Cap Vert

Les plus beaux paysages du Cap-Vert

Les plus beaux paysages du Cap-Vert

Pour évoquer un lieu, il faut d’abord en planter le décor. Les vieilles pierres du Cap-Vert racontent une histoire coloniale qui inspire la saudade de village en village. Son climat dévoile une avantageuse position océanique sous les Tropiques quand son relief volcanique fait rebrousser la frise du temps sur des millions d’années. Tous ensemble, ils constituent les plus beaux paysages du Cap-Vert, où roche et chlorophylle, homme et océan, hier et aujourd’hui s’épousent sur un air suave et plaintif de Cesária Évora.

 

1

Brava

Un bouquet de fleurs en plein océan

Du haut des 520 mètres d’altitude de Nova Sintra, petite capitale aux mille âmes, la vue domine suffisamment l’île de Brava pour en embrasser le destin verdoyant. On y remarque d’abord un paysage agricole façonné du labeur de l’homme à travers des champs où poussent en coteaux maïs, manioc et canne à sucre. Des lignes en relief qui serpentent à l’infini pour épouser une pente parfois abrupte. L’œil s’en délecte mais se voit bientôt attiré par des couleurs plus affriolantes encore. En bordure de sentier comme des chemins côtiers, aux abords des villages et des routes de montagne, les fleurs sont partout chez elles. Bougainvilliers éclatants, jasmins odorants, pointillisme d’hortensias, pastel d’hibiscus ou tapis de Lantana Camara font de Brava un tableau floral à grande échelle.

 

2 

Maio

Un long cercle de sable

Maio n’est pas la plus courue des îles du Cap-Vert mais demeurer hors des radars touristiques présente pourtant un réel intérêt que l’on pourrait résumer ainsi : enfin loin des foules ! Et si, parmi les plus beaux paysages du Cap-Vert, le vrai luxe était justement d’en profiter seul ? Si l’intérieur des terres déploie de vrais atouts, des paysages de rocaille désertiques au bâti historique et colonial, l’île de Maio se voit encerclée par de longues plages de sable blanc que vous arpenterez quasi solitairement. Un refuge au son des vagues, comme à Boca do Morro, Praia Preta, Porto Cais ou Bitche Rotcha, qui invite à la déambulation les pieds dans une mer souvent cristalline. Les tortues ne s’y sont pas trompées et viennent pondre en ces eaux pures et calmes.

 

3

Boa Vista

Un petit bout de Sahara

Direction le nord-ouest de l’île de Boa Vista, aux abords du village de Rabil. S’étire ici une étrange langue de sable blanc. Cinq kilomètres de long pour un kilomètre de large, aucun animal dangereux à l’horizon et toute forme d’appareil à moteur proscrite : voilà un désert bien accueillant à première vue. Quelle beauté ondulée que ces plis de dunes claires d’où émerge en un fabuleux contraste le noir de la roche volcanique. Les millénaires et les alizés ont patiemment transporté là du sable saharien par-dessus les flots océaniques, formant un petit désert inattendu en ces lieux. Tout aussi fortuit, une micro-oasis vient parfois briser la relative monotonie comme la pure monochromie des lieux. 

Michael Riehle/LAIF-REA 

 

4

Santiago

Saudade à Cidade VelhaA

Au sud de l’île de Santiago, bien à l’écart de la vaste Praia et de ses 130 000 âmes, Cidade Velha fut la première ville coloniale construite sous les Tropiques par les Européens à la fin du XVe siècle. Celle qui s’appelait alors Ribeira Grande était une escale importante dans l’expansion portugaise dans l’Atlantique sud. Y demeure donc un riche patrimoine bâti incarné par deux églises et un fort, ainsi qu’un tracé viaire qui s’accommode joliment du littoral. Sa situation côtière lui confère un charme certain, tout comme la vallée qui y débouche et où la rencontre des climats tempérés et tropicaux a donné lieu à des expérimentations agricoles qui ont ensuite fait figure d’exemple dans le monde entier. Mais Cidade Velha porte encore les stigmates de la traite esclavagiste dont elle fut un point de passage trois siècles durant. Sa place du Pilori orné d’une colonne de marbre de style manuélin est devenue un lieu de recueillement et de souvenir. 

