Roumanie

À la découverte de la Roumanie

À la découverte de la Roumanie

Aux confins de l’Europe, le Danube se prépare à tirer sa révérence tandis que les éperons rocheux servent de scène à des châteaux dramatiques. Complexe, souvent dépréciée, la Roumanie intrigue avant de fasciner.

 

Contes de Transylvanie

Qu’y a-t-il “au-delà des forêts”? Des vallées tapissées de bois où continuent de s’épanouir l’ours et le loup. De vaillants châteaux déterminés à défier les montagnes. Les nuages s’accrochent aux cimes, acteurs d’un décor nappé de brouillard. Le mythe de Dracula est né ici, quelque part entre les ruelles pavées de Sighisoara et les tourelles du château de Bran. À la fois nobles et ténébreux, les villages saxons ont ce je-ne-sais-quoi d’inspirant. Un berceau parfait pour les légendes, aussi dramatiques soient-elles. Au sud, fendant les Carpates, les lacets de la route Transfagarasan se révèlent aussi étourdissants que les paysages. La futaie laisse petit à petit place à un panorama rocailleux ponctué de cascade. Puis c’est le lac Bâlea, engoncé dans les monts Fagaras, d’une beauté hypnotique et froide.

Protégé par la muraille que forment les Carpates, le Maramures a peu craint les envahisseurs venus d’Orient – ou toute autre incursion d’ailleurs. En résulte une bulle de culture roumaine : au cœur de villages figés dans le temps, les costumes colorés dansent devant les yeux, les rapsodies locales emplissent l’air. Gardienne de traditions, la région abrite de fières églises orthodoxes en bois surmontées de flèches gothiques tandis que, plus à l’est, les monastères médiévaux de Bucovine exhibent de fantastiques programmes peints. Classés à l’Unesco, ces ensembles érigent au rang d’art la ferveur religieuse de tout un peuple.

Lavinia Cernau

 

Les braises de Bucarest

Plus que toute autre localité, la capitale porte les traces d’un XXe siècle roumain mouvementé. Elle abordait pourtant ce nouveau pan d’histoire sereinement avec l’édification de façades et parcs à la française. Puis, c’est l’effondrement : les bombardements alliés, les tremblements de terre et le communisme de Ceausescu. Avec douze étages, 5000 pièces et 365 000 mètres carrés, le palais du Parlement est à l’image de la démesure du dictateur qui l’a fait ériger. Pourtant, depuis la révolution de 1989, Bucuresti redresse la tête. Aujourd’hui, c’est une cité éclectique qui prend les visiteurs par surprise : les vestiges communistes fraient avec un capitalisme effréné; éclats de rire et effluves de bretzel s’entremêlent. La “ville de la joie” (du roumain bucur) a recouvré sa soif de vivre.

 

Le chant du Danube

Au sud, la frontière avec la Bulgarie épouse la courbe du Danube qui, après avoir sillonné l’Europe, se jette ici dans la mer Noire. Avant de se heurter aux 194 kilomètres de littoral roumain, le fleuve abreuve les plaines. C’est le delta le plus vaste du continent, un monde à part fait de marécages, de roselières et de bancs de sable. Plus de 300 espèces d’oiseaux y trouvent refuge : pélicans, ibis, cormorans, balbuzards – à qui mieux mieux. Il faut dire que le garde-manger n’a d’égal que la vue. Au couchant, le soleil irradie puis rougeoie. On est au dénouement de la journée, aux confins de l’Europe et un sentiment de plénitude prédomine.

Hotel Bethlen Estates

 

In the mood

Aussi discret que le loup et l’ours qui règnent en maîtres sur les Carpates, ce pays gagne à être apprivoisé. À Bucarest d’abord, laissez-vous saisir par les volumes brutalistes du palais du Parlement qui abritent désormais un musée d’art contemporain. Sillonnez cette capitale tranquille à vélo, dans la roue d’un francophone qui vous fera découvrir ses quartiers de prédilection. Celui de Lipscani en est un. Surnommé “le petit Paris” pour son architecture, il constitue l’essentiel de la scène culturelle où les Bucarestois se retrouvent dans les vernissages et les théâtres underground. Vous pourrez également approcher cette Bucur (“Ville de la joie”) par les papilles, sur les halles des marchés (entre tartes traditionnelles et vins locaux), mais aussi à la boutique Biscuit, confiserie réputée pour ses brioches et son lait caillé au citron. Fans d’archi, mettez le cap sur Brasov. Suivez ensuite votre oreille, jusqu’au village tzigane de Valenii, et déjeunez chez l’habitant. Puis, retrouvez votre instinct dans la forêt primaire de Strambu-Baiut.

 

Photographie de couverture : Lavinia Cernau