On l’appelle " l’île sacrée ", c’est elle, le berceau de toute la civilisation de ce territoire en confettis, centre d’un triangle de dimensions folles qui va jusqu’à Hawaï au nord, en Nouvelle-Zélande à l’ouest et à l’île de Pâques à l’est. Au coeur du cœur, face à la mer, il est toujours là, et toujours puissant, le marae de Taputapuatea, en toute logique le plus grand de Polynésie, centre international du sacré, où se retrouvaient les prêtres des îles les plus lointaines. Là-haut dans la montagne, le mont Temehani est le domaine des âmes. Les anciens disent qu’autrefois, le chemin de crête se divisait en deux sentiers. Lorsque l’âme était guidée sur le chemin de gauche, elle n’avait d’autre ressource que de descendre dans le cratère de Temehani, le purgatoire. En revanche, lorsque l’âme était autorisée à aller à droite, elle rentrait dans le rohutu noanoa, le paradis aux odeurs suaves. D’ailleurs, aujourd’hui, y pousse encore le tiare apetahi, la fleur unique aux cinq pétales, qui ne pousse que sur le plateau, comme pour interdire au paradis de se transplanter.