Michael Riehle/LAIF-REA 

 

5

Santo Antão

La caldeira de Cova de Paúl, la belle endormie

Archipel volcanique s’il en est, le Cap-Vert ne présente plus, à l’exception du Mont Fogo, d’activité magmatique visible. Reste alors un paysage, des proéminences, des traits caractéristiques comme ici sur l’île de Santo Antão. La caldeira de Cova est l’un des trésors du parc naturel Cova, Paúl et Ribeira da Torre, inscrit au patrimoine de l’Unesco. À l’est de l’île, le relief accidenté dévoile bientôt un cratère circulaire quasi parfait. Ses rebords dentelés abritent une vaste plaine volcanique assoupie. La beauté naturelle aurait pu suffire à n’importe quel œil esthète. Les paysans du coin lui ont conféré une dimension supplémentaire en cultivant la terre et ses coteaux de maïs, de haricots et de pommes de terre. Quelques maisons attestent tout autant de leur présence. Un lieu que l’on admire aussi bien depuis la crête qu’au centre de cette vaste cavité à ciel ouvert.

 

6

Santo Antão

Fontainhas, un arc-en-ciel à flanc de montagne 

Les plus beaux sites naturels du Cap-Vert se méritent. Pour rejoindre le village de Fontainhas, c’est un splendide sentier pavé qu’il faut emprunter depuis Ponta do Sol. Une heure de marche au milieu d’un univers à la fois rocailleux et marin. Le trajet constitue en soi une satisfaction plus que suffisante. Oui mais voilà, le meilleur reste à venir. Voici bientôt Fontainhas, petit hameau d’une centaine d’âmes tout au plus, aux façades bigarrées et au charme suranné. Cerné de parois abruptes mais niché dans un écrin verdoyant, il n’est pas sans rappeler un îlet de cirque réunionnais ou un village des Cinque Terre. Les cultures en escaliers dévalent les pentes en palier et tapissent la minuscule vallée qui descend jusqu’à l’océan. Le spectacle visuel est délicieusement harmonieux. 

 
Raul Rosa/Getty Images

 

7

Fogo

Mont Fogo, on a marché sur la Lune

Qui peut se targuer de toiser l’océan Atlantique sans le craindre sinon un stratovolcan actif depuis plus de 20 millions d’années ? Impossible d’aborder les plus beaux paysages du Cap-Vert sans citer sa majesté le Pico do Fogo, sur l’île éponyme. Dernier volcan encore actif de l’archipel, il incarne, avec ses 2829 mètres d’altitude, le point culminant de l’Afrique de l’Ouest. On admire d’abord sa parfaite forme conique et les coulées de lave vers l’est et l’océan, dont les dernières traces remontent à 2015. Puis se pose la question de son ascension. Avec 1200 mètres de dénivelé positif, cette randonnée constitue un moment intense aussi bien dans l’effort que dans l’émotion procurée. Mais quelle récompense que d’évoluer dans ce paysage rocailleux et sombre où les scories craquellent sous vos pas de plus en plus lourds. Et puis arrive le sommet et son panorama homérique mêlant à vos pieds l’immense caldeira à un océan d’azur et de nuages.

 

8

São Nicolau

Les arabesques de Carbeirinho

Le long de la façade occidentale de l’île de São Nicolau, la côte prend soudain une forme swinguée des plus admirables. Comme si la roche s’amusait à danser avec l’océan. Ici, des rafales de vent et une houle continue ont, des millénaires durant, façonné une formation géologique parmi les plus splendides de l’archipel. La roche volcanique présente là autant de strates de sédiments que de variations de couleurs sablonneuses pour ajouter du charme à ce mille-feuilles pyroclastique. De la petite route qui s’aventure vers l’ouest depuis Praia Branca, un chemin de randonnée sillonne un paysage désertique jusqu’à trouver un escalier qui descend à flanc de falaise après une vingtaine de minutes. Ainsi, la fréquentation n’est jamais trop intense et permet de profiter pleinement de la grandiloquence de la scène où roche et océan se disputent le premier rôle. 

 

Par

OLIVIER ESTEBAN

 

Photographie de couverture : Suzanne Plumette - stock.adobe.com