En plus de la carte postale “crique turquoise”, l’île de Beauté recèle bien d’autres atouts. Arrière-pays, villages perchés, cités historiques, retraites contemporaines : du nord au sud, une balade pavée d’occasions de succomber.
Sieste au patio, à l’ombre d’un olivier centenaire. Le souffle du libeccio porte les parfums du maquis et de la Méditerranée. La Corse vous tient ainsi en équilibre entre la douceur brute de sa nature et la beauté ravageuse de ses hameaux, comme ici, à Brando. À l’abri du soleil mais jamais du coup de foudre. Attendez-vous à être cueilli par un nid d’aigle sauvage, Nonza ; un hédoniste un brin mondain, Saint-Florent ; ou encore un bluffeur solitaire, le désert des Agriates, qui en réalité cache chênes verts et plages bordées d’émeraude. Déboussolé, vous naviguez à l’envi. Qui de la pieuse Balagne ou de Calvi la noctambule emportera vos nuits en demeures génoises ?
Jérôme Galland
Plan B : larguer la Grande Bleue et prendre de la hauteur. Grimper jusqu’à Corte, sous les plus hauts sommets de l’île. Une nuit bucolique sous les châtaigniers, hypnotisé par le chant clair de la Restonica. Le lendemain matin, vous dégringolez les gorges, sympathisez avec les cochons sauvages (remerciements faits pour le figatellu, la coppa et le lonzu) avant de vous plonger dans une marmite naturelle creusée par la rivière.
Pauline Chardin
Alors seulement, basculer à l’ouest, corps et âme. Sur un fil d’asphalte, rejoindre le golfe de Porto, classé patrimoine mondial par l’Unesco. Pour la première fois depuis longtemps, regarder sa montre afin d’être aux premières loges du couchant sur les calanques de Piana. La route ondule dans un défilé de roches écarlates tombant dans le bleu profond. Impression de passer dans le chas des aiguilles de granit. Attablé à Piana, autour d’une langouste, les regards croisent au loin, comme demain les kayaks dans la réserve de Scandola. Cap au sud et détour par la Grèce… à Cargèse, dont l’une des deux églises marque le passage au XIXe siècle d’une colonie d’immigrants du Péloponnèse ayant sans doute succombé à des couleurs et lumières familières.
Stéphanie Tétu
Réveil à Ajaccio, impériale mais bien vivante, été comme hiver. Café et marché sur le cours Napoléon, break culture au musée Fesch, plaisirs nautiques et nuit antique face aux îles Sanguinaires. Vous pensiez panser votre cœur quand se pointe l’Alta Roca. Région re-belle, hérissée d’aiguilles de granit doré. Vous replongez pour Zonza, vous roucoulez en ferme cabane, caramélisé comme l’agneau sortant du four, fondant telle l’huile pressée maison. Il est temps de prendre le maquis, se retirer aux portes de Bonifacio dans une retraite aux lignes sauvagement actuelles. Ultime coup doux pour les âmes sensibles, définitivement corsées.
Voyageurs du Monde en Corse
Amoureux de la Corse depuis longtemps, Voyageurs du Monde propose de multiples solutions d’itinéraires et une sélection d’adresses secrètes. Du Cap Corse à l’extrême-sud, des voyages qui, région par région, égrainent les perles cachées de l’île et de son terroir.
Photographie de couverture
STEPHANE TETU