Des plaines aux marais et des forêts aux montagnes : la terre ougandaise est plurielle. Chargés de préserver ces trésors, parcs, réserves et sanctuaires incarnent toute la diversité d’un pays qui, jouant l’interface entre une Afrique de l’Est safranée et une Afrique centrale luxuriante, tire facilement son épingle du jeu. Départ pour une expérience aussi panoramique qu’intimiste.
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Le lac Victoria
Seconde moitié du XIXe siècle, le monde scientifique est en ébullition : Richard Francis Burton et John Hanning Speke ont pris la route de l’Afrique centrale aux fins (non assumées) de débusquer les sources du Nil. En 1858, J. Speke pose des yeux ébahis sur l’étendue infinie du lac Victoria, avant de se précipiter en Angleterre pour annoncer sa découverte. Un siècle et demi plus tard, le plus grand lac d’Afrique se soumet volontiers au regard des curieux. Berceau du Nil, il est aussi le point de départ de tout périple en Ouganda, sa rive accueillant à la fois l’aéroport international et la capitale du pays, Kampala.
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Le parc national Queen Elizabeth
Installé dans la vallée du Grand Rift, sur les rives du lac Édouard, le parc national Queen Elizabeth arbore, sur 20 000 hectares, une diversité d’habitats symptomatique de la richesse du pays : savane, forêt équatoriale, zone marécageuse... Dans le canal de Kazinga, les hippopotames s’approchent, curieux, des rares navires. Côté savane, un duo de lions joueurs se prélasse au soleil tandis que leurs cousins de la zone d’Ishasha escaladent furtivement un figuier. On profite durant de longues minutes d’un tête-à-tête avec les félins avant qu’un autre 4x4 esseulé débarque – une simplicité propre à l’Ouganda.
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Le parc national Murchison Falls
Suivons le fil du Nil. Une fois sorti du lac Victoria, le fleuve se jette dans celui de Kyoga avant de poursuivre tranquillement sa route vers le lac Albert. À son approche, il est tiré dans un goulot d’étranglement naturel de sept mètres d’où il rejaillit en trombes d’eau, achevant sa course 45 mètres plus bas. Le grondement des chutes de Murchison se ressent dans les os autant que dans les oreilles. Une prouesse naturelle telle qu’elle donna son nom au parc de 3 840 km² qui la ceint. C’est l’Afrique des Grands Lacs, une topographie qui réussit l’exploit de réunir Ouganda, Rwanda, Burundi et Congo sous une même bannière.
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La forêt impénétrable de Bwindi
En descendant le long de la frontière congolaise, le relief se tord jusqu’à se muer en collines ondulantes sur lesquelles se dépose un épais manteau de verdure. Aux premières lueurs, les arbres emprisonnent les nuages descendus durant la nuit avant de les relâcher, magnanimes. Si la silhouette noire des gorilles des montagnes est l’attraction phare du pays, on s’étonne de l’authenticité que conservent les villages servant de point de départ au trekking : une chorale locale vous invite à venir les écouter ; hier encore elle se produisait au mariage d’un habitant du village.
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Le lac Mburo
Le relief se tasse au Lake Mburo National Park pour ne laisser jaillir que quelques jolies collines. Autour, une vaste plaine permet de débusquer facilement les animaux. L’impala et la mangouste rouge ne sont observables qu’ici ; les zèbres se dévoilent pour la première fois, sauf pour ceux qui avaient pris le temps de visiter le parc de Kidepo. Plus loin, des girafes se délectent d’un arbre épineux. Bondissant du 4x4, accompagné par un ranger du site, on se mêle à ce petit monde à pied – une expérience aussi intimiste qu’inoubliable, proposée par une poignée de parcs africains seulement.
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Les marais de Bigodi
En bordure du parc de Kibale, la zone marécageuse de Bigodi transporte dans un autre monde. Un ponton tortueux s’enfonce dans la végétation. Des papyrus se penchent paresseusement vers l’intérieur, comme pour dissimuler le chemin. Derrière, d’ébouriffantes fougères prennent le relais. Quand le pont s’achève, les bottes permettent de poursuivre la progression. Les arbres en arrière-plan accusent un choc qui fait trembler la canopée. Primates et oiseaux se partageant la zone. Les paris sont lancés : c’est le grand touraco bleu, la huppe dressée, qui vient de pousser son cri reconnaissable.
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Les gorges de Kyambura
La savane ondoie calmement quand, soudain, la terre se fend en deux. Long de 16 kilomètres et profond d’environ 100 mètres, le canyon de Kyambura suit les courbes de la rivière éponyme. Au cœur de la faille, la nature a repris ses droits. Un site de choix pour la faune locale, à commencer par les infatigables primates : singes colobes, singes vervets… et chimpanzés ! Également établis dans les forêts de Kibale et Budongo, nos cousins les grands singes ont trouvé ici un refuge spectaculaire.
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Le parc national Rwenzori Mountains
Cimes enneigées, glaciers, cascades et lacs translucides : la chaîne des Rwenzori habite depuis longtemps l’imaginaire collectif. Dans l’Antiquité, Ptolémée s’y référait comme « les monts de la Lune », chaîne mythique servant de source au Nil (encore lui). Ces doutes dissipés, les montagnes n’en demeurent pas moins légendaires. Déployées sur près de 100 000 hectares – dont une grande partie au-dessus de 2 500 mètres – elles accueillent le troisième plus haut sommet d’Afrique ainsi que la flore montagnarde la plus riche du continent. Une marche au cœur des bruyères géantes emmène le visiteur aux origines du monde, sinon du Nil.
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Par
MARION LE DORTZ
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