Slovénie

24h à Ljubljana

24h à Ljubljana

On la surnomme parfois « la petite Prague ». Ljubljana est la petite capitale d’un petit pays, niché au cœur de l’Europe centrale. Avec ses 300 000 habitants, c’est une ville à taille humaine qui vit à un rythme différent des autres capitales européennes. Capitale verte d’un pays vert, à la pointe du développement durable, elle a banni les voitures de son centre. Sur les quais, les places, le long des avenues tranquilles partagées par les piétons et les cyclistes, la végétation est omniprésente. Une journée à Ljubljana permet de découvrir son architecture médiévale, baroque et Art nouveau, ses marchés, ses terrasses et ses balades au vert, du parc Tivoli à la forêt Golovec. On est tout de suite séduit par son art de vivre, sa douceur et son humeur flâneuse.  
 

10h

Au marché

On fait comme les habitants de la ville, on flâne sur le marché. Sur la jolie place en bord de rivière, les étals rivalisent d’abondance et de fraîcheur. Sur le terre-plein central, les grands-pères vendent leur production potagère – pommes de terre, tomates anciennes, radis roses, oseille de jardin et mirabelles – en direct des jardins communautaires du quartier de Krakovo, dans le centre de Ljubljana. Ils côtoient les producteurs de la côte slovène : miel, noix, huile d’olives de Primorska, huile de pépins de courge, sels en provenance des marais salants de Secovlje… C’est un vrai marché paysan ! On passe la porte du marché couvert pour acheter salami, jambons fumés, prsut et autres Delicatessen qui fleurent bon la Mitteleuropa. Difficile de résister à l’appel de la terrasse : on s’attable pour croquer un gâteau de Prekmurje, sorte de mille-feuille de cottage cheese, pommes, noix et graines de pavots, tellement gourmand ! Ensuite, on va jusqu’au pont des Dragons : le reptile ailé est l’emblème de la ville.

 

Bryan Dijkhuizen / Unsplash.com

 

11h

Dans la vieille ville 

Dans Stari trg, le plus ancien quartier de la ville, au pied du château, les petites maisons médiévales se serrent les unes contre les autres. Leurs façades ocre ou pastel soulignent les courbes des ruelles pavées. La place principale, baptisée du nom du poète France Preseren, conjugue baroque et Art nouveau ; elle est égayée par la façade rose de l’église de l'Annonciation. À l’intérieur, l’immense plafond est orné de fresques flamboyantes, les chaires sont sculptées de bois doré et l’autel est monumental, dans la pure tradition baroque. Un peu plus loin, la rue Miklosiceva concentre quelques-uns des plus beaux édifices bâtis au début du XXe siècle, inspirés par la Sécession viennoise : le Grand Hôtel Union, la Caisse de crédit populaire. Mais il faut surtout voir l’incroyable bâtiment de la banque coopérative, attribué à l’architecte Ivan Vurnik. La façade, remarquable, est l’œuvre de l’épouse de l’architecte, Helena Vurnik – avec ses décors géométriques combinés, rouge, blanc, bleu du drapeau slovène. 

 

13h

Sur les berges de la Ljubljanica 

La rivière Ljubljanica enserre la vieille ville. On flâne sur ses berges ombragées de grands saules pleureurs et, au fil de la balade, on admire la forteresse perchée au creux d’un méandre, les églises baroques, les grandes maisons coiffées de toits de tuiles ocre, les palais opulents et les façades Art Nouveau. On traverse la rivière de pont en pont – ils sont tous piétons, comme l’ensemble du centre-ville. Partout, au bord du fleuve, des terrasses, qui ne désemplissent pas. On s’attable et on savoure un verre de cvicek, rosé frais et léger, en même temps que l’art de vivre slovène.

 

Corbett Campbell / Unsplash.com

 

15h

Le Ljubljana de Joze Plecnik

Il a édifié le marché couvert où l’on a fait emplette de salami, mais aussi des églises et des stades, des banques et des cimetières. Il a jeté des ponts au-dessus de la rivière Ljubljanica et redessiné ses berges : formé à Vienne et Prague avec Otto Wagner, l’architecte et urbaniste Joze Plecnik (1872-1957) a modelé la ville, qui lui doit une grande part de son charme. Aucune autre capitale n’a été ainsi façonnée par un seul architecte. On passe sur le Triple pont (« Tromostovje ») datant de 1842, auquel il a ajouté deux travées pour en faire son œuvre la plus emblématique. Et l’on rejoint la Bibliothèque nationale et universitaire, monumental cube moderniste de briques et de pierres, un autre de ses chefs-d’œuvre. Sa façade en briques est percée de fenêtres en forme de livres ouverts. On emprunte son large escalier de marbre noir pour rejoindre la salle de lecture inondée de lumière naturelle – ou comment passer des ténèbres de l’ignorance aux lueurs de la connaissance.  

 

17h

Sur le toit du gratte-ciel

À sa construction en 1933, le bâtiment Art nouveau connu sous le nom de Neboticnik (en français « le gratte-ciel »), conçu selon le modèle américain, était avec ses 70 mètres l’édifice le plus haut des Balkans – et avec ses ascenseurs, son système de climatisation, son chauffage central, il était à la pointe de la modernité. Aujourd’hui, il reste emblématique de la capitale slovène. On va boire un café sur son toit-terrasse pour la vue à 360° sur la ville, les toits ocre, la forteresse et les sommets des Alpes. En redescendant, on oublie l’ascenseur : l’escalier en colimaçon est magnifique.

 

blazekg /Adobe Stock

 

19h

Metelkova, un quartier culturel autonome

En plein cœur de Ljubljana, sur la rive opposée au cœur historique, l’ancien quartier général de l’armée austro-hongroise puis de l’armée nationale yougoslave, abandonné en 1990, a été réinvesti en squat dès 1993. En 1995, l’enceinte et ses sept bâtiments sont proclamés quartier autonome, dans un esprit similaire à celui qui présida à la fondation du quartier auto-géré de Christiana à Copenhague. Leurs 12 000 m² abritent aujourd’hui ateliers d’artistes et cantines véganes au sein d’un havre créatif et militant. Rock, rap, hip-hop, musique électronique : toutes les scènes alternatives slovènes s’y retrouvent pour célébrer la culture urbaine. Chaque soir de week-end, du jeudi au samedi, de concerts en live DJ, de performances en projections de films expérimentaux, on constate que malgré son air champêtre, Ljubljana n’a rien à envier aux grandes capitales de l’underground ! 

 

Par

MARION OSMONT

 

Photographie de couverture : Olivier Romano