et des cascades à Taroko. Il invite à la flânerie, des maisons de marchands de Tainan au monastère bouddhiste de Fo Guang Shan, « la Montagne de la lumière de Bouddha » où l’on passera la nuit. Décidément  l’ancienne Formose, mérite allégrement le nom donné par les premiers marins portugais : « Ilha Formosa », la Belle Île.

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Dina Litovsky/REDUX-REA