C’est un pays à part, différent de toutes les autres contrées de l’Amérique latine. La preuve par le foot : c’est le seul pays de la région qui n’a jamais été qualifié aux phases finales de la coupe du monde. Ils s’en foutent, du foot, les Vénézuéliens. Tournés vers les Etats-Unis, ce qui les fait vibrer, c’est le baseball. Hugo Chávez, le premier, en aurait bien fait son métier. Fasciné par une star de la batte homonyme, Isaías « Látigo » Chávez, le petit Hugo rêvait de marcher dans ses pas, devenir lanceur au Giants de San Francisco. La suite en a décidé autrement, et le Chávez qui restera dans les mémoires ne sera pas le grand sportif.
Fast-foods, culte de l’argent, grosses bagnoles, gratte-ciel arrogants, physiques remodelés à grands coups de chirurgie esthétique, une espèce d’addiction basique à l’oncle Sam peut irriter lorsqu’on débarque à Caracas. C’est pour mieux profiter de la suite. Il n’y a qu’à passer les portes de la ville. La pointe septentrionale de la cordillère des Andes enserre le lac Maracaibo et se prolonge vers l'est en longeant la côte. Elle culmine en frôlant les 5 000 mètres au pic Bolivar, pas facile à vaincre, mais que l’on peut facilement approcher sous divers angles dans le parc national Sierra Nevada.
Au terme de 2 000 kilomètres de voyage, l’Orénoque, gonflé par ses grands affluents, l’Arauca et l’Apure, se jette dans la mer des Caraïbes par un énorme delta marécageux qui occupe toute la région Nord-Est du pays. C’est le second plus grand delta au monde, 50 000 kilomètres carrés de cours d’eau labyrinthiques qui s’entrecroisent, s’enchevêtrent avec des forêts, des mangroves, des palmiers, et où vivent les derniers Indiens du Venezuela, qui ont appris à apprivoiser cette nature mouvante : toute une mosaïque de peuples, principalement des Waraos, accompagnés de Yanomanis, de Piaroas, et d’une multitude d’autres ethnies. Certaines, en voie d’extinction, ne comptent plus qu’une poignée d’âmes, quelques centaines de Baniwas, (ils ne seraient plus que 400), 240 Puinawe, une centaine de Piakopos à peine, ou encore les Mapoyos, que l’on estime à… 10 individus. Certaines sont en contact les unes avec les autres, d’autres non, toutes ont vécu depuis toujours de l’écosystème du delta.
Nous, voyageurs, qui aurons le bonheur d’en croiser sur les villages en pilotis au ras de l’eau, retiendrons l’incroyable beauté de leur lieu de vie, la richesse folle de la flore -plus de 30 000 espèces végétales ont été recensées dans la forêt tropicale qui borde le fleuve- et de la faune qui l’accompagne : 1 300 espèces d'oiseaux : perroquets, toucans, aras, colibris, 300 espèces de mammifères : jaguars, tapirs, fourmiliers, tatous, singes hurleurs ou petits macaques, 500 espèces de grenouilles de toutes tailles et de toutes couleurs, 250 espèces de reptiles : caïmans, matamatas, anacondas, 1 000 espèces marines : botos, piranhas, poissons-chien, anguilles électriques, et, oui, aussi, un nombre impressionnant d’insectes et d’araignées (mais on s’enduit d’anti-moustique), et on s’émerveille de voir la cigale muer, l’araignée tisser sa toile, et les fourmis géantes vaquer.
Les Llanos, les grandes plaines, s’étendent tout autour du bassin du fleuve. On pourra se la jouer gaucho, en croisant les llaneros qui gardent fièrement leurs troupeaux, vissés sur leur cheval, superbement harnachés, panoplie au grand complet, chapeau, bottes, lasso. Dans le sud du bassin, les tepuys, énigmatiques montagnes tabulaires semblant lissés par un coup de sabre géant, dessinent une esthétique unique au monde. Point d’orgue de ce décor semblant créé pour un film grand spectacle, les chutes de Salto Angel, les plus hautes chutes d'eau au monde, se fracassent d’un coup 1000 mètres plus bas, au cœur d’un paysage inoubliable, roche rouille et vert intense.
Mais ce n’est pas tout ça, il faut garder du temps pour la plage. Il y a l’île Margarita, « la perle des Caraïbes », la plus grande, découverte en son temps par Christophe Colomb, et qui, en plus de ses plages, permet de traîner dans des villages de pêcheurs, ou d’explorer, sur la péninsule de Macanao, le parc national de la Restinga, dont l’on découvre les palétuviers en bateau ; ou l’île de Coche, semée de gros villages de pêcheurs dont les traditions folkloriques sont bien vivantes ; ou encore l’archipel de los Roques, seuls atolls coralliens de la mer Caraïbe et son ambiance de sable blanc, décors spectaculaires en sous-marin, paradis pour les plongeurs et les glandeurs. Am Stram Gram, choisissez la ou les vôtres parmi les 72 îles paradisiaques du pays, dispersées dans la mer des Caraïbes et dans l'océan Atlantique, qui s’offrent à vous pour un séjour farniente.
Les bonnes raisons d’aimer le Venezuela
- La nature y est reine dès que l’on a passé Caracas,
- la nature y est variée : forêts profondes, drôles de montagnes, plaines, savanes, et tout ce qu’offre la mer, des facettes multiples pour un même voyage.
- On y trouve des demeures d’un charme fou
- Goûter le plat national que vous aurez du mal à trouver ici, le pabellón criollo à base de viande de bœuf coupé en lanières, agrémenté de riz, de haricots noirs et de bananes frites.
- Pêcher sur le Rio Cauca.
- Découvrir les pétroglyphes du Cerro Pintado.
- Se lancer un défi et gravir le Roraima, en une petite semaine de marche.
- Une découverte en famille : dans la forêt, dormir en hamac, découvrir les indiens Warao, pêcher le piranha, débusquer des ibis rouges ; dans la plaine, faire le gaucho à cheval; dans les îles, faire du snorkeling pendant des heures.
Par
VERONIQUE DURRUTY
Crédits : ©Miquel Gonzalez/LAIF-REA ©Sophie Henkelmann/LAIF-REA ©Ralf Kreuels/LAIF-REA